Anicet Ekane, figure politique majeure, est mort le 1er décembre 2025 au Centre médical militaire de la Gendarmerie nationale. Les circonstances troubles de son décès, après plusieurs semaines de détention, ont déclenché une vague d’indignation. Le pays est en deuil, mais aussi en colère d’après de nombreux témoignages.
Depuis l’annonce de son décès le 1er décembre dernier, les voix continuent de se multiplier. Parmi elles, celle des responsables politiques. Issa Tchiroma Bakary, arrivé deuxième à la présidentielle et soutenu par Ekane, affirme que « ce n’est pas un opposant qui est mort, c’est une voix libre ». Il décrit « un repère », « une boussole morale », et accuse : « Il n’est pas mort, il a été empêché de vivre ». Pour lui, ceux qui ont permis cette disparition « n’ont pas brisé une vie », ils ont « éveillé une Nation. La mort devient le point de bascule d’un récit national ».
Mamadou Mota du MRC dénonce « un crime d’État » et accuse sans détour : « Confisquer le respirateur… n’est pas une négligence. C’est une exécution délibérée ».
Quant à Armand Okol, secrétaire du PCRN, exprime la « contrition et la consternation » de son parti et demande « une enquête sérieuse et rigoureuse » pour éclaircir les circonstances du décès.
Détention post-électorale: Anicet Ekane s’est éteint à 74 ans
« Une ligne rouge est franchie »
Du coté de la société civile, c’est le même son de cloche. Me Akere Muna, ancien bâtonnier dénonce une disparition qui « n’est pas seulement la perte d’un homme » mais « l’extinction d’une flamme ardente et passionnée ». Il souligne que cette mort survient alors que « notre nation titube encore, cherchant son équilibre après l’élection la plus controversée de son histoire ». Pour lui, un fait demeure accablant : « Anicet Ekane était gravement malade même avant sa détention. Quand l’État reconnaît la fragilité d’un détenu et le laisse mourir, une ligne rouge est franchie ».
Pour Me Michèle Ndoki, « Anicet Ekane… a été détenu sans la moindre base légale » et « délibérément privé du matériel médical dont il avait besoin ». Dans une lettre nocturne bouleversante, Me Alice Nkom confie : « J’ai du mal à dormir, mon frère… Elles ont coulé comme un océan de tristesse ». Elle parle d’Anicet Ekane comme d’« un immense humaniste » et accuse ceux qui ont « frappé » d’avoir arraché la vie à « ceux qui ne sont que bonté et générosité ». À ses yeux, cette mort doit devenir un moteur : « rien… absolument rien… ne nous arrêtera dans le chemin du changement. Car la douleur devient une arme politique ».
« Il a été privé de soins »
Les artistes et les religieux eux aussi, prennent la parole. La chanteuse Kareyce Fotso écrit : « Une voix engagée, un esprit libre… Et que la force de ceux qui partent réveille le courage de ceux qui restent. La culture parle quand les institutions se taisent ». Même exigence du Père Ludovic Lado, qui accuse : « Il a été privé de soins… Son péché c’est d’avoir contesté les faux résultats ».
Face à la tempête, le gouvernement a annoncé l’ouverture d’une enquête, sur instruction du chef de l’État. Mais pour beaucoup, l’heure n’est plus aux promesses, mais à la vérité.















