Rappel de quelques précédents cas d’annulation d’élections présidentielles depuis vingt ans, après la décision de la Cour constitutionnelle de Roumanie d’annuler le scrutin présidentiel, sur fond de suspicions d’interférence russe en faveur du candidat d’extrême droite.
– 2023: Gabon –
Le 30 août, une heure après l’annonce officielle de l’élection d’Ali Bongo Ondimba à son troisième mandat depuis 2009, une junte militaire annonce l’annulation des élections générales du 26 août, dénonçant un scrutin frauduleux.
Ce putsch militaire met fin à 55 ans de règne de la famille Bongo. Le nouvel homme fort du pays, le général Brice Oligui Nguema, a promis de rendre le pouvoir aux civils au terme d’un processus de transition.
Après l’adoption d’une nouvelle Constitution le 16 novembre 2024, une élection présidentielle est prévue en août 2025.
– 2020: Malawi –
Le 3 février, la Cour constitutionnelle annule la réélection en mai 2019 du président sortant Peter Mutharika, au pouvoir depuis 2014. En cause: les « irrégularités généralisées et systématiques » du scrutin.
Pendant plusieurs mois, les partisans du chef de l’opposition Lazarus Chakwera étaient descendus dans la rue pour obtenir l’annulation de l’élection, des manifestations théâtre de violences avec les forces de l’ordre.
Organisé le 23 juin 2020, le nouveau scrutin est remporté par Lazarus Chakwera. Le parti du président sortant exige une nouvelle annulation de l’élection, faisant état d’intimidations et de violence contre ses scrutateurs. Mais ces allégations sont rejetées par la Commission électorale.
– 2019: Bolivie –
En octobre, Evo Morales se proclame vainqueur de la présidentielle pour un 4ème mandat, mais l’opposition crie à la fraude.
Après des semaines de manifestations et son lâchage par l’armée, il démissionne le 10 novembre puis fuit la Bolivie, dénonçant un « coup d’Etat ».
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Le 24 novembre, le scrutin contesté est annulé. Une nouvelle présidentielle, d’abord prévue en mai 2020, est repoussée au 18 octobre, à cause de la pandémie de Covid-19.
Evo Morales est empêché d’être lui-même candidat pour un nouveau mandat. Son dauphin de l’époque, Luis Arce, l’emporte dès le premier tour.
– 2017: Kenya –
Le 1er septembre, la Cour suprême, saisie par l’opposition, ordonne la tenue d’une nouvelle présidentielle, déclarant « invalide » le résultat du scrutin du 8 août à l’issue duquel le sortant Uhuru Kenyatta avait été proclamé vainqueur.
Le 26 octobre, Uhuru Kenyatta remporte (98,26%) la présidentielle, boycottée par son principal opposant, Raila Odinga.
En novembre, la Cour suprême rejette les deux recours demandant l’invalidation du scrutin.
– 2016: Autriche –
En juillet 2016, la Cour constitutionnelle invalide la présidentielle remportée le 22 mai par l’écologiste Alexander Van der Bellen, mais entachée d’irrégularités formelles.
Elle fait ainsi droit au recours du parti d’extrême droite FPÖ.
Ni fraude, ni manipulation du scrutin n’ont été constatées, mais une accumulation de négligences dans le dépouillement des bulletins.
Une nouvelle présidentielle est organisée le 4 décembre, et Van der Bellen l’emporte avec 53,8% des voix contre le candidat FPÖ, Norbert Hofer.
– 2016: Haïti –
En juin 2016, les autorités annulent le premier tour du scrutin présidentiel, tenu le 25 octobre 2015. Le candidat du pouvoir Jovenel Moïse avait devancé Jude Célestin, un résultat largement contesté par l’opposition.
La commission de vérification électorale avait recommandé que le processus électoral soit « repris à zéro » en raison de « fraudes massives ».
Le 20 novembre, lors d’un nouveau scrutin, Jovenel Moïse est élu dès le premier tour avec 55,60% des suffrages. Les résultats, de nouveau contestés par ses opposants, seront confirmés en janvier 2017.
– 2013: Maldives –
Le 7 octobre 2013, le premier tour de la présidentielle du 7 septembre, qui a vu arriver largement en tête l’ex-chef de l’Etat Mohamed Nasheed (45,45%), est annulé par la Cour suprême après une plainte à propos d’irrégularités sur une liste électorale.
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Le premier tour de la nouvelle élection, organisé le 9 novembre, place largement en tête M. Nasheed, avec 47% des voix.
Mais au second tour, il est battu par Abdulla Yameen.
– 2004: Ukraine –
En décembre, la Cour suprême annule la présidentielle du 21 novembre, remportée par le Premier ministre pro-russe Viktor Ianoukovitch.
Le scrutin entaché de fraudes avait soulevé une vague de contestation sans précédent baptisée Révolution orange.
Un nouveau second tour est organisé le 26 décembre, remporté par le candidat de l’opposition, Viktor Iouchtchenko.
– 2003: Serbie –
D’octobre 2002 à novembre 2003, trois scrutins présidentiels sont invalidés en Serbie en raison d’un taux de participation inférieur au 50% alors requis par la loi électorale.
En juin 2004, après la suppression de cette disposition, le réformiste et pro-européen Boris Tadic remporte la présidentielle face à son adversaire ultranationaliste Tomislav Nikolic.
Source: Agence France-Presse
















