Cacao responsable : la France en retard face à ses voisins européens. Travail des enfants, déforestation… Un rapport publié mercredi par des ONG et des labels du commerce équitable pointe les failles de l’approvisionnement français en cacao durable. Les auteurs dénoncent un « État aux abonnés absents », incapable de jouer son rôle dans la gouvernance de la filière.
Une « initiative française pour un cacao durable » (IFCD) avait été lancée en 2021 sous la houlette des ministres du Commerce extérieur et de la Biodiversité, réunissant industrie, distributeurs, ONG, gouvernement, autour d’engagements à fournir un revenu décent aux planteurs d’ici 2030, accélérer la lutte contre le travail des enfants et supprimer les approvisionnements issus de la déforestation d’ici 2025.
Quatre ans après son lancement, l’initiative déçoit. Elle ne constitue pas un outil efficace de transformation. En comparaison, les plateformes public-privé en Allemagne, Belgique, Suisse et aux Pays-Bas montrent de meilleurs résultats. Ce constat provient d’un rapport commandé par les ONG de l’IFCD : Agronomes et Vétérinaires sans Frontières, Care, Commerce Équitable France, Max Havelaar France, Nitidae, Rainforest Alliance et WWF.
Selon ce rapport qui compare les données déclarées par les plateformes, seulement 36 % du cacao transformé et fabriqué en France étaient considérés en 2023 comme « zéro déforestation », avec une progression quasi nulle en un an (+0,4 %). En Allemagne, c’était 50 %.
– Des revenus toujours trop faibles pour les producteurs –
La rémunération des cacaoculteurs reste très inégale. La France affiche un taux de producteurs au-dessus du seuil de revenu décent bien inférieur à ses voisins européens : seulement 1,8 %, contre 12 % en Belgique et 11 % en Allemagne. De plus, cette donnée ne concerne que 9 % des producteurs. Ce faible taux soulève des questions sur la représentativité et l’efficacité des mesures françaises.
L’IFCD rapporte que 32 % des ménages de producteurs sont couverts par des systèmes de prévention du travail des enfants. En comparaison, la Belgique atteint 45 %, et les Pays-Bas 54 %. Ce décalage souligne un besoin urgent d’amélioration.
« C’est une grosse déception », dit à l’AFP Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar. « On a le sentiment que l’État n’a pas joué le jeu. Il échoue comme État stratège à animer une plateforme, alors qu’on a fait le job, on a rassemblé tout le monde. »
Les ONG dénoncent le retrait de l’État. Il refuse de participer à la gouvernance de l’initiative. En comparaison, d’autres gouvernements soutiennent activement le projet. Ce contraste soulève des inquiétudes sur l’engagement public.
La filière doit agir vite. Dans l’immédiat, elle lance un sprint de traçabilité sur 12 mois. Objectif : passer de 49 % à 100 % de cacao tracé jusqu’à la parcelle. Ainsi, elle renforce la transparence et répond aux exigences croissantes du marché.
« Noël après Noël, Pâques après Pâques, le consommateur reste avec ses questions lancinantes » sur l’impact de ses achats, souligne M. Desbordes.
Sollicité par l’AFP, le ministère de la Transition écologique n’a pas répondu dans l’immédiat.
Source : Agence France-Presse