Vendredi, un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est entré en vigueur dans la bande de Gaza. Aussitôt, des dizaines de milliers de déplacés ont entamé leur retour à travers un territoire ravagé par deux ans de guerre.
Benjamin Netanyahu espère un « jour de joie nationale » dès lundi soir. Le Premier ministre israélien souhaite célébrer le retour de tous les otages retenus à Gaza.
– Le retour dans les ruines, entre espoir et douleur –
À 09h00 GMT, l’armée israélienne a annoncé l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Aussitôt, des milliers de déplacés ont repris la route vers le nord de Gaza. D’autres sont retournés dans les ruines de leurs maisons à Khan Younès, dans le sud, selon des images de l’AFP.
« Cela fait deux ans que nous sommes déplacés, vivant sur les trottoirs, sans abri ni endroit où loger… Je veux juste rentrer chez moi. Si Dieu le veut, les choses s’amélioreront et la trêve durera », a déclaré à l’AFP Areej Abou Saadaeh, une Gazaouie de 53 ans, à Khan Younès (sud).
« Nous rentrons chez nous malgré les destructions, le siège et la douleur. Nous sommes heureux même si nous retournons dans des ruines », a dit Amir Abou Iyadeh, 32 ans, aussi rencontré dans le sud du territoire avant sa remontée de l’enclave.
Environ 200 000 personnes sont retournées dans le nord de Gaza vendredi. C’est ce qu’a indiqué la Défense civile, évoquant un mouvement massif vers les zones d’origine.
L’armée israélienne annonce le repositionnement de ses troupes dans plusieurs secteurs de Gaza. Ce redéploiement intervient dans un territoire ravagé par la guerre, déclenchée par l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Mais elle a averti que plusieurs zones restaient « extrêmement dangereuses » pour la population civile.
À travers la bande de Gaza, des secouristes ont profité vendredi du cessez-le-feu pour fouiller les décombres.À Gaza City, 63 corps ont été retrouvés et acheminés vers l’hôpital. C’est ce qu’a déclaré Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile locale.
– Accès aux correspondants ? –
Dès le début du cessez-le-feu, la FPA à Jérusalem a exigé un accès immédiat et indépendant à Gaza. L’association, qui regroupe les reporters des grands médias internationaux, réclame une couverture libre des événements sur le terrain. Depuis deux ans, Israël restreint l’accès à ce territoire aux correspondants étrangers.
Le cessez-le-feu et la libération des otages font partie d’un accord conclu jeudi. Cet accord résulte de quatre jours de négociations indirectes en Égypte entre le Hamas et Israël, menées par des médiateurs internationaux, dont les États-Unis.
L’accord validé par Israël repose sur le plan Trump, dévoilé fin septembre. Ce plan vise à mettre fin à la guerre en plusieurs étapes, selon la feuille de route américaine.
– Trump au Moyen-Orient –
Lors de cette première phase, l’armée israélienne maintiendra son contrôle sur 53 % de la bande de Gaza. C’est ce qu’a déclaré le gouvernement israélien, en précisant que le retrait reste partiel.
L’armée américaine confirme le retrait israélien jusqu’à la « ligne jaune », comme prévu par le plan Trump. Selon l’émissaire Steve Witkoff, la période de 72 heures pour la libération des otages est désormais enclenchée.
Jeudi, le président américain a affirmé qu’il prévoyait de se rendre dimanche au Moyen-Orient. « Les otages rentreront lundi ou mardi. Je serai probablement là. Nous prévoyons de partir dimanche. »
Sur les 48 otages recensés, 20 sont vivants et 28 décédés. Parmi eux, 47 ont été enlevés lors de l’attaque du 7 octobre. Le dernier est un soldat tué en 2014, dont le Hamas détient la dépouille, selon M. Netanyahu.
En échange des otages, Israël doit libérer 250 détenus jugés sensibles pour la sécurité. Parmi eux figurent de nombreux condamnés, ainsi que 1 700 Palestiniens arrêtés à Gaza depuis octobre 2023.
Vendredi, Israël a publié la liste des 250 prisonniers concernés. Aucun des détenus majeurs réclamés par le Hamas, comme Marwan Barghouthi, n’y figure.
– Divergences –
L’accord conclu en Égypte s’inscrit dans le plan Trump en 20 points. Le plan Trump prévoit un cessez-le-feu, la libération des otages et un retrait israélien par étapes. Il impose aussi le désarmement du Hamas et la mise en place d’une autorité de transition composée de technocrates, supervisée par un comité dirigé par Donald Trump.
Berlin, Londres et Paris appellent le Conseil de sécurité à soutenir pleinement le plan pour Gaza. Dans un communiqué commun publié vendredi, les trois capitales exhortent l’ONU à agir.
La deuxième phase du plan Trump cristallise les tensions entre Israël et le Hamas. Elle prévoit le désarmement du mouvement islamiste, l’exil de ses combattants et le retrait progressif d’Israël de Gaza.
Le Hamas n’a pas réagi à l’appel à son désarmement et réclame le retrait total israélien de Gaza. Israël exige le désarmement du Hamas. En parallèle, l’État hébreu affirme vouloir maintenir son armée sur la majeure partie du territoire palestinien.
L’attaque du 7 octobre a tué 1 219 personnes. La majorité des victimes était des civils. Ce bilan, établi par l’AFP, repose sur des données officielles.
Israël a riposté par une campagne militaire à Gaza. Selon le ministère de la Santé du Hamas, cette opération a causé plus de 67 194 morts, majoritairement des civils. En conséquence, la région subit un désastre humanitaire sans précédent.
Source: Agence France-Presse