Le président sud-africain Cyril Ramaphosa réélu pour un second mandat a annoncé dimanche soir la composition du nouveau gouvernement, contraint à former une coalition après le revers cuisant de son parti le Congrès national africain (ANC) aux législatives fin mai.
Voici les principaux défis que le « gouvernement d’union nationale », qui rallie le premier parti d’opposition aux tendances libérales (Alliance démocratique, DA) tout comme le parti nationaliste zoulou (Inkatha Freedom Party, IFP) et d’autres petits partis, aura à relever.
– Un tiers du pays au chômage
Relever l’économie en berne de la première puissance industrielle du continent a été une promesse forte des partis pendant la campagne et notamment de la DA, qui prône une large libéralisation allant à rebours des politiques sociales de l’ANC.
Le pays de 62 millions d’habitants est accablé par un taux de chômage parmi les plus élevés au monde, des millions de Sud-Africains vivant dans la pauvreté ou des aides sociales.
Selon les chiffres officiels, un tiers de la population active est aujourd’hui sans emploi, contre un quart quinze ans plus tôt. Le chômage est notamment alimenté par une croissance faible, à 0,6% en 2023.
Les jeunes nés depuis le début des années 1990 et qui n’ont jamais connu l’apartheid, appelés les « born free » (nés libres), sont les premières victimes du chômage qui touche près de 45,5% d’entre eux.
– Frictions sur la diplomatie
Pretoria s’est au cours des derniers mois placé en pointe des efforts internationaux pour qualifier de génocide la guerre israélienne à Gaza. Sous l’égide de l’ANC, le pays a saisi la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye et Cyril Ramaphosa ainsi que de hauts dignitaires de l’ANC arborent depuis des mois des keffiehs en solidarité avec la cause palestinienne.
De son côté, la DA dit soutenir une solution à deux Etats et a marqué ses distances avec ce positionnement de l’ANC.
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L’an dernier, lors du sommet des Brics en Afrique du Sud, la DA a condamné les liens étroits entretenus par le gouvernement de l’ANC avec Moscou, qui a soutenu l’ex-mouvement de libération lors de la lutte contre l’apartheid.
La DA avait déposé un recours en justice pour réclamer que le gouvernement de l’ANC arrête le président russe Vladimir Poutine s’il entrait dans le pays pour assister au sommet, ce qu’il n’a pas fait.
– Pas d’eau, pas d’électricité
La réputation de l’ANC a été profondément ternie par la multiplication des affaires de corruption impliquant certains de ses hauts dirigeants, ce que l’opposition n’a eu de cesse de critiquer.
L’argent public a souvent été détourné au détriment des investissements dans les infrastructures pour assurer les principaux services de base. Les coupures d’eau sont fréquentes, souvent en raison de pannes.
Le pays est par ailleurs touché par une grave crise de l’électricité engendrant régulièrement des coupures. L’entreprise publique Eskom, lourdement endettée, ne produit pas suffisamment de courant dans ses centrales vieillissantes et mal entretenues qui fonctionnent quasi uniquement au charbon.
– Viols, vols et meurtres
Un meurtre toutes les 18 minutes et un viol enregistré toutes les 11 minutes, selon la police. L’Afrique du Sud connaît une criminalité record et en constante hausse.
Le taux d’homicide par habitant est l’un des plus élevés au monde dans un pays non impliqué dans un conflit.
Cette criminalité, que la police en manque de moyens a bien du mal à endiguer, est notamment engendrée par l’activité de gangs et une large circulation illégale d’armes à feu.
Source: Agence France-Presse