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Funérailles du pape: un rituel très solennel, loin de la simplicité de François, selon un théologien

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Trans Afrique

Le rituel des funérailles du pape, qui sera inhumé samedi à Rome, est marqué par « une solennité très forte », malgré la simplicité souhaitée par François, affirme à l’AFP le théologien français Jean-François Colisimo.

Comment a été codifié le rituel des funérailles du pape?

Deux grands moments sont déterminants. Au Moyen-Âge, lorsque le pape affirme son pouvoir temporel face au Saint-Empire romain germanique, le rituel va prendre une dimension impériale, monarchique, avec exposition du corps. Lors de la Réforme, il prend encore plus de force et de splendeur.

Le rituel a été totalement revu sous Jean-Paul II en l’an 2000 avec l' »Ordo Exsequiarum Romani Pontificis », dans le sens d’une simplification. Par exemple, le pape va être exposé sur un catafalque, mais brièvement, avant d’être transporté dans la basilique Saint-Pierre.

Le texte fixe ce qui se passe à la mort du pape: l’avis officiel de décès, la destruction de l’anneau pontifical, l’annonce, le glas, les neuf jours de messes de repos éternel célébrées quotidiennement…

François a-t-il encore infléchi le processus?

François a simplifié la simplification, dans la continuité d’un pontificat où il avait, par exemple, refusé les appartements pontificaux pour rester à Sainte-Marthe.

Il portait l’anneau de son épiscopat, il n’a pas voulu de catafalque, parce qu’il ne voulait pas d’ostentation. L’Ordo prévoit un cercueil triple, en cyprès, plomb et chêne, mais lui a choisi un cercueil simple.

Rome en état de siège pour les funérailles du pape

Surtout, il ne va pas être enterré dans la crypte de Saint-Pierre mais à Sainte-Marie-Majeure, une basilique en dehors du Vatican.

Il reste cependant beaucoup de solennité…

Cet appareil de la Curie romaine qu’il avait assez maltraité au fond, dont il avait un peu rejeté les usages, a repris la main maintenant qu’il est mort, et remis beaucoup de faste sans totalement déroger à ses ultimes volontés.

Lui aurait certainement aimé quelque chose d’encore plus simple, mais on a vu les gentilshommes du pape le porter, les gardes suisses, les cardinaux tous en habit rouge… il y a une solennité très forte.

Êtes-vous surpris par l’ampleur de la dévotion?

Le pape est l’évêque de Rome, et les Romains lui sont très attachés: ils constituent une grande partie de ceux qui viennent le saluer. Rome est aussi un centre de pèlerinage constant, avec des flux très importants de visiteurs, particulièrement cette année de Jubilé, et d’autant plus après Pâques.

Chefs d’Etat, têtes couronnées et fidèles aux funérailles du pape samedi

Enfin, la mort de tout pape déclenche d’un coup un afflux parmi les catholiques croyants pour qui c’est une forme de pèlerinage absolu de venir lui dire adieu. D’autant qu’on voit dans le catholicisme européen un retour à la dévotion, à la procession, au pèlerinage auprès des grands sanctuaires.

Pourquoi est-il si important de venir se recueillir devant la dépouille?

L’exposition du corps ne se fait pas en France mais presque partout ailleurs, particulièrement dans les pays méditerranéens. On vient dire « adieu », mais un adieu qui n’est que terrestre: le pape est parti, mais pour la résurrection.

C’est aussi l’occasion de l’approcher comme jamais, avec une ultime familiarité qui n’était pas si possible lorsqu’il était vivant. Ensuite, il y a une dimension théologico-politique: le pape est décédé, mais le siège de Pierre va bientôt être doté à nouveau.

Sa dépouille a subi un embaumement temporaire: il y a dans le monde catholique une forme de réticence à un embaumement total, parce que le corps incorruptible, c’est le signe de la sainteté, ce que la technique de l’embaumement brouille.

Ce faste a été imité…

Le culte de la personnalité au XXe siècle, chez les dictateurs, a emprunté ce modèle, avec un messianisme séculier et politique. Lénine a été embaumé, il y avait des sortes d’icônes de Staline s’élevant dans le ciel en tant que père des peuples…

On était dans une substitution iconographique. Mais on n’est pas dans la même histoire.

Source : Agence France-Presse

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