Le chef de la diplomatie iranienne a estimé mardi qu’un accord pouvait être trouvé avec les Etats-Unis sur le dossier nucléaire si Washington faisait preuve de bonne volonté, avant des pourparlers prévus samedi à Oman.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, participera à ces pourparlers avec pour « objectif principal », a-t-il dit, d’obtenir la levée des sanctions américaines, rétablies en 2018 par Donald Trump et qui étranglent l’économie iranienne.
Le président américain, qui recevait le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a créé la surprise lundi en annonçant que Washington menait des discussions « directes » avec l’Iran sur son programme nucléaire, alors que les deux pays n’ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.
Après cette annonce, Benjamin Netanyahu, tenant d’une ligne dure face à Téhéran, a jugé « inévitable » l’option militaire contre l’Iran si ces discussions traînent.
L’Iran rejette la proposition de Trump de négocier directement avec les Etats-Unis
Réagissant aux propos de M. Trump, l’Iran s’est dit prêt à discuter mais rejette tout dialogue direct sous la menace et la pression. « Ces négociations seront menées de manière indirecte et nous n’accepterons aucune autre forme de négociation », a réaffirmé mardi M. Araghchi, cité par l’agence officielle Irna.
Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l’arme nucléaire. L’Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.
En mars, Donald Trump a adressé une lettre à l’Iran appelant à des négociations sur le nucléaire, en vue de remplacer le précédent accord international, devenu caduc depuis que Washington s’en est retiré en 2018.
Mais il a également menacé de bombarder l’Iran en cas d’échec de la diplomatie et pris des sanctions supplémentaires à l’encontre du secteur pétrolier iranien.
Lundi, le président américain a annoncé que les Etats-Unis menaient des discussions « directes » avec l’Iran et qu’une rencontre « à très haut niveau » était prévue samedi.
Il a affirmé que si un nouvel accord était trouvé, il serait « différent et peut-être beaucoup plus robuste » que le précédent. Mais il a ajouté que l’Iran serait « en grand danger » si les discussions n’aboutissaient pas.
– « On fait exploser les installations » –
« Pour aller de l’avant aujourd’hui, nous devons d’abord convenir qu’il ne peut y avoir d’+option militaire+, et encore moins de +solution militaire+ », a dit le ministre iranien des Affaires étrangères dans une rare tribune publiée mardi dans le Washington Post.
Dans une vidéo publiée après l’annonce du président américain, le Premier ministre israélien a affirmé: avec M. Trump, « nous sommes d’accord sur le fait que l’Iran ne doit pas avoir l’arme nucléaire ».
« Cela peut se faire par un accord, mais uniquement (du genre): on entre, on fait exploser les installations, on démantèle tout l’équipement, sous supervision américaine avec mise en oeuvre américaine, ça serait bien », a-t-il ajouté.
Mais « la deuxième option, si ce n’est pas le cas, c’est (que les Iraniens) fassent traîner les discussions, et alors l’option militaire devient inévitable », a-t-il averti.
A Washington, le département d’Etat a confirmé que l’émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff participera aux discussions avec l’Iran samedi à Oman.
« Il ne s’agit pas d’une négociation », a déclaré la porte-parole du département d’Etat Tammy Bruce, parlant plutôt de « déterminer ce qui est possible dans les conversations » avec Téhéran. Il s’agit d’une « prise de contact. C’est une rencontre, pas une négociation », a-t-elle insisté.
– « Désescalade des tensions » –
L’Iran doit également avoir mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.
Le Kremlin s’est dit mardi favorable aux discussions annoncées par Donald Trump.
« Nous savons que certains contacts directs et indirects sont prévus à Oman. Et, bien sûr, on ne peut que saluer cela car cela peut conduire à une désescalade des tensions autour de l’Iran », a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
L’accord conclu en 2015 entre l’Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni), plus l’Allemagne, prévoyait la levée de certaines sanctions internationales en échange d’un encadrement du programme nucléaire iranien.
En 2018, Donald Trump a retiré avec fracas son pays de l’accord et rétabli les sanctions. En représailles, l’Iran a pris ses distances avec le texte et accéléré son programme nucléaire.
L’Iran et les Etats-Unis n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980. Les deux pays échangent toutefois indirectement par le biais de l’ambassade de Suisse à Téhéran. Oman a également joué un rôle de médiateur dans le passé, comme le Qatar dans une moindre mesure.
Source : Agence France-Presse