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Pr Winnie Bekolo Nga « 11 % des Camerounais vivent avec l’hépatite B »

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Souvent silencieuse mais mortelle, l’hépatite B ou C touche des milliers de Camerounais sans qu’ils le sachent. En cette journée de lutte contre l’hépatite virale, le Pr Winnie Bekolo Nga, hépato-gastroentérologue à l’Hôpital général de Douala, alerte sur la nécessité du dépistage et fait le point sur les traitements disponibles.

De manière simple, c’est quoi une hépatite ?

L’hépatite est une inflammation du foie, tout simplement. Et lorsqu’on dit hépatite virale, c’est dire que c’est lié à un virus.

Quel est le taux de prévalence de l’hépatite B et C au Cameroun ?

Au Cameroun la prévalence de l’hépatite virale B est autour de 11% et l’hépatite virale C c’est entre 3 et 6%.

Quelles sont les manifestations de la maladie ?  

Les manifestations sont pratiquement les mêmes, mais nous les appelons en consultation, les tueurs silencieux. Parce qu’au tout début de la maladie, le plus souvent le patient n’a pas de symptômes ou alors les symptômes qu’il présente sont tellement peu spécifiques qu’on ne va pas directement penser que c’est une hépatite virale. Il peut avoir une petite fatigue, des courbatures, qui peuvent être aussi liées à un paludisme.  On ne saura pas dès le début que le patient est atteint d’une hépatite.  Les symptômes se manifestent le plus souvent quand le patient commence à faire des complications, comme une cirrhose de foie où il va avoir des yeux qui vont devenir jaunes. Il peut avoir une douleur dans la partie supérieure droite de l’abdomen. Il peut également présenter des pieds qui gonflent.

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Quand est ce qu’il faut consulter ?

Il n’y a pas une période particulière à laquelle il faut consulter. Il faut déjà faire le test, que je conseille à, tout le monde. Si vous le faites et qu’il est positif, il faut consulter un gastroentérologue,  indépendamment que vous ayez des symptômes ou pas.  Du moment où vous avez un test d’hépatite virale B ou C, vous devriez voir un spécialiste.

Hépatite forme active et inactive…pouvez-vous nous expliquer ?

Nous utilisions les termes actif et inactif pour que le patient puisse comprendre clairement les choses. Parce que dans notre jargon, c’est un peu plus complexe. En effet, nous divisons en 2 catégories. Nous avons une forme de maladie qui est dite active et une autre qui est dite inactive. Dans le cas de la forme active, le virus va se multiplier rapidement dans l’organisme. Lorsqu’on va faire les examens d’évaluation du foie, on va se rendre compte que le foie ne fonctionne pas bien, qu’il y a des signes d’inflammation, des signes de modification des tissus du foie.

Pour la forme inactive, on va se rendre compte qu’il y a le virus qui se manifeste très peu ou pas du tout. Donc on n’aura pas de problème de fonctionnement du foie.

Qui de l’homme ou de la femme est plus exposé à cette maladie ?

Il est vrai que nous recevons plus d’hommes en consultation. Selon les études publiées, la fréquence est plus masculine que féminine. Mais cela ne veut pas dire qu’ils sont les plus exposés à la maladie car elle touche aussi bien les hommes que les femmes.

Est-ce que l’hépatite expose à d’autres maladies ?

Les virus de l’hépatite B et C peuvent attaquer d’autres organes. Ils peuvent attaquer le rein, les articulations, et on peut avoir d’autres manifestations liées à ces virus. Sauf que le foie est le site préférentiel où les virus vont aller se manifester. Par rapport au mode de transmission des 2 virus, ils ont des modes de contamination proches du virus du VIH. Donc on peut avoir une association avec le VIH, mais ce n’est pas parce qu’on a le VIH qu’on aura forcément une hépatite et vice versa.

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Comment se fait le traitement ?

En matière de traitement pour l’hépatite virale C, c’est beaucoup plus simple. Les traitements sont disponibles au Cameroun avec des taux de réussite de l’ordre de 97 à 99% de taux de guérison.  Pour l’hépatite virale B, c’est un peu plus complexe parce qu’on ne va pas mettre tout le monde sous traitement. Surtout sur la forme qui est dite active. Parce que c’est ceux-là qui ont des risques de développer des complications à savoir la cirrhose et le cancer du foie. En sachant que le traitement de l’hépatite virale B disponible consiste à stopper la multiplication des virus en espérant que l’immunité de l’organisme puisse éliminer elle-même le virus.

Parlez-nous du vaccin contre l’hépatite…

Notons d’abord que la vaccination n’est disponible que pour l’hépatite B, il n y a pas de vaccin contre l’hépatite C. la vaccination est faite dès que le test est négatif. Chez les enfants, depuis le 1er janvier 2005, tous les enfants nés au Cameroun reçoivent un vaccin à 6, 10 et 12 semaines.  Et depuis 2025, le traitement est gratuit pour toutes les femmes enceintes ayant une hépatite virale B. il est conseillé de vacciner les enfants dès la naissance. Idéalement il faut contrôler si le patient a développer les anticorps d’immunité  mais il est conseiller de rebooster le vaccin après de 5 ans.

Un conseil à donner ?

Le seul conseil que je donne en cette journée de lutte contre la maladie de l’hépatite c’est le dépistage. Le dépistage reste la clé et l’élément fondamental de la prise en charge de la maladie. J’invite tout le monde à se faire dépister.

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