Les morgues d’hôpitaux camerounais sont saturées. Plusieurs établissements lancent des appels urgents aux familles pour venir récupérer les dépouilles de leurs proches.
Le 16 avril 2025, l’hôpital régional de Bafoussam a donné un ultimatum de dix jours aux familles dont les corps séjournent au service de thanatopraxie (morgue) depuis plusieurs mois voire plusieurs années. En effet, ledit hôpital décompte 28 corps abandonnés parmi lesquels 21 qui restent non identifiés. Certains y reposent depuis près de cinq ans. Dans son communiqué, Le directeur de l’établissement, Dr Jean-Marie Ndjip, annonce qu’à l’expiration du délai, les corps seront confiés à la mairie pour inhumation collective.
Quelques jours plus tôt, l’hôpital central de Yaoundé tirait aussi la sonnette d’alarme. Soixante-trois corps abandonnés y étaient recensés à la morgue. Le plus ancien est conservé depuis mai 2021, soit 1 365 jours. L’établissement a accordé deux semaines aux familles pour procéder à l’identification. Au-delà, les dépouilles seront enterrées dans des fosses communes. En janvier 2021 déjà, 119 corps abandonnés y avaient été enregistrés. La majorité venait des rues ou des domiciles.
Plusieurs raisons expliquent ces abandons
À Douala, la situation est similaire. En décembre 2024, l’hôpital Laquintinie recensait 135 corps laissés sans suite à la morgue. Les familles avaient jusqu’au 20 décembre 2024 pour agir. Pourtant, au Cameroun des textes encadrent ce genre de situations. Selon l’arrêté n°0875/MinSanté du 1er avril 2013, un corps non réclamé après 60 jours est considéré comme abandonné. Les autorités locales peuvent alors procéder à son inhumation.
D’après les professionnels de santé, plusieurs raisons expliquent ces abandons. D’abord, l’impossibilité d’identifier certains défunts. Ensuite, les difficultés financières. Enfin, le relâchement des liens familiaux. Face à l’urgence, les hôpitaux appellent les familles à agir pour préserver la dignité des morts.