Ciryl Gane s’avançait vers l’arène avec la rage des revenants. Deux fois déjà, le titre suprême lui avait échappé. Cette fois, il croyait tenir son heure. Mais à Abou Dhabi, le destin a tranché autrement. Un doigt mal orienté, un œil touché, et le rêve s’est effondré avant même de s’incarner.
Le combat, attendu comme une apothéose, s’est mué en silence brutal. No-contest. Pas de vainqueur. Pas de couronne. Gane, prosterné au sol, portait le poids d’un sport où l’imprévisible règne en maître. Et l’attente recommence.
Aspinall conserve ainsi la ceinture des lourds, mais un nouveau combat devrait avoir lieu dans les prochains mois.
Le combat a démarré fort. Aspinall a imposé son rythme, fidèle à ses habitudes. Gane, préparé comme jamais, a répondu avec intensité. Dans la première reprise, le Français semblait dominer. Il plaçait ses coups, contrôlait la distance. L’ascendant était là. Et puis, tout a basculé.
À 4 minutes 35, Gane déclenche un low-kick. Son bras gauche s’étend. Deux doigts heurtent les yeux d’Aspinall. Le geste est involontaire. Mais le choc est brutal. Le combat s’arrête.
– Un choc sans verdict : l’UFC face à l’imprévisible –
L’interruption dure. Aspinall ne voit plus de l’œil droit. Il ne peut plus combattre. L’arbitre Jason Herzog arrête le duel. No-contest. Aucun vainqueur. Le scénario dérape, loin de l’issue attendue.
Depuis 1993, l’UFC a vu des centaines de combats pour le titre. Mais ce scénario ? Il n’est arrivé qu’une seule autre fois. Ce no-contest est une rareté. Une anomalie dans l’histoire des ceintures.
À l’annonce de la sentence, Gane s’est prosterné au sol au milieu de la cage. « Je suis vraiment désolé de ce qui s’est passé, désolé pour Aspinall, désolé pour mon camp. On a mis beaucoup d’énergie pour préparer ce combat. C’est le sport, c’est comme ça », a réagi le Français de 35 ans.
Sous les sifflets d’une partie du public, Aspinall s’est justifié au micro, une compresse appliquée sur l’oeil. « Les gars, je viens de me prendre deux doigts dans le globe oculaire. Qu’est-ce que je suis censé faire, je ne vois rien! »
Ciryl Gane a déjà eu deux chances. Deux combats pour le titre. Deux défaites. Face à Francis Ngannou, puis à Jon Jones. Deux géants de la catégorie. Deux occasions manquées. Et pourtant, il est revenu.
– « Un peu dégoûté » –
Battu de peu en janvier 2022 par le Camerounais Francis Ngannou, Gane s’était vu offrir une deuxième chance en mars 2023 contre la légende américaine Jon Jones. Mais cette seconde expérience s’était soldée par une défaite cuisante pour le Français, qui cherchait à effacer ce revers.
Champion par intérim lors de la période d’inactivité de Jon Jones, Aspinall avait été promu champion incontesté de la catégorie reine à la suite de la retraite de l’Américain.
Pour préparer ce combat, Gane, alias « Bon Gamin », s’était isolé dans une bulle pour un camp d’entraînement intensif de plusieurs semaines à Abu Dhabi, le meilleur de sa carrière selon lui. Le Français voulait mettre tous les ingrédients pour n’avoir aucun regret.
Au final, c’est la « frustration » qui l’emporte, a reconnu Gane au micro de RMC Sport. « On avait l’impression qu’on avait ce combat. Le premier round, je ne sais pas si je l’avais ou s’il l’avait mais je me sentais bien, je savais qu’au fur et à mesure des rounds, ça allait encore mieux se passer. »
« Dénouement compliqué », a-t-il admis. « À la limite il m’aurait mis KO, je l’aurais mis KO, il gagne, je gagne… On aurait eu quelque chose de satisfaisant pour un camp ou l’autre. Là, tout le monde est un peu dégoûté de cette issue, en sachant toute l’énergie qu’on a pu mettre », a développé Gane qui s’est dit prêt pour un rematch.
« Je n’ai pas toutes les réponses encore, mais on verra. Si l’occasion se présente encore, on fera tout ce qu’il faut. » Interrogé en conférence de presse, le patron de l’UFC Dana White a confirmé qu’un nouveau combat aurait lieu entre Gane et Aspinall.
Source: Agence France-Presse
