« Mon épouse et moi… »: par ces mots, débutent une grande partie des communiqués du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui donne à sa femme Sara une place qu’aucune de ses prédécesseurs n’a eue auparavant.
La présence cette semaine de Sara Netanyahu à Washington durant les rencontres officielles de son mari remet à la une la question de son rôle dans la politique israélienne.
Assise face au président américain Donald Trump lors du dîner officiel suivant la rencontre avec M. Netanyahu, on l’a vue aussi sur les photos officielles de la visite, depuis le départ du couple sur le tarmac de l’aéroport et lors de diverses rencontres publiques y compris lors de la visite au Pentagone de son époux.
A la veille du départ du couple pour Washington, le bureau du Premier ministre avait annoncé la démission de son porte-parole Omer Dostri, mais il a assuré plus tard dans un communiqué que son épouse n’était pas mêlée à cette décision, des journaux ayant dénoncé une possible implication de Sara Netanyahu.
Troisième femme de Benjamin Netanyahu et mère de deux de ses trois enfants, Sara Netanyahu fait régulièrement et depuis longtemps la une des journaux, notamment pour son implication présumée dans les décisions politiques de son mari.
– La « vraie Première ministre » –
Mariée à Benjamin Netanyahu depuis 1991 et âgée de 66 ans, soit 9 ans de moins que son mari, Sara Netanyahu a fait l’objet de plusieurs enquêtes, notamment pour corruption, fraude et abus de confiance et a été interrogée dans le cadre du procès en cours pour corruption de son mari.
Son personnage est caricaturé dans des émissions satiriques qui mettent en lumière ses tenues vestimentaires, son métier de psychologue pour enfants dont elle s’est souvent vantée mais surtout les soupçons d’ingérence dans les affaires de l’Etat.
Dans une vidéo de décembre 2024, après la diffusion d’une enquête sur son épouse sur la chaîne 12 (privée), que M. Netanyahu a qualifiée de « chasse aux sorcières », il a démenti les rumeurs selon lesquelles Mme Netanyahu était impliquée dans les nominations au sein de son cabinet ou qu’elle soit tenue au courant de secrets d’Etat.
En 2021, un ancien haut fonctionnaire avait raconté avoir vu un contrat signé entre les époux Netanyahu stipulant que la première dame avait voix au chapitre pour les nominations des chefs des services de sécurité israéliens.
– La véritable force derrière Benjamin Netanyahu –
Le bureau du Premier ministre avait réagi dans un bref communiqué dénonçant « un mensonge total » et l’ex-haut fonctionnaire avait perdu son procès intenté par l’avocat des Netanyahu pour diffamation.
Mais au fil des années, les rumeurs n’ont fait qu’enfler.
Et quand David Zini a été nommé nouveau chef du Shin Bet par le Premier ministre en mai, des journalistes israéliens y ont vu la main de Sara Netanyahu, supposée proche de l’entourage de M. Zini.
En près de deux ans après le début de la guerre d’Israël contre le Hamas, Mme Netanyahu semble s’être imposée, plus incontournable que jamais, et d’aucuns lui prêtent une influence de plus en plus importante sur les questions stratégiques.
Après qu’elle a corrigé son mari en mai sur le nombre d’otages à Gaza encore en vie lors d’une rencontre filmée avec des familles de ces captifs, le journaliste Ben Caspit, biographe de Benjamin Netanyahu, a qualifié Mme Netanyahu de « vraie Première ministre », rappelant que les informations sur les otages sont censées être classées secret défense.
« C’est devenu public. C’est une partie intégrante de nos vies (…) on normalise le fait que quelqu’un ait démantelé ici la direction de l’Etat au profit d’une gestion chaotique et familiale », dénonce M. Caspit, dans une tribune publiée sur le site du quotidien Maariv.
De son côté, Benjamin Netanyahu, dans une interview mercredi à la chaîne américaine Fox News a qualifié sa femme de « partenaire formidable », saluant son aide au fil des années.
Source : Agence France-Presse