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Drones russes en Pologne: le défi de la défense anti-aérienne de l’Otan

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Trans Afrique

L’attaque de drones russes en Pologne dans la nuit de mardi à mercredi a mis à l’épreuve la défense antiaérienne du flanc est de l’Otan. En abattant au moins trois appareils, l’Alliance peut revendiquer une réussite tactique, mais aussi nourrir de sérieuses inquiétudes.

– Au moins trois drones sur une vingtaine –

Les alliés ont annoncé avoir abattu au moins 3 drones sur la vingtaine détectée dans le ciel polonais. Une faible proportion, mais les militaires interrogés par l’AFP expliquent que le dispositif de « défense aérienne et antimissile intégrée de l’Otan » (Nato IAMD) a bien fonctionné.

« Cette posture a montré toute son efficacité », assure le porte-parole de l’état-major des Armées françaises, le colonel Guillaume Vernet.

« Tous les drones qui ont été identifiés comme une menace ont été abattus », renchérit une source militaire européenne.

Mais politiquement, l’équation est plus complexe. « Les défenses antiaériennes de l’Europe et de l’OTAN ont fonctionné mais pas aussi bien qu’elles auraient dû pour empêcher la pénétration d’un aussi grand nombre de drones », a déploré le chancelier allemand Friedrich Merz.

Avec ces interceptions, « l’Otan a passé un test de résistance, sur le temps de réaction, les appareils, les munitions », selon Igor Delanoë, directeur adjoint de l’observatoire franco-russe, mais « à Moscou, dans les commentaires publics, on relève notamment le coût élevé de ces interceptions pour des drones qui ne coûtaient pas grand chose ».

– Bulles de protection –

Protéger un espace aérien ne revient pas à bâtir un mur. Il s’agit de défendre des points stratégiques — armée en campagne ou ville — grâce à des bulles de protection. Tout missile ou aéronef qui entre doit être intercepté par la défense sol-air.

Le système américain Patriot intercepte les avions à plus de 100 km. Contre les missiles balistiques, sa portée tombe à une vingtaine de kilomètres. Le SAMP/T franco-italien offre des performances comparables.

“Aucun pays ne peut se protéger à 100 % contre les missiles et les drones”, affirme Yuriy Ignat, colonel de l’armée de l’Air ukrainienne. Selon lui, la taille des grands pays, comme l’Ukraine, rend cette défense impossible.

« Pour cette raison, les infrastructures sont protégées localement » et Kiev est couverte par différentes « couches de défense aérienne », ajoute-t-il.

“On crée des bulles et on chasse dans les interstices”, résume une source militaire européenne. C’est la stratégie adoptée face aux drones russes, avec les F-35 néerlandais et les F-16 polonais mobilisés.

– Une défense en couches –

Il existe plusieurs types de systèmes de défense sol-air en fonction des différentes menaces à contrer. Face aux drones, les États renouent avec les canons antiaériens de quelques kilomètres de portée, dont les munitions sont infiniment moins chères que les missiles.

Contre les avions, il y a tout un éventail de missiles, allant du lanceur portatif de quelques kilomètres de portée aux Patriot ou aux SAMP/T, tirant des missiles à plusieurs millions d’euros l’unité.

Face aux missiles de croisière, les Ukrainiens déploient aussi leurs F-16 et Mirage 2000. Mais les défenses peinent à intercepter les missiles supersoniques, bien plus rapides.

La défense aérienne repose sur des radars terrestres et embarqués. Ces capteurs sont reliés à des systèmes antiaériens ou à des avions chargés d’intercepter les menaces.

– Des systèmes inadaptés?

Aujourd’hui, les armées peinent à contrer les vagues de drones bon marché et les missiles hypervéloces. Ces menaces prolifèrent sur le champ de bataille. Les systèmes actuels ne suffisent plus.

« Imaginez un gardien de but face à dix attaquants fonçant sur lui avec dix ballons chacun. Combien en arrêtera-t-il ? Deux à quatre ? Il ne faut pas s’attendre à ce que tout soit stoppé. C’est impossible », résume le colonel ukrainien Ignat, dont l’armée est pourtant en pointe dans la défense antiaérienne.

Depuis la fin de la guerre froide, la plupart des pays européens ont sous-investi dans la défense antiaérienne. Leurs systèmes restent trop coûteux pour être utilisés systématiquement contre des drones. Le défi est immense.

Mercredi, un missile Sidewinder a abattu un drone Gueran en Pologne. Selon une source militaire citée par l’AFP, le missile coûte plusieurs centaines de milliers de dollars, contre quelques dizaines de milliers pour le drone.

En juin, le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a appelé à quadrupler les capacités en défense antiaérienne et antimissile. Selon lui, une hausse de 400 % est nécessaire pour répondre aux menaces actuelles.

L’Europe ne dispose pas de défenses aériennes intégrées (IAMD) capables de couvrir l’ensemble des menaces. Des systèmes performants sont en service, mais en trop faible nombre, confirme le centre IISS dans un rapport récent.

“Les systèmes de défense antiaérienne actuels ciblent les avions, pas les drones”, résume un haut gradé occidental. Selon lui, l’OTAN cherche des solutions efficaces et abordables.

Source : Agence France-Presse

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