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Dans la capitale nigériane, des écoles fermées depuis des mois à cause d’une grève des enseignants

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A Abuja, la capitale nigériane, une grève des enseignants du primaire entre dans son quatrième mois, privant des dizaines de milliers d’enfants d’éducation. Leur demande: le versement du nouveau salaire minimum, adopté il y a près d’un an mais qui n’a toujours pas été mis en œuvre.

Selon le syndicat des enseignants, cette fermeture prolongée, qui touche plus de 400 écoles à Abuja, prive de classe plus de 50.000 élèves, dans un pays où plus de vingt millions d’enfants sont déscolarisés.

Le Syndicat des enseignants du Nigeria (NUT) dans la capitale affirme qu’il ne mettra pas fin à sa grève tant que le salaire minimum national de 70.000 nairas (environ 38 euros) ne sera pas appliqué et que les salaires impayés ne seront pas réglés.

Le président Bola Tinubu a promulgué la nouvelle loi sur les salaires en juillet 2024, doublant ainsi le salaire minimum qui s’élevait à l’époque à 30.000 nairas.

Cette mesure visait à atténuer les effets de l’inflation galopante qui a suivi les réformes économiques mises en place par le gouvernement depuis l’arrivée au pouvoir de Bola Tinubu en mai 2023. En 2024, l’inflation a constamment dépassé les 30%.

Cependant, la mise en œuvre du nouveau salaire minimum a pris du retard dans tout le pays, les autorités locales étant chargées d’appliquer les augmentations salariales.

« Nous avons organisé deux grèves d’avertissement et nous en sommes actuellement à la troisième », déclare Shafas Abdullahi, dirigeant syndical, à l’AFP.

« Malgré les arguments et les promesses, le gouvernement n’a rien fait jusqu’à présent », explique-t-il.

Les enseignants reprochent à Nyesom Wike, le puissant ministre du Territoire de la capitale fédérale, qui comprend Abuja, d’être responsable de cette impasse.

De son côté, M. Wike affirme avoir approuvé les nouveaux salaires et accuse les conseils locaux de ne pas les verser.

– « Assis à la maison » –

Elisha Goni, enseignant dans une école primaire publique du quartier de Garki à Abuja, arrive à peine à joindre les deux bouts avec son salaire de 120.000 nairas (environ 65 euros), qui doit être revalorisé lorsque le nouveau salaire minimum sera appliqué.

« Je peux à peine subvenir à mes besoins, sans parler de ma famille, avec le peu que je gagne », explique M. Goni, qui vit à 50 kilomètres de son lieu de travail pour échapper aux loyers élevés du centre-ville.

« Les enseignants ne peuvent pas donner cours le ventre vide », ajoute-t-il.

À l’école primaire de la Local Education Authority (LEA), le portail grince sous le vent lorsqu’un journaliste de l’AFP entre.

Un agent de sécurité somnole sur sa chaise en bois, sa nouvelle routine depuis que les salles de classe se sont vidées au début de l’année.

« Avant, j’étais occupé à empêcher les élèves de traîner autour du portail, à aider les enseignants, à surveiller les enfants », explique cet homme de 54 ans qui se présente sous le nom d’Abdu.

« Maintenant, je dors après le petit-déjeuner jusqu’à l’heure du déjeuner, je n’ai rien d’autre à faire », se lamente-t-il.

– Éducation en crise –

Pour de nombreux élèves, cette perturbation est lourde de conséquences.

Blessing, dix ans, aurait dû préparer son examen final afin d’entrer au collège.

Au lieu de cela, elle aide sa mère à empaqueter de petits piments dans des sacs en plastique, au bord de la route, sous un soleil de plomb.

Sa mère, Mary, qui n’a donné que son prénom, dit qu’elle envisage de l’inscrire dans une école privée voisine, « même si elle est mal cotée ».

« Au moins, elle ne restera pas assise à la maison », murmure Mary, les yeux fixés sur la route très fréquentée.

Des images diffusées par la télévision locale ont montré de petites manifestations d’élèves en uniforme brandissant des pancartes et scandant qu’ils voulaient retourner à l’école.

L’une des pancartes disait : « Vous nous appelez les leaders de demain tout en fermant notre école pendant neuf semaines ».

Cette grève porte un nouveau coup à un système éducatif déjà défaillant, où des millions d’enfants ne sont pas scolarisés régulièrement, et où les adultes sont confrontés à la pire crise du coût de la vie depuis une génération.

Source : Agence France-Presse

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