Trump attaque la BBC : l’ancien président américain menace de déposer une plainte en diffamation contre le groupe audiovisuel britannique, qu’il accuse d’avoir manipulé l’un de ses discours dans un montage controversé. Il réclame au passage une indemnisation d’un milliard de dollars, dans ce qui s’annonce comme un affrontement judiciaire spectaculaire.
Lundi, le président de la BBC a présenté ses excuses, reconnaissant une « erreur de jugement ». Mais le mal est fait. Ce bras de fer dépasse le simple litige médiatique : il incarne une lutte plus vaste entre pouvoir politique et responsabilité journalistique, vérité et manipulation, image et influence.
Les avocats de Donald Trump passent à l’offensive. Dimanche, sur Truth Social, il traite les journalistes de la BBC de « corrompus » et « malhonnêtes ». Dans la foulée, ses avocats adressent une lettre à la BBC. Ils menacent de poursuites pour « déclarations fausses et diffamatoires ».
Ultimatum. Les avocats de Donald Trump exigent le retrait du documentaire avant vendredi, 17 h 00 à Washington (22 h 00 GMT). Ils réclament aussi des excuses. L’AFP a obtenu copie du courrier.
Si la BBC ne cède pas, Trump ripostera. Il entend faire valoir ses droits en engageant une action en justice, avec à la clé une demande d’indemnisation d’au moins un milliard de dollars. C’est écrit noir sur blanc.
La BBC temporise. « Nous allons examiner la lettre et y répondre en temps voulu », déclare un porte-parole. Pas de détail supplémentaire.
Donald Trump cible les médias. Il multiplie les menaces, les plaintes. Certains groupes cèdent. Ils paient des millions pour éviter le procès. La guerre est ouverte.
– « Contrôle renforcé » –
Symbole de rigueur et de service public, la BBC traverse une zone de turbulences. Longtemps adulée par les Britanniques, l’institution est aujourd’hui ébranlée par une série de polémiques.
La dernière en date : un documentaire de son emblématique magazine « Panorama », diffusé en octobre 2024, à la veille de l’élection présidentielle américaine. Ce reportage, accusé d’avoir déformé les propos de Donald Trump, a plongé la chaîne dans une tourmente médiatique et politique.
L’affaire cristallise les tensions entre journalisme d’investigation et responsabilité éditoriale, dans un contexte où chaque mot peut devenir une arme.
La BBC est accusée d’avoir manipulé un discours du 6 janvier 2021. Elle aurait monté des phrases prononcées à des moments différents. Résultat : l’impression que Donald Trump incitait ses partisans à aller au Capitole pour se « battre comme des diables ».
Conséquence immédiate : deux démissions. Dimanche, Tim Davie, directeur général de la BBC, et Deborah Turness, patronne de BBC News, quittent leurs fonctions. La polémique les emporte.
Lundi, Samir Shah s’excuse. Dans une lettre adressée à la commission parlementaire de la Culture et des Médias, le président du conseil d’administration de la BBC reconnaît une « erreur de jugement ». La chaîne tente de calmer la tempête.
Samir Shah promet des mesures. Il veut renforcer le contrôle éditorial. Mais il défend la BBC. Selon lui, le groupe a produit « des milliers d’heures d’un journalisme remarquable » ces dernières années.
Deborah Turness contre-attaque. Lundi, malgré sa démission, elle défend BBC News. Elle affirme qu’il n’y a « pas de partialité institutionnelle » dans la chaîne. Panorama reste sous pression.
– « Rôle vital » –
La tempête médiatique devient politique. La classe dirigeante britannique, quasi unanime, fustige la BBC pour sa gestion de l’affaire Trump. Cette vague de critiques survient à un moment délicat : le groupe audiovisuel public doit renégocier son contrat de mission décennal avec le gouvernement d’ici fin 2027.
Ce contexte ajoute une pression institutionnelle à la crise éditoriale. L’enjeu dépasse l’image. La BBC joue son avenir. Et son rôle dans la démocratie britannique. La crise est profonde.
Malgré la tempête, Downing Street soutient la BBC. Le porte-parole de Keir Starmer l’a affirmé : le gouvernement veut « une BBC forte et indépendante ». Message clair.
Le gouvernement insiste. « La BBC a un rôle vital dans une ère de désinformation », déclare le porte-parole de Keir Starmer. Mais il exige plus : qualité élevée, corrections rapides.
La BBC dépend de la redevance. Chaque année, 22,8 millions de foyers paient 3,8 milliards de livres (4,3 milliards d’euros). C’est sa principale source de revenus.
– « Séisme » –
C’est un coup porté à l’essence même de la BBC. « Sa réputation d’honnêteté, qui est son image de marque dans le monde, est maintenant ternie », affirme Karen Fowler-Watt, responsable du département Journalisme à l’université City St George’s de Londres.
Ce constat, sévère et lucide, souligne l’ampleur du séisme. Ce n’est plus seulement une crise éditoriale : c’est une remise en question de la confiance mondiale envers une institution longtemps considérée comme un phare de rigueur et d’impartialité.
Karen Fowler-Watt parle d’un « séisme ». Selon elle, l’affaire découle d’une « attaque de la droite ». Elle évoque des divisions internes et des nominations politiques au conseil d’administration de la BBC.
Michael Prescott alerte. Dans une note interne révélée par le Telegraph, l’ex-conseiller du comité des normes éditoriales de la BBC dénonce. Selon lui, les responsables ont nié toute faute, malgré le montage controversé du discours de Trump.
Samir Shah réfute. Lundi, il affirme que le sujet a bien été abordé avec l’équipe du programme. Mais il admet : des mesures « plus formelles » auraient dû être prises.
Source: Agence France-Presse
















