Une commission d’enquête du parlement kényan a lancé mardi une série d’auditions de la population sur des accusations de violations des droits humains et d’abus de pouvoir contre des militaires britanniques stationnés dans le centre du pays depuis des décennies.
L’Unité de formation de l’armée britannique au Kenya (BATUK), basée dans la ville de Nanyuki, à environ 200 kilomètres au nord de la capitale Nairobi, est au coeur de nombreuses controverses, jusqu’à des accusations de viol ou de meurtre.
Le cas le plus connu est celui d’Agnes Wanjiru, une Kényane de 21 ans dont le corps a été retrouvé en 2012 dans une fosse septique à Nanyuki après avoir été vue vivante pour la dernière fois avec un soldat britannique. La famille a porté plainte contre la BATUK et des responsables policiers et politiques kényans.
En 2021, après des années d’atermoiements, la police kényane a annoncé relancer l’enquête après des révélations du Sunday Times. Selon l’hebdomadaire britannique, citant plusieurs témoignages de militaires, le soldat avait le soir même avoué à ses camarades avoir tué Agnes Wanjiru et le meurtre aurait été dénoncé à la hiérarchie militaire, sans suites. Une audience devant un tribunal est prévue le 10 juillet.
Les premières auditions organisées dans le cadre d’une enquête parlementaire sur « le comportement de la BATUK » se sont tenues à huis clos dans le comté de Laikipia, où se trouve Nanyuki, a indiqué une source parlementaire à l’AFP.
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D’autres sont prévues mercredi et jeudi dans d’autres localités voisines de la base.
La commission parlementaire a expliqué qu’elles visent à examiner des « allégations de violations des droits humains, notamment de mauvais traitements, de torture, de détention illégale et de meurtres » contre les militaires de la BATUK, ainsi que « des violations présumées de l’éthique (…), notamment la corruption, la fraude, la discrimination, l’abus de pouvoir ».
En 2003, l’ONG Amnesty International affirmait avoir répertorié 650 accusations de viols contre des soldats britanniques entre 1965 et 2001, dénonçant des « décennies d’impunité ».
Interrogé sur ces auditions, un porte-parole de la Haute Commission britannique a déclaré à l’AFP que « la Haute Commission britannique à Nairobi et BATUK ont l’intention de coopérer ».
Les auditions ont débuté alors que le ministre d’État britannique chargé du développement et de l’Afrique, Andrew Mitchell, est en visite au Kenya, où il a rencontré mardi le président William Ruto.
Ces accusations visant la BATUK, qui est une source de revenus non négligeable pour l’économie locale, ont été à l’origine de différends entre l’ancienne puissance coloniale britannique et le Kenya, indépendant depuis 1963. Londres conteste notamment la compétence de la justice kényane sur les soldats britanniques qui enfreignent la loi locale.
Jeudi, la Haute Commission britannique a affirmé que son chef Neil Wigan avait rencontré la famille d’Agnès Wanjiru, à qui il a notamment « réitéré l’engagement continu du Royaume-Uni à coopérer pleinement avec l’enquête kenyane », selon un communiqué.
Source: Agence France-Presse
















