Le Conseil de sécurité a tranché et choisi une voie controversée. Par son vote, il sanctifie le plan de Donald Trump et autorise une force internationale à Gaza. Cette présence vise à stabiliser un territoire ravagé après deux années de conflit. Pourtant, les cessez‑le‑feu restent précaires et la paix promise reste conditionnelle.
Les États-Unis ont forcé la main. Ils ont menacé l’éclatement du fragile accord si le Conseil restait paralysé. La tension a pesé dans la salle comme un orage retenu.
Treize voix ont suivi l’initiative américaine; deux grandes puissances ont résisté par l’abstention. La décision se lit comme un pari: stabiliser un territoire ravagé ou attiser de nouvelles colères. Gaza devient un champ d’épreuve pour la diplomatie mondiale. Le symbole est lourd: une force extérieure promise pour contenir une guerre que personne n’a su prévenir.
Treize membres ont voté pour le texte. L’ambassadeur américain à l’ONU, Mike Waltz, l’a qualifié d’« historique et constructif ». La Russie et la Chine se sont abstenues.
La résolution américaine, plusieurs fois modifiée, endosse le plan du président Trump. Ce plan a permis l’instauration, le 10 octobre, d’un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas. La bande de Gaza reste ravagée après deux années de guerre déclenchée par l’attaque du 7 octobre 2023. Le texte a été façonné lors de négociations sensibles.
Le texte autorise la création d’une force de stabilisation internationale (ISF). Elle doit appuyer la sécurisation des frontières avec Israël et l’Égypte, démilitariser Gaza, désarmer les groupes armés non étatiques, protéger les civils et former une police palestinienne.
La composition de cette force n’est pas évoquée.
La résolution, soutenue par l’Autorité palestinienne, crée un Comité de la paix. Ce Comité exercera la gouvernance de transition à Gaza jusqu’au 31 décembre 2027. Le plan annexé en 20 points prévoit que Donald Trump préside ce Comité. La mesure s’inscrit dans la logique du mandat international et de la réforme de l’Autorité palestinienne.
La résolution évoque désormais la possibilité d’un État palestinien. Après la réforme de l’Autorité palestinienne et l’avancée de la reconstruction de Gaza, « les conditions pourraient enfin être en place pour un chemin crédible vers une autodétermination palestinienne et un statut d’État », dit le texte.
Netanyahu a répété son refus catégorique d’un État palestinien. « Notre opposition à un État palestinien sur quelque territoire que ce soit n’a pas changé », a-t-il insisté en ouvrant le conseil des ministres.
Itamar Ben Gvir a appelé à l’arrestation de Mahmoud Abbas si l’ONU reconnaît un État palestinien. Il a aussi préconisé l’élimination ciblée de hauts responsables de l’Autorité palestinienne. La déclaration vient d’un ministre de l’extrême droite et a déclenché une vive polémique.
Avant le vote, la revendication a claqué devant les caméras. Danny Danon l’a posée comme condition non négociable : ramener les dépouilles des trois derniers otages à Gaza. Mike Waltz a renforcé cette exigence côté américain, faisant de la restitution des corps un point d’honneur diplomatique.
La demande vise à transformer un traumatisme en étape politique. Elle porte une double charge : exigence de dignité pour les familles et pression stratégique pour obtenir des concessions et garanties. Symboliquement, réclamer les corps, c’est rendre visible l’obstacle humain au règlement — et rappeler que la paix se heurte d’abord aux morts qu’on n’a pas rendues.
– Objections russes –
La France a voté en faveur de la résolution et la juge utile pour les besoins urgents des populations et pour soutenir les efforts de paix en cours. Une source diplomatique française affirme que le texte inclut des références à la perspective d’un État palestinien. La résolution donne mandat à une force internationale et à un Comité de la paix pour une gouvernance transitoire à Gaza.
La Russie a diffusé un texte concurrent au projet américain. Elle a expliqué l’initiative par le fait que la résolution américaine n’allait pas assez loin sur la solution à deux États. Moscou affirme un engagement indéfectible en faveur d’une solution à deux États.
Le texte russe, également consulté par l’AFP, n’autorise ni la création d’un Comité de la paix ni le déploiement d’une force à ce stade, demandant au secrétaire général de l’ONU de proposer des « options » en la matière.
D’autres États membres ont exprimé des réticences, s’inquiétant d’un manque de clarté dans les mandats du Comité de la paix et de l’ISF.
Face à ce qu’ils ont qualifié de « tentatives de semer la discorde », les États-Unis ont redoublé d’efforts ces derniers jours pour pousser le Conseil à donner son feu vert.
– Paix imposée ou conflit renouvelé –
Mike Waltz a transformé l’appel diplomatique en ultimatum médiatique. Dans un texte publié dans le Washington Post, l’ambassadeur américain à l’ONU a posé le vote comme un choix binaire : soutenir la résolution ou accepter le retour de la violence et la domination du Hamas.
Les mots servent d’outil de pression. Ils visent à délégitimer l’hésitation au Conseil et à contraindre les indécis en opposant paix conditionnelle et chaos annoncé.
Symboliquement, l’avertissement fait basculer la parole diplomatique vers la logique du risque moral : ne pas voter, c’est prendre la responsabilité — aux yeux des États‑Unis — des morts et des guerres à venir. La formulation cherche à faire peser sur chaque abstention le poids des vies que l’on dit vouloir éviter, tout en occultant la complexité politique qui nourrit ces mêmes violences
Les États‑Unis ont souligné l’ampleur du soutien au texte. Ils ont publié une déclaration commune avec le Qatar, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, l’Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie. La déclaration appelle à une adoption rapide de la résolution et affirme un appui conjoint au plan américain.
Source: Agence France-Presse
















