La « riviera » de Trump à Gaza devrait être pour les Gazaouis, selon une ministre palestinienne

L’idée du président américain Donald Trump de reconstruire la bande de Gaza ravagée par la guerre en une « riviera » huppée est inacceptable à moins qu’elle soit destinée à héberger les Gazaouis eux-mêmes, a déclaré vendredi une ministre palestinienne.

« C’est très bien de reconstruire Gaza en une riviera – mais avec ses habitants dedans », a dit la ministre d’Etat palestinienne des Affaires étrangères Varsen Aghabekian.

La vision de M. Trump pour Gaza implique la prise de contrôle par les Etats-Unis du territoire palestinien occupé, le déplacement forcé de ses habitants palestiniens et la transformation de la zone dévastée par le conflit avec Israël en une « riviera du Moyen-Orient » pour les « gens du monde ».

Mme Aghabekian a souligné que déplacer les Gazaouis ailleurs était « inacceptable, en tout cas ».

L’accord de trêve à Gaza doit tenir, dit l’ONU avant la fin de la première phase

« Faites-en une riviera », a-t-elle ajouté, « mais pour ses habitants, qui souffrent depuis si longtemps et méritent que leur endroit devienne une riviera plutôt qu’un lieu assiégé qui sent la mort ».

Varsen Aghabekian s’exprimait devant la presse à Genève (Suisse) lors d’une visite au Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

Elle a estimé qu’une « évolution naturelle » serait que l’Autorité palestinienne dont elle dépend prenne le contrôle de Gaza, à la place du groupe islamiste Hamas.

« Les intérêts nationaux palestiniens devraient primer sur tous les intérêts des factions », a-t-elle jugé. « Gaza serait gouvernée par l’autorité légitime de l’Etat de Palestine et son bras, le gouvernement. C’est ainsi que nous voyons l’avenir de Gaza. »

Le Hamas a appelé vendredi « à faire pression » sur Israël pour faire commencer la deuxième phase de l’accord de trêve à Gaza, qui doit commencer dimanche mais dont la mise en oeuvre est incertaine.

Le fragile cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 janvier, « doit être préservé à tout prix », a plaidé Mme Aghabekian.

Le cessez-le-feu a entraîné la libération d’Israéliens otages du Hamas à Gaza, et de Palestiniens prisonniers d’Israël.

Mme Aghabekian a déclaré que les otages – les Israéliens ont été libérés par le Hamas lors de cérémonies élaborées – devaient être traités avec respect.

« Nous espérons qu’il n’y aura plus de telles exhibitions et parades à l’avenir et que la libération du reste des otages et le passage à la deuxième phase (de l’accord de trêve) se passeront bien », a-t-elle dit.

Quelle est la prochaine étape pour le cessez-le-feu à Gaza?

Des centaines de Palestiniens, pour certains détenus depuis des années dans des prisons israéliennes, ont été libérés en Cisjordanie en vertu de l’accord de trêve.

« Ces gens ont un grand besoin de réhabilitation. Ils doivent s’intégrer dans une société qui vacille et souffre déjà, il y a donc beaucoup de sujets d’inquiétude », a reconnu la ministre.

L’armée israélienne a lancé une grande offensive contre ce qu’elle dit être des militants palestiniens en Cisjordanie il y a plus d’un mois. Il s’agit de la plus longue opération militaire dans ce territoire palestinien occupé en 20 ans.

« La situation en Cisjordanie est extrêmement instable », selon Mme Aghabekian. « Ce dont on nous menace est une +gazaïsation+ de la Cisjordanie, ce qui signifie que les gens craignent que le modèle de ce qui a été infligé à la bande de Gaza – les attaques génocidaires, atroces, cruelles – soit reproduit en Cisjordanie ».

Le 7 octobre 2023, une attaque du Hamas contre Israël avait entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes et incluant les otages morts en captivité.

L’offensive israélienne menée en représailles dans la bande de Gaza a fait au moins 48.319 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

Source: Agence France-Presse

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