Le Conseil constitutionnel a tranché et le recours de Maurice Kamto a été rejeté le 05 aout dernier. Sa candidature à la présidentielle du 12 octobre prochain est donc invalidée. La décision tant attendue a provoqué une vague de réactions dans le pays.
Pour Benji Mateke, artiste musicien, le verdict n’est pas une surprise. « Comme un film sans suspense, le verdict est finalement tombé sans grand étonnement. Si c’était une chanson, on pourrait simplement l’appeler « un remix » », ironise-t-il. Mais il se veut optimiste : « Le changement viendra j’en suis convaincu ; peut-être pas de la façon dont nous l’aurions souhaité, mais c’est un chemin désormais irréversible. »
L’Union démocratique du Cameroun (Udc) dénonce des décisions « incohérentes, non fondées voire fallacieuses ». Selon le parti, le rejet de la candidature de Maurice Kamto et l’annulation de celle d’Hilaire Dzipang illustrent un « acharnement orchestré par un régime aux abois, qui caporalise les institutions contre les adversaires politiques ». L’Udc alerte sur « l’effritement dangereux de la paix sociale » et appelle la communauté internationale à suivre de près le déroulement de l’élection.
« C’est une sorte de sorcellerie »
Philippe Nanga, coordinateur de l’Ong Un Monde Avenir, déplore lui aussi la décision. Au micro de RFI, il parle d’« étranglement de la démocratie » et d’une décision « plus politique qu’une décision de droit ».
Selon lui, Maurice Kamto avait pris toutes les précautions légales pour pouvoir se présenter. « Il y avait beaucoup d’évidence qui donnaient à monsieur Kamto le droit de participer à cette élection. C’était une grosse déception pour les acteurs qui suivent les questions de démocratie dans notre pays. Nous pouvons constater qu’il y a une sorte d’acharnement sur un individu qui s’emploie à animer la vie politique, à construire la démocratie et à amener les Camerounais à s’approprier le droit à prendre part à la vie politique du pays. J’ai envie de dire que c’est une sorte de sorcellerie comme on dit ici chez nous. Je suis sûr que si le Manidem n’avait pas présenté Maurice Kamto à la présidentielle, personne ne serait aujourd’hui en train de dénier la qualité de président à monsieur . » Souligne-t-il.
« Authentique coup d’État politique »
Du côté du Manidem, le ton est encore plus dur. Dans un communiqué signé ce 06 aout 2025, le parti parle d’un « authentique coup d’État politique ». Et accuse le Conseil constitutionnel d’agir sous l’influence du Rdpc. Le Manidem affirme que la décision repose sur des faux produits par l’administration territoriale. Le parti exhorte les Camerounais à « ne pas se décourager » et insiste sur la nécessité de « tourner la page Biya et de son clan ».
Entre critiques, dénonciations politiques et analyses de la société civile, le rejet de Maurice Kamto cristallise les inquiétudes autour de l’équité des prochaines élections. Pour certains, il s’agit d’un coup dur pour la démocratie camerounaise.