À trois jours du scrutin, la Côte d’Ivoire s’enfonce dans ce que Laurent Gbagbo qualifie de « coup d’État civil ». Écarté de la course présidentielle, l’ancien chef d’État soutient les protestataires et dénonce un « braquage électoral » orchestré par le pouvoir. Il refuse de cautionner un processus qu’il juge verrouillé, accusant le régime d’avoir neutralisé toute alternance réelle.
Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, reste le favori. Mais le climat politique s’est durci. L’exclusion de figures majeures, les interdictions de manifester et les arrestations massives ont ravivé les tensions. L’élection se joue dans un contexte de verrouillage et de défiance.
L’opposition dénonce un verrouillage électoral. Gbagbo et Thiam, ses deux figures majeures, sont exclus du scrutin. En face, Ouattara brigue un quatrième mandat à 83 ans, après quatorze ans au pouvoir. Le rapport de force est faussé. Et la légitimité du processus est contestée.
Dans une interview au média panafricain AFO Media, M. Gbagbo, 80 ans, a affirmé son « soutien » à ceux qui « manifestent contre ce braquage électoral ».
Le PPA-CI et le PDCI ont appelé à manifester. Le pouvoir a interdit ces rassemblements, invoquant des risques de troubles à l’ordre public. L’opposition dénonce une répression politique. Et le climat se durcit à l’approche du scrutin.
Mercredi, Laurent Gbagbo a toutefois précisé qu’il n’appelait pas ses partisans à « descendre dans la rue ». Aucun cadre d’opposition n’a été vu dans des manifestations ces derniers jours.
– « Je n’accepte pas ça » –
« On a écarté ma candidature, de même qu’on a écarté la candidature de Tidjane Thiam. Ceux qui peuvent gagner ces élections ont été écartés. Je n’accepte pas ça », a-t-il souligné.
Sa candidature et celle de M. Thiam ont été rejetées par le Conseil constitutionnel, en raison de leur radiation de la liste électorale.
M. Gbagbo en est absent pour une condamnation pénale liée à la crise post-électorale de 2010-2011 et M. Thiam pour des questions de nationalité.
Depuis mi-octobre, quatre morts en marge des manifestations. Parmi eux, un gendarme tué dans une embuscade dans le sud. Le climat sécuritaire se dégrade. Et la campagne vire à l’affrontement.
Près de Yamoussoukro, un homme de 46 ans a été tué. Il aidait des gendarmes à démanteler des barricades. Une pierre l’a frappé à la tête. Le procureur de Toumodi confirme les faits. La violence gagne le cœur politique du pays.
Des protestations éclatent sporadiquement dans le sud, l’ouest et le centre du pays. Yamoussoukro, bastion historique de l’opposition, n’échappe pas à la colère. Le terrain se crispe. Et la rue redevient un espace de défi.
– Laurent Gbagbo refuse de soutenir un candidat –
Plus de 700 arrestations en quelques jours. Certaines pour des faits qualifiés d’ »actes de terrorisme », selon le procureur Oumar Braman Koné. Au moins 60 condamnations à trois ans de prison ferme pour troubles à l’ordre public. La répression s’intensifie. Et le climat pré-électoral se durcit.
La justice exclut Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam du scrutin. En réponse, quatre candidats défient Alassane Ouattara dès le premier tour, samedi. L’opposition se réorganise, malgré les disqualifications.
Face à Ouattara, quatre candidatures dissidentes. Jean-Louis Billon, ex-ministre et dissident du PDCI. Simone Gbagbo et Ahoua Don Mello, anciens proches de Laurent Gbagbo, sont désormais en rupture. Henriette Lagou, seule figure récurrente, déjà candidate en 2015. Une opposition éclatée, sans figure centrale.
Mercredi, Laurent Gbagbo a par ailleurs affirmé qu’il ne soutiendrait aucun candidat à l’élection. « On ne soutient personne. Et on ne soutient même pas la dynamique électorale », a-t-il lancé.
Laurent Gbagbo annonce son retrait. Après les législatives de décembre, il ne briguera plus la direction du PPA-CI. Il tourne une page. Et refuse de jouer un rôle institutionnel dans l’après-scrutin.
« Je vais prendre mon temps pour moi-même et pour ma petite famille. Enfin, je vais vivre un peu, écrire. Il y a des moments où il faut arrêter certaines choses », a-t-il dit.
Laurent Gbagbo refuse la retraite, mais renonce aux fonctions politiques. Ni au sein de son parti, ni dans l’État, il n’occupera de poste. Il se retire du pouvoir, sans se retirer du combat.
Source: Agence France-Presse