Sarkozy financement libyen : l’ancien président reste incontournable à droite Deux semaines avant sa condamnation à cinq ans de prison pour financement libyen, Nicolas Sarkozy recevait encore dans ses bureaux parisiens. Sébastien Lecornu, tout juste nommé à Matignon. Jordan Bardella et Gabriel Attal l’avaient précédé. Autrement dit : malgré les épreuves judiciaires, Sarkozy continue d’influencer les recompositions politiques.
Début septembre, il révélait, dans Le Figaro, avoir rencontré Emmanuel Macron pendant l’été pour lui assurer qu’il n’y avait pas « d’autre solution que la dissolution » pour mettre fin à l’instabilité politique en France. Sans parvenir à le convaincre pour autant.
Nicolas Sarkozy, 70 ans, a d’ailleurs reconnu publiquement que le chef de l’État « ne l’écoutait pas toujours », comme il a encore pu le constater en décembre dernier lorsqu’il s’est rendu à l’Élysée pour y dire tout le mal qu’il pensait de son ennemi François Bayrou, sans empêcher sa nomination à Matignon.
Éternelle figure tutélaire de la droite, bien que contesté par certaines de ses figures, son évocation dans les meetings de son parti Les Républicains déclenche toujours des tonnerres d’applaudissements. Et ses livres de souvenirs demeurent des succès d’édition.
– Sarkozy, figure centrale malgré les condamnations –
Dans son entretien au Figaro, l’ex-chef de l’État (2007-2012), qui avait pourtant assuré en février après sa condamnation dans l’affaire des écoutes « renoncer à toute expression médiatique », a encore fait feu de tout bois. Le RN appartient à « l’arc républicain », a-t-il assuré, déclenchant un feu de critiques à gauche. Et de déplorer que la droite ne dispose pas « aujourd’hui d’un leader incontournable » malgré l’écrasante victoire au printemps de Bruno Retailleau sur Laurent Wauquiez… avec qui il a également échangé quelques jours plus tôt.
L’agenda reste chargé. Nicolas Sarkozy mène une activité frénétique dans son bureau de Miromesnil, à deux pas de l’Élysée. Il enchaîne les rendez-vous politiques. Il reçoit les membres du parti qu’il a fondé. Mais aussi des figures d’autres formations. Début juillet, il s’est entretenu avec Jordan Bardella. Gabriel Attal lui a également rendu visite. Autrement dit : malgré ses déboires judiciaires, Sarkozy reste un point de passage obligé.
Le président du RN ne cache pas son agacement. Quelques jours avant la condamnation, il évoque son “sentiment”. Selon lui, “il y a une volonté” d’humilier Nicolas Sarkozy. Il réagit au retrait de la Légion d’honneur. Une mesure prise après la condamnation définitive à un an de prison ferme dans l’affaire des écoutes. Autrement dit : la sanction judiciaire devient, selon lui, un symbole d’acharnement politique.
À Miromesnil, les rendez-vous s’enchaînent. Un dirigeant LR, habitué des lieux, livre une recommandation. “Sarkozy critique toujours celui qu’il a vu juste avant vous.” Mieux vaut donc le rencontrer en fin de journée. Être le dernier, c’est éviter d’être la cible. Autrement dit : même affaibli, l’ancien président reste tranchant. Et son bureau demeure un centre névralgique de la droite.
– Service minimum –
Face aux déboires judiciaires de leur ancien leader, les dirigeants de son parti se montrent prudents, voire mal à l’aise.
Bruno Retailleau réagit après la condamnation. Le patron des Républicains publie un communiqué bref. Il apporte son soutien à Nicolas Sarkozy. Il exprime l’espoir qu’il parvienne à faire prévaloir son innocence en appel. Autrement dit : la ligne officielle reste prudente, mais solidaire.
Laurent Wauquiez choisit la retenue. Il exprime sa reconnaissance envers “l’homme d’État qui a tant donné à notre pays”. Il ajoute une marque d’amitié personnelle. Une déclaration sobre, mais lourde de sens. Autrement dit : le respect institutionnel l’emporte sur les considérations judiciaires.
Les réactions à droite restent contrastées. François-Xavier Bellamy dénonce un “jugement politique”. Il conteste la légitimité de la décision judiciaire. De son côté, Éric Ciotti adopte un ton plus personnel. L’ancien patron de LR, désormais allié au RN, transmet une “pensée amicale” à Nicolas Sarkozy. Autrement dit : entre critique institutionnelle et soutien affectif, la droite peine à parler d’une seule voix.
– Une droite fracturée entre fidélité, recomposition et héritage incertain –
L’influence de Nicolas Sarkozy sur son parti ne faiblit pas. Il continue de peser sur les choix stratégiques. Pour preuve : une interview accordée au Figaro il y a un an. Il y incite les siens à quitter l’opposition. Et à rejoindre le gouvernement. Autrement dit : même en retrait, il oriente les lignes politiques. Son rôle reste actif, parfois décisif.
C’était juste avant l’arrivée de Michel Barnier à Matignon. Le nouveau Premier ministre LR compose son gouvernement. Il y embarque plusieurs figures de droite, dont Bruno Retailleau à l’Intérieur. Retailleau bondit dans les sondages. Il redonne des couleurs à son parti. Autrement dit : la recomposition politique s’accélère, portée par des profils affirmés.
Le respect envers Nicolas Sarkozy reste intact au sein de son parti. Pourtant, son fils Louis devra patienter. Il espère être désigné candidat à la mairie de Menton en mars prochain. Mais la Commission nationale d’investiture (CNI), réunie mardi, n’a pas tranché. Elle a choisi de reporter sa décision. Autrement dit : l’héritage politique ne suffit pas à accélérer le calendrier.
Source : Agence France-Presse