Le rappeur togolais Aamron, critique du pouvoir, a été arrêté vendredi matin à son domicile à Lomé. Son avocat, Me Célestin Agbogan, a confirmé l’interpellation à l’AFP. Cette arrestation, survenue deux jours après celle d’une ancienne ministre dissidente, relance les tensions politiques.
La première arrestation d’Aamron, en mai, avait déclenché des manifestations violentes. Les protestataires dénonçaient aussi la hausse du prix de l’électricité et la réforme constitutionnelle. Cette réforme, selon eux, permet à Faure Gnassingbé, 59 ans, de renforcer son pouvoir.
« Aamron a été arrêté et placé en garde à vue », a précisé Me Agbogan. Les accusations portent sur « trouble aggravé à l’ordre public », « appel au soulèvement populaire » et « incitation de l’armée à la révolte ». Ces motifs, selon ses proches, visent à museler une voix influente.
Le 30 août, Aamron avait tenté de manifester dans son quartier. Son initiative, en soutien à un appel à protester, n’a pas été suivie. Les forces de l’ordre l’ont rapidement bloqué.
– Internement forcé et libération controversée –
Aamron, de son vrai nom Narcisse Essowè Tchalla, avait été arrêté fin mai. Il affirme avoir été interné de force dans un hôpital psychiatrique. Sa libération, en juin, avait suivi des excuses publiques adressées à Faure Gnassingbé.
Son arrestation avait provoqué une vague de colère. Fin juin, des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes. Selon des ONG, au moins sept personnes ont été tuées.
Deux jours avant Aamron, une autre figure critique a été arrêtée. Marguerite Gnakadè, ancienne ministre des Armées et belle-sœur du président, a été interpellée à Lomé. Une source policière a confirmé son arrestation.
Marguerite Gnakadè avait publié plusieurs tribunes contre la gestion du pays. Dans une vidéo virale, elle appelait Faure Gnassingbé à démissionner. Son discours, largement relayé, a marqué une rupture avec le pouvoir.
Le 30 août, elle avait brièvement marché dans son quartier. Les forces de l’ordre, comme pour Aamron, l’ont rapidement stoppée. Ce geste, symbolique, a été interprété comme un acte de défi.
Fin août, le collectif Tournons la page-Togo (TLP-Togo) a dénoncé l’arrestation de deux de ses membres. Les ONG, face à la répression, alertent sur la restriction des libertés. Ce climat, selon elles, menace l’expression démocratique au Togo.
Source : Agence France-Presse