P. Diddy, ex-star du hip-hop, a longtemps brillé : palmarès en tête, luxe ostentatoire, soirées démesurées. Aujourd’hui, au cœur d’un scandale hip-hop, il se dit “brisé” et voit s’éloigner les fastes d’hier, enfermé pour plusieurs années.
Ambassadeur du hip-hop de la côte est américaine, crédité pour avoir transformé ce genre musical en machine commerciale, Sean Combs, de son vrai nom, a marqué les trois dernières décennies.
Avant d’apparaître vieilli, les cheveux grisonnants, lisant un livre intitulé « Le pouvoir de la pensée positive », à son procès pour trafic sexuel dans un tribunal de New York, qui l’a condamné vendredi à 4 ans et 2 mois de prison.
« Je me suis perdu (…) dans la drogue et l’excès. Ma chute trouvait sa source dans mon égoïsme. J’ai été humilié et brisé jusqu’au plus profond de moi », a écrit l’homme de 55 ans dans une lettre transmise au juge jeudi.
Vendredi, il a reconnu sa « responsabilité » face à la cour et présenté ses « excuses » aux victimes — la chanteuse Cassie et une autre de ses anciennes compagnes restée anonyme.
Depuis plus d’un an, P. Diddy dort derrière les barreaux d’une prison insalubre à Brooklyn. Loin des villas somptueuses qu’il appelait autrefois chez lui — lui, père de sept enfants et figure du luxe ostentatoire.
– Bad Boy –
Harlem l’a vu naître, l’Amérique l’a célébré. Aujourd’hui, ce procès signe la chute la plus sombre d’un homme qui incarnait le rêve.
Né en 1969, orphelin de père à deux ans, P. Diddy grandit sous l’aile de sa mère. Dès les années 1990, il incarne l’essor du hip-hop, une culture autrefois marginale, aujourd’hui milliardaire.
En misant sur l’alcool et la mode, il construit un empire financier. Parallèlement, il s’impose comme figure de proue d’un rap qui revendique ouvertement ses signes de richesse.
En 2019, sa fortune personnelle atteignait 740 millions de dollars, selon Forbes. Mais entre investissements douteux et scandales sexuels, elle se serait effondrée.
Acquitté du chef d’accusation principal, il n’échappe pas à la justice. En juillet, un jury le déclare coupable de transport de personnes liées à la prostitution.
C’est en 1990 que Sean Combs fait son entrée dans l’industrie musicale. Stagiaire chez Uptown Records, il gravit les échelons et devient recruteur de talents.
Il se construit une réputation d’organisateur de soirées qui ne fera que grandir avec sa notoriété. Et ce malgré le drame survenu lors d’un concert et match de basket-ball qu’il supervise à New York en 1991 : neuf personnes meurent dans une bousculade car trop de billets ont été vendus.
– Célébrités –
Accusé d’avoir négligé la sécurité, il fait face à une série de procès. Uptown Records s’en sépare. P. Diddy fonde son propre label, Bad Boy Records, et lance sa fulgurante ascension.
Connu pour avoir produit le premier album de la reine du hip-hop soul Mary J. Blige, il fait du rappeur The Notorious B.I.G. le roi de la côte Est en 1994, avec son premier album « Ready to Die ».
La même année, Sean Combs devient rappeur à succès sous le nom de « Puff Daddy ». Son disque « No Way Out » (1997) se hisse au sommet du Billboard et s’impose comme un classique grâce à plusieurs tubes, dont « Can’t Nobody Hold Me Down ».
Le nabab soigne son image bling bling. Sa relation avec la chanteuse et actrice Jennifer Lopez à la fin des années 1990 le rend encore plus connu. Ses « White Parties », où l’on s’habille en blanc, sont le rendez-vous des célébrités.
Pendant plus d’une décennie, il fréquente Cassie (Casandra Ventura). Aujourd’hui, c’est son témoignage — celui d’une victime présumée — qui domine le procès retentissant et relance les accusations.
Deux mois de débats ont mis en lumière sa violence, son emprise sur ses compagnes et ses obsessions sexuelles. Il organisait des marathons où il payait des escorts masculins pour coucher avec elles, tandis qu’il se masturbait ou les filmait.
Source : Agence France-Presse