Le blocage d’internet et des télécommunications, imposé depuis lundi par les autorités afghanes, est une arme de plus en plus utilisée, généralement dans le but d’étouffer des contestations ou d’invisibiliser des conflits.
L’organisation de défense des droits numériques Access Now a recensé 296 coupures volontaires d’internet dans 54 pays en 2024, un record. Dans le détail, 103 coupures étaient liées à des conflits, 74 à des mouvements de protestation, 16 ont été décidées pour empêcher la triche aux examens, 12 en période d’élections.
C’est en Birmanie (85 coupures), en Inde (84) et au Pakistan (21) qu’ont été comptabilisées le plus de coupures.
Voici des exemples marquants de blackouts ces dernières années :
Au Soudan depuis 2023
Depuis avril 2023 et le début du conflit au Soudan entre armée et paramilitaires, les deux camps utilisent régulièrement les coupures des télécommunications comme armes de guerre.
Début 2024, par exemple, une coupure à l’échelle nationale a affecté près de 30 millions de Soudanais pendant plus d’un mois, selon des organisations humanitaires et de défense des droits humains.
Au Darfour (ouest), internet reste largement inaccessible encore aujourd’hui.
Au Tigré depuis 2020
En novembre 2020, les réseaux internet et téléphoniques sont coupés au Tigré, dans le nord de l’Éthiopie, alors qu’est menée une opération militaire dans cette région dissidente. L’origine de la coupure n’est pas établie avec certitude.
Les connexions internet sont progressivement rétablies à partir de fin 2022, mais des perturbations subsistent encore aujourd’hui.
En Birmanie depuis 2019
La Birmanie a imposé pendant 19 mois, de juin 2019 à février 2021, une coupure totale d’internet dans les États de Chin et de Rakhine (nord), une zone de conflit ethnique, sous l’autorité du gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi.
Internet est rétabli le 3 février 2021, au surlendemain d’un coup d’État militaire qui a renversé Aung San Suu Kyi.
Mais le nouveau pouvoir militaire utilise les mêmes armes numériques, en imposant le même mois des blackouts d’internet dans tout le pays. Depuis le putsch de 2021, le groupe militant Myanmar Internet Project (MIP) a recensé plus de 400 coupures d’internet régionales dans ce qu’il qualifie de « coup d’État numérique ».
– Au Cachemire en 2019 –
L’Inde impose le 4 août 2019 une coupure totale d’internet dans la région du Cachemire, pour éviter tout soulèvement au moment de la révocation par New Delhi de l’autonomie constitutionnelle de la région. Au fil des mois, les restrictions d’internet et des télécommunications fluctuent, jusqu’à un rétablissement complet de la 4G en février 2021.
Selon le site indien Internet Shutdowns, cette séquence de restriction d’internet aura duré 552 jours.
En Iran en 2019
En Iran, où les réseaux internet local et mondial sont séparés, les autorités ont coupé pendant une semaine en novembre 2019 la connexion au reste du monde, pendant un mouvement de manifestations violentes déclenchées par une hausse du prix de l’essence en pleine crise économique.
Mais même en l’absence de blocage, internet en Iran fait l’objet de restrictions drastiques, notamment à l’encontre de la messagerie WhatsApp et du réseau social Instagram.
Des coupures ciblées
Comme en Iran, les autorités d’autres pays imposent parfois des restrictions ciblées, affectant seulement certains sites ou services.
Par exemple, le Népal a bloqué début septembre des dizaines de réseaux sociaux, une décision qui a provoqué des émeutes antigouvernementales réprimées dans le sang. Ils ont depuis été rétablis.
Autre exemple : en mai dernier, la Tanzanie a bloqué l’accès à X (anciennement Twitter), officiellement en raison de la diffusion de « pornographie » et d' »homosexualité » sur le réseau social, deux semaines après le piratage de comptes officiels liés au gouvernement.
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