Les présidents chinois et russe Xi Jinping et Vladimir Poutine s’en sont pris durement aux Etats-Unis et à l’Occident lundi lors d’un sommet réunissant une kyrielle de dirigeants eurasiatiques et censé promouvoir une autre gouvernance mondiale dans une époque troublée.
M. Xi a pourfendu une « mentalité de guerre froide » et « les actes d’intimidation » à l’œuvre actuellement selon lui, dans une référence à peine voilée à Washington. M. Poutine a une nouvelle fois accusé l’Occident d’avoir provoqué le conflit en Ukraine.
M. Xi a présidé lundi le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Tianjin (nord). Les chefs d’État et de gouvernement de 10 États membres et de 16 pays partenaires et observateurs se sont retrouvés dans la mégapole portuaire.
Parmi eux, les présidents iranien Massoud Pezeshkian, turc Recep Tayyip Erdogan et biélorusse Alexandre Loukachenko ainsi que les Premiers ministres indien et pakistanais Narendra Modi et Shehbaz Sharif.
– Trump de retour, Pékin s’affirme, Moscou défie l’Occident –
Le sommet, le premier depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, s’est tenu dans un contexte de crises multiples impliquant plusieurs de ses membres : guerre en Ukraine, droits de douanes américains sur les produits chinois et indiens ou querelle nucléaire iranienne.
Pékin a trouvé dans le sommet, décrit comme le plus important par sa participation depuis la création de l’OCS en 2001, « l’occasion de structurer davantage une diplomatie tournée vers les puissances non occidentales, au service de son ambition de leadership et de sa rivalité avec Washington », dit à l’AFP Mathieu Duchâtel, directeur du programme Asie à l’Institut Montaigne.
Pour Moscou, le sommet représentait « un moyen d’afficher à l’international que son isolement par les États-Unis, l’Europe et le Japon reste relatif malgré l’invasion de l’Ukraine », poursuit l’expert.
– Kiev appelle Pékin à agir pour la paix –
M. Xi a plaidé lundi pour une « gouvernance (mondiale) plus juste et raisonnable », a contrario de l’actuelle « mentalité de guerre froide et de confrontation de blocs (et des) actes d’intimidation ». M. Poutine a défendu l’offensive russe en Ukraine, justifiée par « un coup d’Etat en Ukraine, qui a été soutenu et provoqué par l’Occident », et par les « efforts constants de l’Occident pour entraîner l’Ukraine dans l’Otan ».
Lors de la visite de Vladimir Poutine en Chine, Kiev a lancé un appel diplomatique à Pékin. Les autorités ukrainiennes souhaitent que la Chine joue un rôle plus actif dans la résolution du conflit. Elles soulignent l’influence géopolitique croissante de Pékin. Ce message intervient dans un contexte de tensions internationales persistantes. L’Ukraine espère un engagement chinois en faveur de la paix.
Le ministère ukrainien des Affaires étrangères appelle Pékin à s’impliquer davantage. Il souligne le poids géopolitique de la Chine dans les affaires mondiales. L’Ukraine souhaite que Pékin joue un rôle actif pour rétablir la paix. Ce message intervient lors de la visite de Vladimir Poutine en Chine. Le conflit en Ukraine reste au cœur des tensions internationales.
– Nucléaire iranien –
M. Poutine s’est entretenu plus tard avec son homologue turc et avec son collègue iranien lors d’une réunion bilatérale.
La présidence russe avait précédemment affirmé que cette rencontre porterait notamment sur le programme nucléaire de Téhéran.
Les pays occidentaux soupçonnent l’Iran de vouloir acquérir l’arme nucléaire. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni brandissent la menace de nouvelles sanctions. Ces mesures avaient été suspendues il y a dix ans. Le climat diplomatique se tend autour du programme nucléaire iranien. Téhéran continue de défendre son droit à un usage civil de l’énergie atomique.
Téhéran rejette les accusations sur ses intentions nucléaires. Les autorités iraniennes affirment ne pas chercher à se doter de l’arme atomique. Elles défendent leur droit à développer un programme nucléaire civil. Ce programme est présenté comme conforme aux engagements internationaux. L’Iran insiste sur son besoin énergétique et sa souveraineté scientifique.
La Russie soutient l’Iran sur le dossier nucléaire. Les autres membres de l’OCS appuient cette position. Ils mettent en garde contre toute réinterprétation d’une résolution de l’ONU. Les Européens envisagent de rétablir des sanctions contre Téhéran. La tension diplomatique monte autour du nucléaire iranien.
-« Relation spéciale »-
M. Poutine s’est également entretenu en « face à face » dans sa voiture blindée avec le Premier ministre indien, avant leur rencontre officielle, ont rapporté les médias d’Etat russes.
M. Poutine a évoqué « une relation spéciale, amicale » avec l’Inde, tandis que M. Modi a salué au début de la rencontre « un partenariat stratégique spécial et privilégié ».
Les pays de l’OCS, souvent présentée comme un contrepoids à l’Otan, représentent presque la moitié de la population mondiale et 23,5% du PIB de la planète.
L’organisation a décidé lundi d’associer le Laos en tant que partenaire.
L’OCS a aussi dit « condamner fermement les actes causant des victimes civiles » dans la bande de Gaza ainsi que les frappes menées par Israël et les Etats-Unis en Iran en juin, dans une déclaration publiée par l’agence Chine nouvelle. L’OCS a réclamé un « cessez-le-feu complet et durable et un accès sans entrave pour l’aide humanitaire » à Gaza.
M. Poutine et plusieurs autres participants au sommet assisteront mercredi à un grand défilé à Pékin célébrant les 80 ans de la fin de la Deuxième guerre mondiale.
Le leader nord-coréen Kim Jong Un, l’un des principaux alliés de M. Poutine dans la guerre contre l’Ukraine, a quitté lundi Pyongyang par train spécial pour la Chine, où il assistera au défilé militaire.
De nombreux alliés de Kiev accusent Pékin de soutenir Moscou dans le conflit. La Chine invoque la neutralité et estime que les pays occidentaux prolongent les hostilités en armant l’Ukraine.
Source : Agence France-Presse