L’archevêque de Douala, Mgr Samuel Kleda, dénonce la corruption, la pauvreté, l’injustice, et l’absence de démocratie. À deux mois de l’élection présidentielle, il appelle les citoyens à un sursaut, face à un régime qui selon lui, mène le pays à l’asphyxie.
Dans une lettre pastorale rendue publique le 8 août 2025, le prélat tire une sonnette d’alarme. Le Cameroun, selon lui, est « malade dans tous les domaines » et s’approche « des signes avant-coureurs d’une mort lente ». Cette sortie fait écho à celle de l’évêque de Bafoussam, Mgr Paul Lontsié-Keuné, la semaine dernière. Il dénonçait l’état inquiétant du pays.
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Corruption, pauvreté, inégalités sociales, chômage…
Pour Mgr Kleda, le Cameroun traverse une crise profonde. Le tableau qu’il dresse est sombre : corruption, pauvreté, inégalités sociales, exode massif de la jeunesse, le chômage, la gestion opaque des ressources, sans oublier les conflits armés dans les régions anglophones et à l’Extrême-nord. Mais son message va bien au-delà du constat. Il appelle à un sursaut collectif. « Nous devons changer de mentalité, de comportement, de pratique. » Et surtout, il insiste : « Ce pays a soif de paix, de justice et de réconciliation ».
L’homme d’Église dénonce des dérives graves telles que la : « démocratie dévoyée », « les résultats d’élections connus d’avance », « l’absence de transparence », « l’instrumentalisation des institutions ». Pour lui, il est urgent de « réconcilier les cœurs et de normaliser la vie sociale ». Le dialogue, dit-il, doit redevenir un pilier du vivre-ensemble.
La situation sociale l’inquiète tout autant. La majorité des Camerounais vivent dans la misère, pendant qu’une minorité s’adonne à un luxe indécent. « Le citoyen n’est plus au cœur des préoccupations des dirigeants. » Il accuse une gouvernance centrée sur les clans, les lobbys, les intérêts particuliers.
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Une jeunesse sacrifiée
Mgr Kleda n’épargne aucun secteur. L’eau et l’électricité ? Des services de base encore inaccessibles pour des millions, malgré les gigantesques projets budgétivores. Le pétrole et les mines ? Confisqués par des cercles restreints, au détriment de la nation. « Les hydrocarbures ne servent pas l’économie nationale, mais enrichissent une élite ». Et que dire de l’immigration clandestine ? Il évoque « un exode douloureux », celui d’une jeunesse sacrifiée, fuyant un avenir bouché. « Ces morts en mer, l’Histoire les portera dans la conscience des gouvernants. »
Son ton est grave, mais porteur d’espérance. « L’espérance est la vertu qui nous met en chemin, même face aux obstacles les plus insurmontables », rappelle t’il. Ce n’est pas la première fois que Mgr Kleda interpelle le régime de Paul Biya. L’homme de Dieu le fait avec constance, au nom de sa mission prophétique.