Souvent considéré comme un oiseau mystérieux, le corbeau fascine encore. Une étude américaine récente révèle une mémoire sociale exceptionnellement tenace.
Une étude récente, dirigée par le professeur John Marzluff à l’Université de Washington, révèle que le corbeau garde rancune dix-sept ans. Cette capacité étonnante place l’oiseau au plumage noir parmi les animaux les plus intelligents, au même rang que certains primates. Les chercheurs ont observé plusieurs corbeaux interagir avec des humains les ayant aidés ou maltraités dans un cadre expérimental encadré.
Résultat : les corbeaux reconnaissent les visages humains et mémorisent précisément les bons ou mauvais comportements subis dans le passé. Un individu ayant maltraité un corbeau peut être attaqué ou ignoré. Ceci peut arriver même plusieurs années après ce premier contact agressif ou hostile. À l’inverse, ceux qui leur apportent régulièrement de la nourriture sont reconnus positivement par les corbeaux pendant de longues périodes.
Ces oiseaux possèdent une mémoire sociale très développée, leur permettant d’identifier clairement les alliés et les ennemis de leur groupe. Le comportement a été observé dans les forêts nord-américaines où vivent des corbeaux en groupes structurés, hiérarchisés et très organisés. L’étude montre que cette rancune durable sert à éviter les menaces et à renforcer les liens entre membres d’une même communauté.
Il ne s’agit pas ici d’un simple réflexe instinctif, mais bien d’une stratégie cognitive révélant l’intelligence émotionnelle complexe de l’espèce. Les scientifiques souhaitent désormais élargir cette recherche à d’autres espèces proches comme les geais ou les pies bavardes.
Selon les observations, certains corbeaux n’ayant jamais été agressés apprennent par imitation à se méfier d’un visage identifié comme menaçant.
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Cet oiseau incarne la mémoire
Dans plusieurs cultures traditionnelles, cet oiseau incarne la mémoire, le mystère, ou encore la malédiction à cause de comportements troublants. Les résultats publiés en 2024 confirment une rancune active observée jusqu’en 2023, soit dix-sept ans après la toute première expérience. Cette transmission sociale suggère une forme de culture animale, fondée sur la mémoire collective et la reconnaissance faciale durable.
Ainsi, le corbeau ne se contente pas de voler. Il juge, mémorise, transmet et peut se souvenir d’une offense pendant longtemps. Ces données renforcent l’image d’un animal rusé, observateur, stratège, capable de nourrir des émotions complexes comme la rancune tenace. Alors, la prochaine fois que vous croisez un corbeau, souvenez-vous : il pourrait bien se souvenir de vous… pendant très longtemps.