La taxe audiovisuelle instaurée au Cameroun il y a plus trente ans, continue d’alimenter les débats. Certains n’hésitent pas à parler du vol. Dans une analyse froide, le journaliste Hilaire Ngoualeu Ham Ekoue remet le sujet sur la table. Voici ce qu’il nous dit.
« Créée à l’époque du monopole d’État sur les médias. La taxe audiovisuelle continue d’être prélevée à la source sur les revenus des Kamerunais. Pourtant, en 2025, l’ère est au pluralisme médiatique, et l’unique chaîne censée être financée par cette taxe est souvent inaccessible… sauf à ceux qui paient un abonnement numérique. Une absurdité fiscale devenue une injustice républicaine.
Il y a plus de trente ans, l’État Kamerunais, dans une logique d’organisation centralisée de l’information. Décidait par la loi de finances d’instaurer une taxe sur l’audiovisuel. Objectif : assurer le financement de la radio et de la télévision publiques, à l’époque uniques canaux d’information de son. Et d’image pour l’éducation du peuple.
Un organe de propagande du régime
Mais depuis, le paysage audiovisuel a changé. Des dizaines de radios et télévisions privées ont vu le jour. Internet a tout bouleversé. Le citoyen a désormais le choix — ou du moins il le croit. Car pendant que le pluralisme médiatique s’installe, l’État continue à collecter une taxe. Pour financer un média public devenu, dans l’esprit de beaucoup, un organe de propagande du régime.
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Et le pire dans tout ça ? Ce média public, payé avec l’argent de tous, n’est même pas accessible à tous. Il faut être abonné à un bouquet satellite pour capter la CRTV dans de nombreuses zones du pays. Autrement dit, le citoyen paie deux fois : une première par la retenue fiscale. Et une deuxième fois à travers un abonnement à Canal+, Startimes ou New World.
C’est du vol
Ce double prélèvement sans garantie de service constitue une rupture du pacte fiscal. Et un mépris du droit d’accès équitable à l’information publique.
À l’heure où chaque franc compte, maintenir cette taxe sans réforme, sans redistribution, sans accès garanti à la télévision publique. Relève d’un détournement institutionnalisé. La redevance audiovisuelle ne peut continuer à être une dîme imposée à tous pour un service dont seuls quelques-uns bénéficient. Il est temps que le contribuable voie ce pour quoi il paie. Sinon, il cessera de payer… dans son cœur.
« Faire payer le peuple pour l’informer, c’est juste ; le faire payer pour l’ignorer, c’est du vol » », dit-il pour conclure