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Présidentielle ivoirienne: dans Lopou en colère, « on ne veut pas du quatrième mandat! »

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À l’entrée de Lopou, l’air pique encore. Le gaz lacrymogène flotte, tenace. Sur la piste de terre, les stigmates sont nets : pneus calcinés, troncs abattus, tables renversées. Les affrontements ont laissé leur empreinte. Et la tension, elle, ne s’est pas dissipée.

À 40 km à l’ouest d’Abidjan, la ville était paralysée samedi. Routes principales et pistes secondaires bloquées. Des protestataires ont dressé des barrages. L’AFP a constaté la scène sur place. Le blocage était total, la tension palpable.

Colère et désillusion dominent à Lopou. La bourgade incarne la tension du sud ivoirien. Ce jour d’élection présidentielle, l’atmosphère est électrique. Les protestations traduisent un rejet profond. Le vote se heurte à une défiance palpable.

Des partisans de Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam ont tenté de perturber le vote.Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam ne figurent pas sur la liste électorale. Le Conseil constitutionnel les a exclus. Alassane Ouattara, président sortant, brigue un quatrième mandat. Il est donné favori. L’opposition dénonce un scrutin verrouillé.La tension monte dans les bastions de l’opposition. Des blocages et des heurts perturbent le vote. Le processus électoral est contesté sur le terrain.

Les incidents sont toutefois restés très limités dans le pays.

– « ils entrent chez nous » –

Il y a « un front » entre « gendarmes et manifestants », lâche un chauffeur de taxi. « C’est chaud » là-bas, commente un autre ressortissant de la ville joint par l’AFP.

Lopou compte 9 000 habitants. La bourgade est enclavée entre les palmeraies. On y trouve des maisons basses, des masures, des boutiques informelles. La population est majoritairement Adjoukrou, du groupe Akan. Un village discret, mais au cœur des tensions.

Mi-octobre, Lopou a connu une vague d’arrestations. Plus de vingt personnes ont été interpellées. La manifestation visait à protester contre l’incarcération d’un cadre du parti de Laurent Gbagbo. Le mouvement était spontané, la répression rapide. La tension politique s’est cristallisée dans la rue.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, une attaque a visé un site gazier près de Jacqueville. L’incendie a échoué. Mais les autorités parlent de “conséquences incalculables” si l’opération avait abouti. Le site visé est stratégique. L’acte est qualifié de terroriste.

– Lopou refuse de se taire  –

Samedi à la mi-journée, la gendarmerie bloque l’entrée de Lopou. Le village tourne au ralenti après les échauffourées. Les commerces restent fermés. La circulation est coupée. La tension persiste.

Tous les commerces ont baissé le rideau. Pas un bar, pas une échoppe ouverte. “On ne peut même pas boire un petit vin”, lâche un villageois, ironique. La vie s’est figée, la tension reste vive.

Mais derrière l’humour, la colère est profonde. « On est chez nous en Côte d’Ivoire. Il n’y aura pas de vote ici à Lopou », affirme un vieil homme, debout au milieu de la route barricadée.

Non loin, une femme s’époumone: « On nous accuse, on nous lance des gaz lacrymogènes, ils entrent dans nos maisons et prennent nos frères. Qu’ils les libèrent!. »

À ses côtés, une autre habitante, le visage recouvert de talc pour calmer les brûlures du gaz, raconte une « nuit de terreur »: « depuis trois heures du matin, on ne dort plus. Ils cassent les portes, ils prennent les gens. On est fatigués de ce pays. Ce quatrième mandat, on n’en veut pas ».

– Trop de « passion » –

Lopou est un foyer de la contestation contre le président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011. « La candidature de M. Ouattara est anticonstitutionnelle », clame un jeune homme, vêtu d’un t-shirt à l’effigie de Laurent Gbagbo, reprenant l’argument numéro 1 de l’opposition, systématiquement balayé par le pouvoir et le Conseil constitutionnel.

Des jeunes annoncent qu’ils vont se “laver”. Un rituel secret censé les rendre “invulnérables aux balles”. La croyance circule dans les zones de tension. La peur se mêle à la mystique. Et la confrontation prend une dimension symbolique.Des manifestants l’affirment. L’AFP n’a pas pu vérifier l’information. La tension monte dans la zone. Les autorités restent silencieuses.

Des jeunes annoncent qu’ils vont se “laver”. Un rituel secret censé les rendre “invulnérables aux balles”. La croyance circule dans les zones de tension. La peur se mêle à la mystique. Et la confrontation prend une dimension symbolique.

– Lopou, village verrouillé, urnes en fuite  –

« Quand ils (les gendarmes) entrent dans une maison, ils jettent des grenades lacrymogènes dégoupillées à l’intérieur », accuse un jeune, les restes de l’un de ces engins à la main.

À Lopou, les urnes ont été évacuées. Des témoins confirment leur transfert vers la sous-préfecture. Le vote n’a pas eu lieu. La tension a pris le dessus. Le processus électoral s’est replié. « Il n’y a plus de bureaux de vote ici. Depuis qu’ils ont su qu’on voulait brûler les urnes, ils sont venus les récupérer », affirme un membre d’un « comité de veille » local.

“Ici, c’est Gbagbo ou Thiam — pas Ouattara”, tranche-t-il. La fumée flotte encore, ses compagnons acquiescent sans un mot. Le rejet est clair, la revendication frontale.

L’élection attise les passions. Certains, animés de colère, s’en prennent au matériel électoral. C’est marginal, selon Ibrahime Kuibiert Coulibaly. Le président de la CEI assure que tout se passe bien. Mais les incidents, même isolés, révèlent une tension sous-jacente.

Source: Agence France-Presse

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