L’évacuation de Gaza-ville est désormais au cœur du conflit. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, appelle les habitants à fuir ce centre urbain du territoire palestinien. L’armée intensifie son offensive, provoquant une crise humanitaire majeure et des réactions internationales.
Cette annonce intervient après que deux Palestiniens ont ouvert dans la matinée le feu sur une station d’autobus à Jérusalem-Est, tuant six Israéliens, l’une des attaques les plus meurtrières dans la ville depuis le début de la guerre à Gaza, il y a près de deux ans.
La Défense civile de Gaza, qui opère sous l’autorité du Hamas, a pour sa part fait état lundi d’au moins 39 personnes tuées dans des frappes israéliennes, dont 25 à Gaza-ville (nord).
« En deux jours, nous avons détruit 50 tours terroristes, et ce n’est que le début de l’intensification des opérations terrestres dans la ville de Gaza. Je dis aux habitants : « Vous avez été prévenus, partez maintenant ! », a déclaré M. Netanyahu.
L’armée israélienne a annoncé la mort au combat de quatre soldats dans le nord de la bande de Gaza.
L’ONU, la France, l’Allemagne, l’Union européenne et la présidence palestinienne ont condamné l’attentat. Il a eu lieu dans le secteur de la Ville sainte, occupée et annexée par Israël. Les deux auteurs ont été tués.
« C’était une scène très difficile », a témoigné Fadi Dekaidek, un infirmier, cité par les services de secours israéliens.
« Cette opération est une réponse naturelle (…) au génocide de l’occupation contre notre peuple dans la bande de Gaza », a réagi le Hamas sans revendiquer l’attaque à l’arme à feu.
– Quatrième tour détruite –
L’armée israélienne a détruit lundi une nouvelle tour d’habitation – la quatrième en trois jours – à Gaza – City, considérée comme le dernier grand bastion du Hamas. L’armée dit contrôler 40 % de l’agglomération, dont un plan approuvé en août prévoit la conquête.
Les Israéliens, qui ont appelé aux évacuations avant ces frappes, accusent le Hamas d’utiliser ces bâtiments pour opérer, ce que nie le mouvement islamiste palestinien.
Des images de l’AFP montrent des panaches de fumée s’élevant dans le ciel avant que l’édifice ne s’effondre au sol.
« Ils font tout cela pour nous déplacer. Nous avons peur de partir, on est incapables de partir ! Il n’y a pas de place pour nous dans le Sud et on n’a pas d’argent », s’indigne une habitante, Oum Ahmed.
À l’hôpital Al-Chifa de la ville, des Palestiniens ont pleuré plus tôt leurs proches tués, dans des raids ayant touché des tentes de déplacés, selon des images de l’AFP.
Deux femmes sanglotent près des corps de deux fillettes. Plus loin, un homme caresse le visage de son bébé d’un an. L’enfant repose dans un linceul blanc.
Les médias rencontrent de fortes restrictions à Gaza. L’accès au terrain reste difficile. L’AFP ne peut pas vérifier de manière indépendante les bilans de la Défense civile ni les déclarations de l’armée.
– « Anéantis » –
Une source palestinienne proche du Hamas a confirmé des échanges avec les États-Unis. Le mouvement a reçu « quelques idées » pour parvenir à un cessez-le-feu. Ces propositions reprennent les grandes lignes des précédents accords. Elles incluent une trêve et la libération des otages du 7 octobre, toujours retenus à Gaza.
Israël et Washington ont tous sommé le Hamas de libérer ces captifs.
Lundi, le ministre de la Défense Israël Katz a lancé un avertissement au Hamas. « Ceci est un dernier avertissement : libérez les otages et déposez les armes, ou Gaza sera détruite et vous serez anéantis », a-t-il déclaré.
Dimanche, Donald Trump a affirmé que les Israéliens ont accepté ses conditions. Il a appelé le Hamas à faire de même. Il a prévenu le mouvement des conséquences en cas de refus. « Ceci est mon dernier avertissement, il n’y en aura pas d’autre ! », a-t-il déclaré.
Le Hamas a lancé une attaque sans précédent contre Israël le 7 octobre 2023. Cette offensive a déclenché la guerre. Depuis, le mouvement affirme qu’il reste ouvert aux négociations. Il exige une déclaration claire de fin de guerre et un retrait total des forces israéliennes de Gaza.
Israël rejette ces exigences. Le gouvernement veut détruire le Hamas. Il cherche aussi à contrôler la sécurité sur l’ensemble du territoire palestinien.
– Tension entre Madrid et Jérusalem –
La tension entre Israël et plusieurs pays européens s’est intensifiée. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a annoncé des mesures pour « mettre un terme au génocide à Gaza ». Cette déclaration a provoqué une vive réaction du gouvernement israélien.
Madrid a annoncé le rappel pour consultations de son ambassadrice à Tel Aviv.
Le ministre israélien des Affaires étrangères a accusé Pedro Sánchez et ses ministres. Selon lui, ils ont justifié le massacre du 7 octobre. Il affirme qu’ils soutiennent depuis longtemps le Hamas.
L’attaque du 7 octobre a tué 1 219 personnes en Israël. La majorité des victimes étaient des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. L’armée israélienne affirme que 47 captifs sont encore retenus à Gaza. Parmi eux, 25 seraient morts. Au total, 251 personnes ont été enlevées lors de l’attaque.
L’armée israélienne a lancé une offensive de représailles. Elle a causé au moins 64 522 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas. L’ONU juge ces chiffres fiables.
Source : Agence France-Presse