L’affaire Conceiçao secoue le football camerounais depuis quelques jours. Alors que la Fifa menaçait de sanctions sévères, l’État est intervenu pour préserver l’image du pays. Pourtant, le Minsep et la Fecafoot continuent de s’affronter, alimentant une querelle publique par voie de communiqué.
Antonio Conceiçao, licencié en 2022 avait saisi la Fifa après son éviction. L’instance faitière du football mondial avait jugé ce licenciement abusif et a ordonné le versement d’une compensation. Le 20 février 2025, l’affaire a refait surface grâce à un document relayé sur les réseaux sociaux. Ledit document renseigne que la Fifa avait sommé la Fecafoot de régler cette dette avant la fin de l’année 2024. À défaut, le Cameroun risquait des sanctions, incluant l’exclusion des prochaines compétitions internationales, comme les éliminatoires de la Coupe du monde.
Face à cette menace, le gouvernement a pris la décision de régler la dette. Le 21 février 2025, sur hautes instructions du président de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, a instruit de procéder au paiement. Il s’agit d’un montant de 1.212.336.810 Fcfa, pour éviter des conséquences graves.
Le Minsep reproche, la Fécafoot rejette
Le Minsep reproche à la Fecafoot d’être seule responsable de cette situation financière délicate. Le ministère affirme que la Fecafoot a failli dans sa gestion financière, comme l’indique la Fifa. Il l’invite à adopter une gestion plus rigoureuse et à éviter de prendre des décisions impulsives qui nuisent à l’image du pays. « Elle doit s’abstenir à l’avenir de toute décision hâtive et impulsive qui soit de nature à impacter négativement l’image de notre pays et à induire des dépenses supplémentaires inutiles ».
De son côté, la Fecafoot rejette les accusations et défend son action. Selon l’instance, le licenciement de Conceiçao en juillet 2022 a été acté lors d’une réunion présidée par le ministre des Sports et validé par le chef de l’Etat. Elle estime donc que la Fifa ne pouvait pas la désigner comme l’unique responsable. De plus, la Fecafoot rappelle que d’autres entraîneurs, recrutés par le Minsep, ont été licenciés dans des conditions similaires sans que cela n’entraîne de conséquences financières similaires.
L’intervention de l’Etat est légitime
Ce conflit entre le Minsep et la Fecafoot suscite de vives réactions. L’analyste sportif Léandre Nzie souligne que l’intervention de l’État est légitime. Selon lui, le Cameroun a eu le tort de renouveler le contrat de Conceiçao avec des clauses trop avantageuses.
« C’est une fin malheureuse d’une collaboration entre deux parties que sont l’Etat du Cameroun et Sieur Antonio Conceiçao. Il faut dire que l’Etat du Cameroun a eu le malheur de recruter, puis de renouveler le contrat de Monsieur Conceiçao avec des clauses avantageuses du technicien (…). C’est donc de façon légitime que l’Etat du Cameroun qui est l’ordonnateur de la rupture de la collaboration avec le portugais a décidé de payer », explique-t-il.