La démission d’Issa Tchiroma Bakary du gouvernement, suivie de sa candidature à la présidentielle d’octobre 2025, fait l’effet d’un séisme politique. Après plus de vingt ans de loyauté bruyante, son revirement suscite surprise, scepticisme et colère.
Ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Issa Tchiroma tourne définitivement le dos au régime de Paul Biya. Pour certains, cette rupture tardive est une imposture. Le journaliste Bruno Bidjang ne mâche pas ses mots : « Vous voilà subitement frappé par une illumination démocratique. Mais le peuple camerounais a de la mémoire ». Il fustige un opportunisme électoral, parlant même de « parasite » et d’« opposant de la 25ème heure ».
Une réaction qui choque l’artiste Koppo, qui défend l’homme plus que la démarche : « Tu es allé jusqu’à le traiter de parasite ? Tu abuses. Il a fait un choix. Il n’a tué personne. On est chez les Bantou, qui te donne le droit d’insulter un aîné? Un père ! Fais gaffe Mone Modjang, il y a un autre Cameroun demain, pourras tu y marcher librement dans les rues?».
Présidentielle 2025 : Issa Tchiroma Bakary entre dans l’arène
« Issa Tchiroma est également responsable du bilan du Rdpc »
Chez les politiques, la fracture est nette. L’ancienne présidente de l’Afp, Alice Sadio, salue néanmoins le départ d’Issa Tchiroma du camp présidentiel : « Moi, j’applaudis toute dénonciation de la candidature de Paul Biya, surtout si cela s’accompagne d’une rupture actée ». Elle y voit une opportunité de libérer le débat.
Mais dans les rangs du Rdpc, la trahison est amère. Pour Hamadou Oumara, militant du parti au pouvoir, « Issa Tchiroma est également responsable du bilan du Rdpc en 43 ans de règne ». Même tonalité chez Hervé Emmanuel Nkom, cadre de ca parti : « Il lui a fallu vingt ans pour se rendre compte qu’il n’était pas heureux ? On verra s’il fait mieux seul ».
Quant à la célèbre créatrice digitale, Coach Blonde, elle lance un coup de grâce idéologique : « À quel moment vous êtes-vous dit que nous pouvions accepter votre candidature ? Le peuple n’a pas besoin d’un costume neuf sur un corps ancien. Votre candidature est comme la récidive d’un viol. Comme si on nous forçait à pardonner à notre agresseur. C’est un syndrome de Stockholm sadomasochiste que vous tentez d’installer. Vous avez 75 ans. Apprenez à prendre la retraite, chers princes ».
Entre rejet violent et soutien mesuré, Tchiroma se retrouve actuellement au cœur d’une tempête. Son choix, quoi qu’on en dise, fait bouger les lignes. Reste à savoir s’il incarnera le renouveau ou alors les vestiges d’un passé difficile à oublier. Seul le temps nous le dira.