Le calvaire de Mercy, 7 ans, ligotée et laissée seule pendant près de deux jours, révèle l’ampleur silencieuse de la maltraitance infantile au Cameroun. Ces violences laissent des cicatrices profondes, parfois irréversibles, affectant la vie scolaire, sociale et même future des enfants.
À Douala, Mercy, 7 ans, a bouleversé la ville. Ligotée avec des chaînes et des ficelles, elle est restée seule près de 24 heures, couchée sur le ventre. Sa tante voulait l’empêcher de sortir. Ce sont ses cris qui ont alerté les voisins. La police est intervenue et l’a transférée à l’hôpital de Japoma. Ce drame révèle une réalité douloureuse : la maltraitance infantile au Cameroun.
Mercy n’est pas un cas isolé. À Yaoundé, un garçon de 10 ans a été hospitalisé après des coups pour avoir cassé un téléphone. À Garoua, une fillette a été brûlée par un oncle utilisant un fil électrique. Ces violences, souvent justifiées comme discipline, laissent des cicatrices profondes.
Une étude menée par Emida et l’Unicef révèle que plus de 40 % des enfants au Cameroun subissent des violences sévères, telles que des coups de pied, souvent justifiées comme méthodes disciplinaires. Ces exemples tragiques montrent que les violences infantiles ne se limitent pas aux blessures visibles. Elles entraînent des séquelles psychologiques et scolaires importantes.
Mortalité infantile au plus bas, mais les progrès sont lents et « précaires »
Perte d’estime de soi
Selon l’Oms, elles provoquent perte d’estime de soi, anxiété, troubles émotionnels et difficultés scolaires. À l’école, ces enfants deviennent renfermés, agressifs ou en difficulté académique. Ils craignent l’autorité et peinent à interagir avec leurs camarades. Une étude longitudinale publiée dans le « Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry » montre également des absences scolaires répétées et un isolement social.
À l’âge adulte, ces traumatismes persistent. L’Unicef rappelle que la violence domestique réduit le rendement scolaire et augmente le risque d’abandon, affectant durablement la vie sociale et professionnelle. Beaucoup souffrent d’anxiété chronique, de dépression, de troubles du sommeil et de difficultés relationnelles. Certains développent des comportements violents ou addictifs, et la confiance en soi reste fragile.
Le numéro vert 116 pour signaler
Le cas de Mercy montre aussi l’importance de la vigilance communautaire. Sans l’intervention des voisins, son sort aurait été dramatique. La ministre de la Promotion de la femme et de la famille rappelle le numéro vert 116 pour signaler anonymement les violences.
Briser le silence devient urgent. Éduquer autrement, protéger les enfants, sensibiliser et mobiliser la société sont essentiels. Chaque enfant mérite de grandir sans peur, sans violence et avec un avenir préservé. Les cicatrices de l’enfance peuvent durer toute la vie si la société ne réagit pas.