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L’Afrique du Sud cherche l’équilibre entre fierté et intérêts alors que sa relation avec Washington vacille

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Depuis l’expulsion de l’ambassadeur d’Afrique du Sud par les États-Unis, les appels à Pretoria se multiplient pour sauver sa relation avec Washington et trouver un équilibre entre fierté nationale et investissements vitaux.

Les liens entre les deux pays se dégradaient depuis un moment sur une série de sujets, notamment la guerre à Gaza, mais la récente décision du président américain Donald Trump d’expulser l’ambassadeur sud-africain Ebrahim Rasool les a propulsés au plus bas.

Le gouvernement sud-africain a été critiqué pour avoir nommé M. Rasool à ce poste, car il est un partisan affirmé de la cause palestinienne – une provocation pour Washington.

Alors que Pretoria accuse Israël de génocide dans la bande de Gaza devant la Cour internationale de justice, M. Trump a répandu de fausses accusations sur un « génocide blanc » qui serait en cours en Afrique du Sud et coupé l’aide américaine au pays.

La relation avec les Etats-Unis, une « priorité » pour l’Afrique du Sud

Soulignant la position américaine, M. Trump prévoit de nommer un fervent défenseur d’Israël, L. Brent Bozell, comme ambassadeur en Afrique du Sud, selon le site du Congrès américain. Cette proposition nécessite encore l’approbation du Sénat.

Sous pression pour trouver à M. Rasool un remplaçant qui serait plus du goût des Américains, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a reconnu mardi que les enjeux de cette nomination étaient élevés.

« Les États-Unis sont le deuxième partenaire commercial de l’Afrique du Sud, donc nous avons besoin d’une représentation de premier plan aux États-Unis », a-t-il déclaré.

– « Menaces » économiques –

L’attitude de défi de M. Rasool – il a dit ne pas regretter ses propos sur le « suprémacisme » trumpiste qui ont mené à son expulsion, qu’il revendique comme un « insigne de dignité » – lui a apporté des soutiens au pays.

Donald Trump « punit l’Afrique du Sud » à cause de sa position sur le conflit à Gaza, a jugé la semaine dernière le Secrétaire général du Congrès national africain (ANC, au pouvoir), Fikile Mbalula.

« Nous n’avons aucune illusion sur les intentions de ceux qui cherchent à nous harceler jusqu’à la soumission avec des menaces de désordre économique », a écrit M. Mbalula dans le quotidien Daily Maverick.

Mais les appels se multiplient pour que Pretoria ravale sa fierté dans son propre intérêt, car des milliers d’emplois dépendent de l’aide et des investissements américains dans le pays, écrasé par un taux de chômage de 32%.

Sanctions de Trump: l’Afrique du sud dénonce « désinformation » et « propagande »

L’Afrique du Sud craint notamment d’être exclue de l’accord AGOA (African Growth and Opportunities Act), qui doit être renouvelé en septembre et donne accès à certains produits africains au marché américain sans droits de douane, et dont elle est l’un des principaux bénéficiaires.

« Il s’agit d’une relation commerciale de 25 ans qui a bénéficié à l’Afrique du Sud à hauteur de dizaines de milliards de dollars », explique Richard Morrow, analyste à la Brenthurst Foundation, un groupe de réflexion basé à Johannesburg. « Cela crée beaucoup d’inquiétude au sein du gouvernement, ce qui confère à l’administration Trump d’énormes moyens de pression ».

L’expulsion décidée par les États-Unis ne devrait pas être une surprise au vu de certains choix de politique étrangère de Pretoria, et notamment ses liens avec l’Iran, ajoute l’expert: « D’une main, l’Afrique du Sud cherche à remettre à plat ses relations avec l’Amérique, mais de l’autre main elle se tire dans le pied ».

Pour M. Morrow, la présidence va devoir trouver un nouvel ambassadeur avec moins de « bagage idéologique » que M. Rasool, et qui pourrait même être « très différent » du profit habituel.

– Diplomatie « calculée » –

Mvemba Phezo Dizolele, expert au Center for Strategic and International Studies (CSIS) à Washington, estime qu’aucun des deux pays ne peut vraiment se permettre de poursuivre l’escalade car « ils ont besoin l’un de l’autre ».

Par exemple, l’Afrique du Sud, en tant que membre des Brics – le groupe des grands pays émergents -, « a un rôle à jouer dans la défense de certains intérêts que les États-Unis pourraient avoir dans cet espace », explique-t-il.

Mais la possible nomination de l’ambassadeur américain Bozell pourrait encore renforcer l’indignation créée par l’attitude de l’administration Trump, prévient Tendai Mbanje, un expert politique basé à Pretoria.

« L’Afrique du Sud va devoir exercer une diplomatie maximale et calculée pour gérer la relation avec les États-Unis durant les quatre prochaines années », souligne-t-il.

Source: Agence France-Presse

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