Le veto américain à l’ONU ravive les tensions autour du conflit à Gaza. Jeudi, Washington a bloqué une nouvelle résolution du Conseil de sécurité. Le texte réclamait un cessez-le-feu et un accès humanitaire immédiat. Plusieurs États membres ont exprimé leur colère. Ils refusent de renoncer à leur influence sur ce dossier. Les vétos répétés alimentent les divisions au sein de l’organe onusien.
C’est un « moment sombre » pour ce Conseil, a déploré l’ambassadeur pakistanais Asim Iftikhar Ahmad. « Le monde regarde. Les pleurs des enfants devraient nous percer le cœur, l’angoisse des mères devrait secouer notre conscience », a-t-il ajouté, promettant de « continuer à agir, à parler ».
« Pardonnez-nous parce que ce Conseil n’a pas pu sauver vos enfants », a lancé de son côté l’ambassadeur algérien Amar Bendjama à destination de la population de Gaza. « Pardonnez-nous parce que le monde parle des droits mais nie les vôtres, à vous Palestiniens. »
La majorité des membres du Conseil exprime une frustration croissante. Ils dénoncent l’incapacité à faire pression sur Israël. Leur objectif est de mettre fin au calvaire des civils à Gaza. Les appels à un cessez-le-feu restent sans effet concret. Cette impasse alimente les tensions au sein de l’ONU.
– Blocage au Conseil de sécurité –
Les dix membres élus du Conseil ont lancé des discussions fin août. Ils réagissaient à la déclaration officielle de famine par l’ONU. Cette famine touche le territoire palestinien ravagé par la guerre. Le conflit est mené par Israël depuis près de deux ans. Le projet de résolution visait à répondre à l’urgence humanitaire.
Une première version du texte exigeait principalement la levée immédiate de toutes les entraves à l’entrée de l’aide.
Des sources diplomatiques évoquent des réserves exprimées par plusieurs pays. La France, le Royaume-Uni et la Russie étaient dubitatifs. Ils questionnent l’intérêt d’une résolution uniquement humanitaire. Le Conseil de sécurité est censé garantir la paix et la sécurité mondiale. Selon eux, le texte risquait de toute façon un veto américain. Ces tensions reflètent les divisions persistantes au sein de l’organe onusien.
Le projet a été bloqué jeudi au Conseil de sécurité. Quatorze pays ont voté pour, un seul contre. Le texte demandait la fin des restrictions à l’aide humanitaire. Il exigeait aussi un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent à Gaza. La libération immédiate et inconditionnelle des otages figurait également dans la résolution. Ce blocage relance les tensions diplomatiques autour du conflit.
– « Échec humain » –
Les États-Unis ont rejeté ce message à plusieurs reprises. La dernière fois, c’était en juin. Ils ont de nouveau utilisé leur droit de veto au Conseil de sécurité. Washington souhaitait protéger son allié israélien. Cette position suscite des critiques au sein de la communauté internationale.
La diplomate américaine Morgan Ortagus a réagi à la résolution. Elle estime qu’elle ne reflète pas la réalité sur le terrain. Selon elle, le flux d’aide humanitaire a fortement augmenté. La position américaine souligne les efforts logistiques déployés. Le débat reste vif au sein du Conseil de sécurité.
Le projet de texte ne « présentait pas de condamnation du Hamas », a dénoncé de son côté l’ambassadeur israélien Danny Danon. « Ce n’est pas de la diplomatie, c’est une capitulation », a-t-il ajouté.
Pourquoi le reste du Conseil s’est-il lancé dans cette nouvelle tentative vouée au même résultat ?
– L’ONU face à l’urgence humanitaire –
L’ambassadrice danoise Christina Markus Lassen s’est exprimée avant le vote. Elle souhaite envoyer un message clair du Conseil de sécurité. Selon elle, l’ONU ne doit pas tourner le dos aux civils qui meurent de faim. Elle évoque aussi les otages et l’urgence d’un cessez-le-feu. Son intervention souligne la gravité de la situation à Gaza.
« Une génération risque d’être perdue, pas seulement à cause de la guerre mais aussi de la faim et du désespoir (…) C’est cette situation humanitaire catastrophique, cet échec humanitaire et humain qui nous a forcés à agir aujourd’hui », a-t-elle ajouté.
Israël subit une pression internationale croissante. La communauté mondiale appelle à la fin de la guerre à Gaza. Le conflit a été déclenché par l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Cette offensive, menée sur le sol israélien, est jugée sans précédent. Depuis, Gaza est ravagée par des opérations militaires intensives.
Une question qui sera au cœur du sommet annuel de l’ONU la semaine prochaine à New York.
Israël a bloqué l’accès à Gaza pendant plus de deux mois et demi. Depuis mi-mai, il autorise à nouveau l’entrée de camions humanitaires. Seule une quantité limitée de véhicules de l’ONU est admise. L’organisation dénonce des volumes largement insuffisants. La situation humanitaire reste critique dans l’enclave palestinienne.
Pour la première fois, une commission internationale accuse Israël. Elle a été mandatée par l’ONU, sans parler en son nom. L’accusation porte sur un « génocide » à Gaza depuis octobre 2023. Selon le rapport, Israël aurait l’intention de « détruire » les Palestiniens. Cette déclaration suscite une vive réaction diplomatique.
Source : Agence France-Presse