Gaza sous pression après une nouvelle journée de bombardments. Jeudi, Israël a intensifié son offensive terrestre sur Gaza-ville, ciblant massivement la zone. Les frappes ont provoqué de nouveaux déplacements vers le sud. Selon l’armée, quatre soldats israéliens ont été tués dans cette région.
Sur la route côtière, longeant la bande de Gaza, des foules fuient vers le sud. À pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes, les familles avancent, leurs affaires entassées à la hâte. Les journalistes de l’AFP, présents sur place, décrivent une scène de fuite massive et désespérée.
Fort du soutien américain, Israël a annoncé le début mardi d’une campagne militaire terrestre et aérienne à Gaza-ville, dans le nord du territoire palestinien, pour y anéantir le Hamas, dont l’attaque du 7 octobre 2023 en Israël a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
Israël a riposté à l’attaque par une offensive dévastatrice. Les bombardements ont causé des dizaines de milliers de morts. Le territoire, déjà sous blocus, s’enfonce dans un désastre humanitaire. Depuis près de deux ans, environ deux millions de Palestiniens ont été déplacés à plusieurs reprises.
– « Dieu, envoie un missile » –
Dans le quartier Nasser, à l’ouest de Gaza-ville, Aya Ahmad vit avec 13 membres de sa famille. Elle décrit une situation insoutenable : « Il y a des tirs d’artillerie, des frappes aériennes, des tirs de quadricoptères et de drones. Les bombardements ne s’arrêtent jamais. » Son témoignage, marqué par l’épuisement et la peur, reflète la violence quotidienne subie par les civils.
Jeudi, l’hôpital al-Chifa a reçu 33 corps de victimes tuées par les bombardements israéliens. Le directeur de l’établissement, Mohammed Abou Salmiya, a confirmé ce bilan. Ce chiffre, en constante augmentation, témoigne de l’intensité des frappes sur Gaza. Dans ce contexte, les structures médicales peinent à faire face à l’afflux de blessés.
En raison des restrictions imposées aux médias à Gaza, l’AFP ne peut pas vérifier les informations de manière indépendante. Les difficultés d’accès sur le terrain compliquent encore cette vérification. Dans ce contexte, les données communiquées par les différentes parties restent non confirmées par des sources tierces.
– Déplacements massifs, hôpitaux débordés et détresse civile selon l’OMS –
Selon Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’OMS, l’incursion militaire dans le nord de Gaza provoque de nouvelles vagues de déplacements. Les ordres d’évacuation, lancés par l’armée israélienne, forcent des familles traumatisées à s’entasser dans des zones de plus en plus réduites. Cette situation, décrite sur X, illustre l’aggravation de la crise humanitaire.
Selon lui, les hôpitaux sont déjà débordés et proches de l’effondrement. L’escalade de la violence bloque l’accès aux structures médicales. En conséquence, l’OMS ne parvient plus à livrer les fournitures vitales. Ce blocage aggrave la crise sanitaire et met en péril les soins d’urgence.
Mercredi, Shadi Jawad, 47 ans, a fui son domicile avec sa famille. Il décrit une scène de chaos : « Des foules partout, le fracas des explosions, des femmes et des hommes qui pleurent et crient en marchant, chargés de leurs affaires. » Son témoignage, poignant, reflète l’angoisse des civils pris au piège des combats.
En chemin, il raconte avoir levé les yeux au ciel. Dans un souffle, il a prié : « Mon Dieu, envoie un missile pour nous emporter et nous soulager », confie-t-il. Ce témoignage, chargé d’émotion, reflète l’extrême détresse vécue sur le terrain.
L’ONU estimait fin août à environ un million le nombre d’habitants dans la ville de Gaza et ses environs. L’armée israélienne a affirmé que « plus de 350 000 » personnes avaient fui la zone.
– Réunion du Conseil de sécurité –
Depuis le lancement de l’assaut terrestre, l’armée israélienne affirme avoir frappé plus de 150 cibles dans la ville de Gaza. Cette opération, largement condamnée à l’international, suscite aussi des critiques en Israël. Une partie de la population s’inquiète pour les otages toujours retenus dans la bande de Gaza. Ce climat de tension reflète les divisions internes et les pressions diplomatiques croissantes.
L’ONU a déclaré la famine à Gaza, ce que dément Israël. Mardi, une commission d’enquête indépendante mandatée par l’ONU a établi qu’Israël commettait un génocide contre les Palestiniens à Gaza. Israël a aussi nié.
Jeudi, l’armée israélienne a recommandé de suspendre l’aide humanitaire en provenance de Jordanie. Cette décision fait suite à une attaque au point de passage d’Allenby, entre la Cisjordanie occupée et la Jordanie. Deux soldats israéliens ont été tués. Amman, qui a condamné l’attentat, a précisé que l’auteur était un Jordanien. Il conduisait un camion d’aide destiné à Gaza.
Jeudi, l’armée israélienne a signalé une nouvelle attaque sur la ville portuaire d’Eilat, située sur la mer Rouge. Un drone venu de l’est a frappé la zone. Dans le même temps, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté. Depuis le 7 octobre, les rebelles houthis mènent régulièrement des attaques contre Israël. Ces frappes illustrent l’élargissement régional du conflit.
– bilan humain dramatique –
Le 7 octobre, une attaque a coûté la vie à 1 219 personnes en Israël, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. La majorité des victimes étaient des civils. Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. À ce jour, 47 sont encore retenues à Gaza. Parmi elles, l’armée israélienne a déclaré 25 otages morts.
Jeudi, l’armée israélienne a confirmé la mort de quatre soldats dans le sud de la bande de Gaza. Depuis le 27 octobre 2023, date du lancement de l’offensive terrestre, les combats ont coûté la vie à 472 soldats israéliens. Ce bilan, en constante évolution, souligne l’intensité des affrontements dans le territoire palestinien.
Depuis l’attaque du 7 octobre, les représailles militaires israéliennes ont causé la mort de 65 141 personnes. Selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas, la majorité des victimes sont des civils. L’ONU considère ces données comme fiables. Ce bilan humain souligne l’ampleur de la crise et la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat.
Jeudi, les États-Unis, alliés d’Israël, ont une nouvelle fois bloqué l’adoption d’un texte au Conseil de sécurité de l’ONU. Ce texte réclamait un cessez-le-feu immédiat et un accès humanitaire à Gaza. Malgré les appels internationaux, Washington a opposé son veto. Cette décision prolonge l’impasse diplomatique et aggrave la crise humanitaire. En conséquence, les négociations restent suspendues.
Source : Agence France-Presse