Le classement 2025 de V-Dem Institut révèle un recul de la démocratie en Afrique subsaharienne. Si certains pays réussissent des alternances pacifiques, la majorité reste sous des régimes autoritaires. Le Cameroun, classé parmi les autocraties électorales, demeure encore loin des nations les plus démocratiques du continent.
Selon le classement 2025 de V-Dem Institut, la démocratie recule en Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, 64 % de la population vit sous des régimes autocratiques électoraux. Certains pays, toutefois, progressent grâce à des alternances pacifiques, mais la majorité reste sous le contrôle de régimes autoritaires. Dans ce contexte, le Cameroun figure encore parmi ces autocraties, loin des nations les mieux classées.
Pour mieux comprendre cette situation, il faut examiner la méthode de V-Dem. L’institut utilise plusieurs indices. Tout d’abord, l’indice de démocratie libérale combine libertés publiques et régularité des élections. Ensuite, l’indice de composante libérale évalue l’équilibre des pouvoirs et la protection des droits fondamentaux.
Enfin, la démocratie électorale est mesurée par la liberté de la presse, l’existence de censure, le harcèlement des journalistes et le fonctionnement des médias. Ainsi, ces critères révèlent la réalité politique d’un pays, bien au-delà du simple fait d’organiser un vote.
Cela dit, cette situation n’étonne plus vraiment les Camerounais. En effet, depuis plusieurs années, le pays peine à améliorer ses indicateurs démocratiques. Les libertés publiques restent limitées, les institutions manquent d’indépendance et la transparence électorale est faible. Le nouveau classement de V-Dem vient confirmer ce que beaucoup observent au quotidien.
Seuls deux pays atteignent le statut
Dans le panorama africain, seuls deux pays atteignent le statut de démocraties libérales : les Seychelles et l’Afrique du Sud. Sur 55 pays, 13 sont considérés comme des démocraties électorales, où les scrutins sont relativement libres et les institutions fonctionnent correctement. Cela montre à quel point la démocratie reste fragile sur le continent.
Pour illustrer cette progression, les Seychelles sont en tête. Le pays organise des élections libres et connaît des alternances pacifiques. Le nouveau président, Patrick Herminie, a été élu récemment, et son prédécesseur a reconnu sa défaite. Un geste encore rare en Afrique.
L’Afrique du Sud occupe la deuxième place. Malgré des tensions internes, son système politique reste solide. Le parti historique ANC a perdu sa majorité pour la première fois en trente ans, et les résultats ont été acceptés par tous, signe de maturité démocratique.
La catégorie des démocraties
Dans la catégorie des démocraties électorales, plusieurs pays se distinguent. Le Cap-Vert est stable depuis l’adoption du multipartisme en 1990. Le Ghana est un exemple pour ses alternances pacifiques depuis les années 1990. Le Lesotho organise de nouvelles élections dès qu’il existe des irrégularités majeures. Quant à Sao Tomé-et-Principe, il reste une démocratie parlementaire malgré quelques crises.
Le Sénégal, lui, n’a jamais connu de coup d’État militaire depuis 1960. Enfin, la Namibie, le Nigeria et la Zambie sont des démocraties « grises » : les élections y sont parfois contestées, mais globalement fonctionnelles. Ainsi donc, le Cameroun reste dans la catégorie des autocraties électorales. Les élections existent, mais elles ne garantissent pas une vraie compétition.
Les libertés publiques sont limitées, les journalistes sont parfois arrêtés et la presse subit des pressions. De plus, le pouvoir reste très centralisé et l’alternance politique semble presque impossible. Ainsi, le pays est encore loin des standards des nations les mieux classées, où les élections sont libres, les libertés protégées et les institutions solides.
