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Ukraine: les Européens se cherchent un rôle dans les négociations et l’après-guerre

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Les chancelleries européennes multiplient les discussions pour être associées aux probables négociations à venir entre l’Ukraine et la Russie, planchant notamment sur l’hypothétique déploiement d’une coalition militaire pour faire respecter un cessez-le-feu.

Les difficultés chroniques des forces ukrainiennes face à l’armée russe ont imposé l’idée que Kiev pourrait, peut-être rapidement, devoir négocier un arrêt des combats.

Un processus auquel les Européens, Britanniques compris, veulent participer pour ne pas subir un accord préparé sous l’égide du seul président américain élu Donald Trump. Ce dernier a déjà appelé à un « cessez-le-feu immédiat » et averti que l’aide américaine à l’Ukraine allait « probablement » diminuer.

« L’idée, c’est avant tout de s’acheter une place à la table des négociations. Si l’Europe n’a pas quelque chose à proposer, les négociations risquent d’avoir lieu sans elle », explique à l’AFP Elie Tenenbaum, de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Actifs russes pour l’Ukraine: Yellen appelle le G7 à être  » ambitieux »

Mais l’Europe est désunie, entre ceux qui redoutent une guerre majeure dans les années à venir (France, Royaume-Uni, Pologne, pays baltes…) et, à l’autre bout du spectre, ceux qui tendent les bras au président russe Vladimir Poutine (la Hongrie notamment).

Même les plus exposés, sur le flanc Est, restent circonspects. Le Premier ministre polonais Donald Tusk a confirmé jeudi avoir abordé l’envoi de troupes en Ukraine avec le président français Emmanuel Macron. Mais il a précisé ne pas le prévoir « pour l’instant ».

– « Besoin de garanties » –

« Je voudrais (…) couper court aux spéculations sur la présence potentielle de troupes d’un pays ou d’un autre en Ukraine, une fois le cessez-le-feu ou la paix instaurés », a-t-il déclaré.

Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a, lui, indiqué la semaine dernière ne pas écarter l’hypothèse: « Nous envisageons des scénarios, mais nous le faisons en toute confidentialité ».

Paris, discret sur le sujet, y réfléchit aussi sérieusement. Emmanuel Macron avait déjà renversé la table en février, refusant d’exclure l’envoi de troupes au sol pendant le conflit. Mais ces propos avaient suscité beaucoup plus de critiques que d’adhésion.

« Nous avons besoin de garanties, et la présence de contingents militaires (européens) peut être l’une d’entre elles », a affirmé à l’AFP un responsable ukrainien, insistant sur le fait que l’idée venait des Européens et non de Kiev. « Poutine rompt toujours les cessez-le-feu », a-t-il martelé sous couvert de l’anonymat.

Nombre d’analystes et de responsables conviennent à tout le moins que l’Ukraine va devoir consentir à un « troc » géopolitique.

Elle souhaite une sécurité à long terme, et pourrait accepter en retour de perdre, au moins dans l’immédiat, la Crimée annexée en 2014 par Moscou, et les territoires de l’Est du pays perdus depuis l’invasion russe de février 2022.

– « Ambitieux » –

Mais alors quelle sécurité ?

L’entrée de Kiev dans l’Otan ne fait pas l’unanimité et le déploiement au sol de troupes de l’Alliance atlantique est exclu. Il serait vécu par Moscou comme une menace et ne fait pas partie des projets de Donald Trump.

L’option d’une force de l’Union européenne, elle, exclurait le Royaume-Uni. Reste une seule option : la coalition européenne ad hoc.

« Cela éviterait la possibilité d’un appel à l’article 5 de l’Otan si les forces déployées étaient attaquées », note Ivan Klyszcz, du Centre international pour la défense et la sécurité (ICDS), basé en Estonie. Une clause qui prévoit qu’une agression contre un des membres de l’Alliance atlantique est une agression contre tous.

La suite, à ce stade, n’est que « spéculations », ajoute l’expert.

La campagne électorale allemande démarre autour de l’Ukraine

Pour Elie Tenenbaum, l’Europe, dont l’architecture de défense reste embryonnaire, va devoir assumer son destin.

« On peut discuter de la faisabilité militaire du dispositif. Est-ce qu’on est capable de générer cinq brigades, trois escadrons de chasse pour faire une zone de défense aérienne, un commandement unique ? », interroge-t-il.

« Rien de tout ça n’est injouable, c’est ambitieux, mais on a ce qu’il faut dans notre boîte à outils aujourd’hui pour le faire », assure-t-il, évaluant cette force à quelque 40.000 hommes.

Le processus, assurément, ne fait que débuter, d’autant que la Russie continue d’avancer et n’a pas forcément intérêt à discuter. Le Kremlin a d’ailleurs fait savoir vendredi que les conditions « préalables » à des négociations n’étaient pas réunies.

Des experts suggèrent que si Donald Trump veut signer un accord rapide pour s’en attribuer les mérites, il attendra des Européens qu’ils le fassent respecter eux-mêmes.

Le général à la retraite britannique James Everard, ex-commandant suprême adjoint de l’Otan en Europe, souligne combien la tâche sera lourde pour définir les contours d’une telle mission. Ne serait-ce que sa durée.

Son conseil aux Européens : « Ne jamais commencer une mission sans avoir une bonne idée de comment elle prendra fin ».

Source: Agence France-Presse

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