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Présidentielle ivoirienne: Yopougon la frondeuse vote dans le calme

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Trans Afrique

Présidentielle ivoirienne à Yopougon, le vote s’ouvre dans le calme et la détermination. Le collège Segbe ouvre ses portes sous un porche en pierre gravée. Le vote commence, discret mais résolu.

Olivier se présente tôt au bureau de vote. Il veut voter, puis repartir au village. Sur son nez, des lunettes Gucci imposent le ton. Le geste est rapide, l’intention claire.

Dans le quartier Toit rouge, les assesseurs de la CEI s’installent dès l’aube. Leurs chasubles aux couleurs nationales tranchent avec la sobriété des salles de classe. Une douzaine de bureaux de vote prennent place dans le collège. Le décor est coloré, mais la tension reste palpable.

Yopougon reste un bastion. Dans le quartier de Toit rouge, les partisans de Gbagbo tiennent la ligne. L’ancien président est exclu du scrutin, mais pas des esprits. Le camp des “durs” ne lâche rien.

Bureau numéro 2, quartier Toit rouge. Maryam Amara, cheffe de bureau, installe le matériel avec ses deux adjointes. Deux pupitres d’écolier, un tableau noir. Liste d’émargement, tablette CEI, encrier, bulletins encore sous cellophane. Le décor est modeste, la procédure rigoureuse.

Cinq visages s’alignent sur l’affiche électorale. Parmi eux, Alassane Ouattara, favori et candidat au quatrième mandat. Certains sourient, comme pour séduire. Le carré blanc attend la croix du citoyen. Le choix semble offert — mais l’issue, déjà dessinée.

– « Le stylo ne trace pas! » –

L’urne transparente trône au centre de la salle. Un simple carton plié fait office d’isoloir. Le stylo est déjà là, posé dans le coin du cancre. Le décor est sommaire, le vote encadré.

« Nous sommes prêts, on attend le feu vert », commente tranquillement Maryam, transpirant légèrement, les cheveux attachés sous un fichu noir. Le top est donné peu après 8 h 00 locales (et GMT).

Près de 5 000 votants sont inscrits ici, précise le président de ce centre. « Les candidats ont fait leur boulot pour mobiliser, maintenant on va voir l’affluence. »

La participation reste incertaine. Gbagbo et Thiam, figures majeures, sont exclus. Le scrutin se joue sans eux. Le pouvoir mise sur le calme — l’opposition parle de confiscation.

Les partis de Gbagbo et Thiam appellent à la rue. Ils dénoncent l’exclusion et le quatrième mandat. La contestation s’organise malgré les interdictions. La tension monte, la répression suit.

Élégante chemise bleue marine et l’air solennel, Losseni présente sa carte d’électeur et sa carte d’identité.

La tablette refuse l’empreinte. Les deux pouces ne passent pas. L’assesseur hésite, embarrassé. Le vote attend, suspendu à un bug.

Losseni prend enfin son bulletin pour l’isoloir. « Le stylo ne trace pas! », impossible de graver la précieuse croix. Changement de stylo, le bulletin est enfin marqué et glissé dans l’urne. Une signature et un doigt apposé sur le tampon encrié comme preuve de vote, l’affaire est enfin réglée.

« Je suis très heureux de participer à ce vote, c’est la Côte d’Ivoire qui sort gagnante », récite-t-il devant la caméra.

– « Où est mon bureau? » –

Voix timide qui contraste avec son allure déterminée, Marceline Aviet, 27 ans, vote pour la première fois. « Je ne voulais pas manquer, et puis c’est un devoir pour nous Ivoiriens. On a besoin d’un changement, c’est maintenant qu’il faut le dire », commente-t-elle tout sourire.

Dans la cour sablonneuse, la file s’allonge. Les électeurs avancent, documents serrés contre eux. Deux policiers filtrent les entrées. Les nouveaux venus cherchent leur bureau. Le vote commence dans l’incertitude.

« Président » Bamba Mameri, délégué du RHDP (le parti au pouvoir) pour le secteur, est venu observer le vote ; il se réjouit de constater que « tout est calme ». « Il n’y a pas de bruit malgré la désinformation qu’on entend ici et là »

« C’était chaud ici pendant la crise de 2011, il y a eu des morts », rappelle un taxi du coin.

Ce samedi matin, le quartier semble figé. Les allées poussiéreuses n’ont rien d’exceptionnel. Le calme domine, presque trop. La crise paraît loin — mais elle couve.

« S’il y a la paix, on est tranquille », lâche Olivier.

Un suspicieux fait remarquer dans un murmure que « l’encre n’est pas vraiment indélébile ».

Après le coup de chaud des premiers votes, l’affluence commence déjà à baisser au Collège Segbe. « On va voir si les électeurs vont se mobiliser », s’interroge une observatrice membre « de la société civile » en haussant les épaules.

Source: Agence France-Presse

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