A Douala par exemple, lors de la présidentielle, des personnes à mobilité réduite ont eu beaucoup de peine à atteindre leurs bureaux de vote pour mettre les bulletins dans les urnes.
Monter les marches
Situation vécue dans quelques centres de vote dans la métropole économique. A Douala 1er, notamment à l’Ecole publique de New-Deido. Au Lycée bilingue de Deido, à l’Ecole publique de Bonamouang. Des personnes à mobilité réduite ont eu du mal à monter les marches pour accéder à leurs bureaux de vote.
Alors, dame Wete avec des béquilles, tirant les deux pieds, a été aidée par une jeune de son quartier. « Mon fils, aide-moi à retrouver mon bureau. Il n’y a personne pour nous secourir ici. Je marche avec mes béquilles, j’ai les deux jambes qui ont subi un accident. Je traine les pieds ».
Et « maintenant je suis dans un bureau de vote où je dois monter les escaliers pour voter. Je me suis fait aider par un jeune homme du quartier pour me tenir la main. Pourtant on pourrait nous aménager un espace. Dans un coin de la grande cour de cette école », déclare la dame.
Aménager un espace
A l’Ecole publique de Bonamouang, c’est un autre spectacle. Deux dames la soixantaine, ont été portées par leurs accompagnateurs pour avoir accès à leurs bureaux de vote. Face à l’indifférence des responsables de la commission de vote. Joseph Moudouté, qui a vécu la scène, laisse entendre son indignation.
Ainsi donc, « voilà des grandes personnes qu’on est obligé de porter comme des enfants. Pour les faire entrer dans les bureaux de vote. Il faut les tenir en main pour les assister jusqu’au bout de leurs actes. Pourtant on peut bien aménager un espace dans un endroit bas et plat pour alléger leurs peines. Personne n’y pense malheureusement», dit cet électeur.
Des électeurs comme tout le monde
La crainte et plus grande au Lycée bilingue de Deido. Ebouki Bossambo se pose bien de questions. « Il y a des bureaux à l’étage. Je veux bien voir comment une personne handicapée ou qui a les pieds malades va faire pour accéder à son bureau e vote qui pourrait se trouver là-haut. Il faut vraiment que l’on y pense tout le temps. Ces gens sont des électeurs comme tout le monde. Cela est visible partout ».
« Faites un tour au Lycée d’Akwa pour voir comment les salles de classe sont surélevées. Je me demande comment les handicapés vont faire pour monter. Comme on ne manque pas d’ingéniosité chez nous. Les accompagnateurs vont les porter certainement sur les dos et monter avec eux. Avec les risques que cela peut engendrer », va déclarer le natif d’Akwa, rencontré au Lycée bilingue de Deido.
Simplement déplorable
Pour Roselyne Nankam, « c’est tout simplement déplorable. Il faut que les mentalités des organisations changent. Et tiennent compte de cette population parfois plus dynamique dans le processus électoral. On devrait porter des mentions Handicap, au moment des inscriptions sur les listes électorales. Ceci va donner plus de lisibilité à Elecam qui, certainement, va tenir compte de tout cela lors des scrutins ».
« Ou à défaut voter une loi pour exiger que cette mention soit ajoutée au logiciel. Donc rendre cela obligatoire. Une contrainte, je veux dire. Les handicapés doivent avoir leurs droits », dit l’enseignante .
D’autres personnes estiment que c’est un mobile de découragement : « certains handicapés sont vite découragés. Voyant toutes les difficultés. Surtout ceux qui n’ont personne pour les accompagner. Ils vont carrément rester chacun chez eux. Et ce sont des voix perdues », va avancer M. Elokan au Collège Alfred Saker.
Facile donc de voir que les voix sont unanimes autour de la question du handicap et des facilités de mobilité.