Présidentielle Malawi 2025 : Peter Mutharika revient au pouvoir à 85 ans L’ex-président Peter Mutharika, 85 ans, a remporté la présidentielle dès le premier tour avec près de 57 % des suffrages. Ce retour au sommet intervient dans un Malawi frappé par une grave crise économique, où l’inflation dépasse les 30 % et la pauvreté touche plus de 70 % de la population.
La commission électorale a annoncé mercredi soir qu’il avait obtenu 56,8 % des suffrages, loin devant son principal adversaire et président sortant Lazarus Chakwera, qui a recueilli 33 % des voix. Ce dernier avait un peu plus tôt dans la journée reconnu publiquement sa défaite. Les autres candidats se partagent les suffrages restants.
Avant même l’officialisation de sa victoire par l’autorité électorale, des partisans de M. Mutharika et de son Parti démocrate-progressiste (DPP) étaient descendus dans la rue pour manifester leur joie.
Peter Mutharika, président de 2014 à 2020, a fait campagne en promettant un « retour à un leadership éprouvé », tout en critiquant la gestion par M. Chakwera, 70 ans, ancien pasteur et chef du Parti du Congrès du Malawi (MCP), d’une économie malmenée durant son mandat, période où le Malawi a aussi subi sécheresse et cyclones.
M. Chakwera, au charisme reconnu, est arrivé au pouvoir lors du scrutin de 2020, qui a mis fin au premier mandat de M. Mutharika, juriste constitutionnaliste réservé ayant passé des décennies hors du Malawi, notamment comme professeur de droit à Washington.
– Retour contesté de Mutharika –
Sous son mandat, le Malawi a subi une forte dégradation économique. Dans ce pays dépendant de l’agriculture, le coût de la vie a explosé. L’inflation a atteint 33 %. Les prix du maïs, aliment de base, ont grimpé en flèche. Les engrais sont devenus inaccessibles pour de nombreux agriculteurs. Cette flambée des prix a aggravé l’insécurité alimentaire et nourri le mécontentement populaire.
Peter Mutharika n’a pas tenu ses promesses. Il avait promis un million d’emplois et une lutte ferme contre la corruption. Pourtant, les résultats n’ont pas suivi. Le Malawi compte 21 millions d’habitants. Selon la Banque mondiale, plus de 70 % vivent dans la pauvreté. Ce contraste alimente les critiques sur son précédent mandat.
Dès les premiers résultats, la tendance était claire. Des décomptes non officiels, relayés par les médias locaux, ont montré une large avance pour Peter Mutharika. Surnommé “Father” par ses partisans, il semblait dépasser le seuil des 50 % requis pour éviter un second tour. Cette dynamique a rapidement galvanisé ses soutiens, avant même l’annonce officielle.
– Le retour de Mutharika divise –
À Lilongwe, la foule a célébré le retour de Peter Mutharika. Parmi les sympathisants, Mary Duncan a exprimé ses attentes. « Nous espérons que “Father” apportera la sécurité alimentaire, que le prix des engrais baissera et que les salaires des fonctionnaires seront revalorisés. » Ce message reflète l’urgence sociale dans un pays où plus de 70 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. L’espoir populaire s’oppose aux critiques sur son précédent mandat.
Le Parti du Congrès du Malawi (MCP) conteste les résultats. Il affirme détenir des preuves d’irrégularités lors du vote. Parmi les anomalies relevées : des décomptes incohérents et des soupçons de bourrage d’urnes. Ces accusations ravivent les tensions autour du scrutin. Elles alimentent les doutes sur la transparence du processus électoral.
Lors de son allocution, Lazarus Chakwera a reconnu les irrégularités. Il a toutefois nuancé leur portée. Selon lui, « les anomalies ne signifient pas nécessairement que le résultat électoral donnant le professeur Mutharika vainqueur ne soit pas crédible ou ne reflète pas la volonté du peuple ». Cette déclaration, prudente, vise à préserver la stabilité tout en soulignant les limites du processus électoral.
– « Sauver le pays » –
Selon plusieurs analystes, l’économie a pesé dans le vote. Les électeurs favorables à Peter Mutharika se souviennent d’un bilan jugé plus stable entre 2014 et 2020. À l’époque, il avait réuni une équipe économique solide et ramené l’inflation à un chiffre. Pourtant, son mandat n’a pas été exempt de critiques. Des accusations de corruption, des pénuries alimentaires et une dette publique croissante ont terni son image. Malgré cela, le souvenir d’une relative stabilité a joué en sa faveur.
Pendant la campagne, Peter Mutharika a multiplié les promesses. Il a promis de relancer la croissance et de mettre fin à la pénurie de devises. Cette crise monétaire bloque les importations de carburant et d’engrais. Face à l’urgence, il a déclaré : « Je veux sauver ce pays. » Ce slogan a galvanisé ses partisans, en quête de stabilité économique.
« Les Malawites aspirent à un meilleur passé », a déclaré Mavuto Bamusi, analyste politique à la Malawi Political Science Association.
M. Chakwera a bien dirigé l’opposition. Selon Boniface Dulani, professeur de sciences politiques, cela nourrissait l’espoir d’un président compétent et efficace. Pourtant, les résultats n’ont pas suivi. L’économie s’est effondrée. Les promesses sont restées lettre morte. Ce contraste alimente la déception d’une partie de l’électorat.
« Mais malheureusement, si vous regardez l’économie, elle s’est effondrée. Beaucoup de choses qu’ils avaient promis de faire n’ont pas été réalisées », a-t-il ajouté.
Source : Agence France-Presse