Mercredi, alors que les sirènes retentissaient dans l’ouest du pays, Washington proposait une paix au prix de la capitulation en Ukraine. Le plan exigeait que Kiev cède des terres à Moscou et réduise son armée de moitié. Mais la réalité s’imposait aussitôt : une frappe russe éventrait des immeubles, tuant 26 personnes, dont trois enfants.
Ainsi, la scène se chargeait d’une tension tragique : d’un côté, un plan qui ressemble à une capitulation masquée ; de l’autre, le sang versé qui rappelle que la guerre ne se négocie pas sur papier mais dans la chair des civils.
L’image devient symbolique : la paix proposée se superpose aux ruines fumantes, révélant l’abîme entre diplomatie abstraite et terreur vécue.
Selon un haut responsable ukrainien cité par l’AFP, le plan américain reprend les conditions maximalistes déjà posées par Moscou. Kiev dénonce ces exigences comme une capitulation de facto.
La proposition américaine prévoit la reconnaissance de l’annexion de la Crimée et d’autres régions par la Russie. Elle impose aussi une réduction de l’armée ukrainienne à 400 000 soldats. Enfin, Kiev devrait abandonner toutes ses armes à longue portée.
Le haut responsable ukrainien souligne une incertitude : impossible de savoir si ce plan vient réellement de Donald Trump ou de son entourage. Il ajoute que les informations sur la réaction attendue de la Russie restent floues.
Axios a révélé que Washington et Moscou travaillaient en secret sur un plan pour mettre fin à la guerre déclenchée par la Russie il y a près de quatre ans. Le Kremlin a refusé de commenter. Transition nette : rumeur persistante, silence officiel.
– Echec à Ankara –
Cette révélation alimente la visite à Kiev du secrétaire à l’Armée américaine, Daniel Driscoll. Il est arrivé avec une délégation du Pentagone pour rencontrer des responsables ukrainiens, selon CBS News. Mercredi, il a vu le ministre de la Défense Denys Chmyhal.
Mercredi, Volodymyr Zelensky était en Turquie pour relancer les négociations de paix. Échec. Après sa rencontre à Ankara avec Recep Tayyip Erdogan, il n’a pu qu’espérer une reprise des échanges de prisonniers avec la Russie d’ici la fin de l’année.
La visite, sans délégation russe, devait « réengager » les États-Unis dans le processus de paix, selon un responsable ukrainien cité par l’AFP. Mais l’émissaire américain Steve Witkoff était absent. Pendant ce temps, la Russie poursuivait ses frappes contre les villes et les infrastructures énergétiques.
Dans la nuit, l’Ukraine a subi l’une des attaques les plus meurtrières de l’année. Les régions occidentales, habituellement épargnées par leur éloignement du front — Lviv, Ivano-Frankivsk et Ternopil — ont été frappées.
À Ternopil, les secours annoncent un nouveau bilan : 26 morts, dont trois enfants, et 92 blessés, dont 18 enfants.
– Immeubles éventrés –
Oksana, 46 ans, était en route pour son travail lorsque les frappes russes sont tombées sur Ternopil. Elle n’a aucune nouvelle de son fils de vingt ans, resté dans leur appartement dans un immeuble résidentiel dont plusieurs étages ont été détruits.
« Je l’ai appelé, je lui ai dit : +Bogdan, habille-toi et sors+. Il m’a dit : Maman, ne t’inquiète pas, tout ira bien.Plus c’est trop tard », a-t-elle déclaré à l’AFP. « Nous attendons depuis ce matin et il n’a toujours pas été retrouvé », a ajouté sa soeur, Natalia Bachinska.
Un journaliste de l’AFP présent sur les lieux a décrit la scène : deux immeubles d’habitation dont les derniers étages avaient été éventrés, laissant s’échapper une fumée sombre des appartements réduits en ruines.
Cette image dépasse le simple constat. Elle devient symbole : la verticalité des immeubles, signe de stabilité et de vie quotidienne, s’effondre sous l’impact des frappes. La fumée qui s’élève incarne la mémoire des foyers détruits, la trace visible d’une guerre qui dévore l’intime.
L’armée ukrainienne a affirmé que la Russie avait frappé la ville avec dix missiles de croisière. Quelque 476 drones et 48 missiles russes ont visé le pays dans la nuit, dont respectivement 442 et 41 ont été abattus, a-t-elle dit.
M. Zelensky a estimé que ces frappes montraient que « la pression sur la Russie était insuffisante ». « Voilà à quoi ressemblent en réalité les +plans de paix+ de la Russie », a ironisé le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga.
– « Guerre de terreur » –
Le chancelier allemand Friedrich Merz a dénoncé « une intensification massive » des frappes russes. « Cela n’a rien à voir avec des objectifs militaires. Il s’agit purement d’une guerre de terreur contre la population civile ukrainienne », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est lui aussi dit « choqué ».
Comme lors de précédentes attaques, la Roumanie, voisine de l’Ukraine et membre de l’Otan, a annoncé avoir fait décoller des avions de chasse après une nouvelle incursion de drones sur son territoire.
Depuis son retour au pouvoir en début d’année, Donald Trump s’est affiché en médiateur avec Moscou. Pourtant, Washington avait été pendant quatre ans un soutien militaire et financier essentiel pour Kiev.
Ses efforts n’ont toutefois pas abouti à une cessation des hostilités. Se disant tour à tour frustré par Volodymyr Zelensky puis Vladimir Poutine, il a finalement adopté en octobre des sanctions contre le secteur pétrolier russe.
Plusieurs sessions de pourparlers entre Russes et Ukrainiens à Istanbul cette année ont échoué à aboutir à des avancées majeures.
La Russie, qui occupe environ 20% de l’Ukraine, réclame que celle-ci lui cède cinq régions et renonce à intégrer l’Otan. Kiev refuse et réclame le déploiement de troupes occidentales sur le territoire restant sous son contrôle, ce que la Russie juge inacceptable.
Source: Agence France-Presse
















