Quelques heures après sa démission du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary a brisé le silence. Dans une lettre ouverte, l’ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle annonce officiellement sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Une candidature qui, selon lui, incarne « un sursaut national ».
Le timing ne doit rien au hasard. En quittant le gouvernement le 24 juin dernier, Issa Tchiroma tournait une page vieille de plusieurs décennies au service du régime. Désormais, il en ouvre une autre, celle d’un homme libre, « mû par un sens aigu des responsabilités ». En effet, dans une adresse solennelle au peuple camerounais, l’ex porte-parole du gouvernement ne mâche pas ses mots. Il dénonce un système « à bout de souffle », un pouvoir « confisqué », et un pays « étouffé par l’injustice, le tribalisme et l’impunité ». Pour lui : « Le temps de l’attente est révolu. Le pouvoir doit revenir au peuple ! »
Refondation totale
L’ancien ministre ne se contente pas de dresser un constat. Il propose une refondation totale : démocratie, justice, égalité, unité nationale, etc. Il appelle à « tourner la page sans brutalité, mais par nécessité ». Selon Issa Tchiroma, cette élection n’est pas une de plus. Mais c’est « une chance historique », un moment de bascule.
Sa lettre balaie tous les chantiers : réforme électorale, représentativité des régions, inclusion des femmes, et surtout engagement total envers la jeunesse. « Jeunes du Cameroun, vous ne serez plus de simples spectateurs. Vous serez co-auteurs du changement ». A cet effet, le natif de Garoua promet un « Fonds national d’initiative jeunesse » pour financer l’innovation et l’entrepreneuriat. Il veut une « République numérique, juste, verte et souveraine ».
À l’international, il se projette en chef d’État capable de repositionner le Cameroun. Mais avec une priorité claire : la sécurité. De Boko Haram aux tensions anglophones, il veut « un État fort face aux menaces multiples », mais respectueux des droits humains. S’adressant aussi à la diaspora, il lance un appel inclusif : « Vous êtes une force vitale pour notre avenir. Ce nouveau Cameroun, nous avons besoin de vous pour le bâtir. »
« Remettre le pouvoir au peuple »
Sa vision est celle d’avoir un Cameroun fraternel, pluriel, où la démocratie n’est pas une promesse, mais une réalité. Ainsi, il rejette la peur, le repli identitaire et la violence comme voie d’expression politique. « Ma candidature n’est pas celle d’un homme. C’est celle d’un projet, d’un refus de la résignation. »
En choisissant de quitter le gouvernement, qu’il a servi pendant plusieurs décennies, pour se lancer, Issa Tchiroma Bakary pose un acte fort. Il entre dans la bataille avec l’ambition de « remettre le pouvoir au peuple ».