Le président Biya a été interpellé par un citoyen au sujet de la mal gouvernance. L’intégralité de la missive de Jean Jacques Etoundi qui dénonce une nation où l’avarie devient loi.
« Excellence Monsieur le président de la République, Paul Biya. Notre pays, le Cameroun, s’enlise dans une dérive. Telle que le frelatage et l’avarie ne sont plus seulement des accidents économiques ou sociaux. Ils sont devenus une culture, une norme, presque une loi tacite qui s’impose au quotidien à des millions de citoyens.
Je ne prétends pas que le Cameroun est le seul pays frappé par ces maux. Mais, Monsieur le Président, nous battons aujourd’hui des records. Comme le disait Montesquieu, « lorsqu’un peuple devient corrompu, les lois s’adoucissent. Mais lorsque les lois sont devenues corrompues, c’est le peuple qui s’adoucit». Ici, c’est pire : peuple et institutions semblent complices d’une même décadence.
L’éducation nationale se délite
Les poissons pourris, les jus frelatés, la bière frelatée, les riz périmés reconditionnés, les médicaments aux dates falsifiées : tout circule dans nos marchés, nos bars, nos hôpitaux. On ne consomme plus, on survit.
Eneo avec L’énergie électrique et ses compteurs prépayés n’en parlons plus. Les sociétés téléphoniques un frelatage à l’extrême avarie. La politique elle-même est frelatée : promesses creuses, institutions rongées, débats vidés de substance, faux observateurs. L’éducation nationale se délite : diplômes dévalorisés, écoles transformées en fabriques de chômeurs. Universités devenues des foires de kior de crime rituel de bic au sol et de fraudes.
Même la musique est frelatée. Elle n’élève plus, elle abrutit. Comme disait Platon dans La République, « quand la musique se corrompt. Les lois et les mœurs suivent la même pente. » Aujourd’hui, Monsieur le président, le Mbolé et d’autres rythmes avec les expressions réduisent l’art à l’ivresse et au bruit. Reflet d’une société qui danse au bord du gouffre et l’étourdissement.
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Des couloirs de mort
Les églises ? Souvent des entreprises de prospérité frelatée où la foi se vend et se monnaie. Les hôpitaux ? Trop souvent des couloirs de mort où l’on entre pour une fracture. Et d’où l’on sort dans un cercueil. La liste est longue, Monsieur le Président. Elle est insoutenable.
Ce n’est plus seulement la corruption classique : c’est une civilisation du frelaté qui s’installe. Un habitus national qui banalise l’avarie, du repas quotidien jusqu’à la pensée collective. Comment comprendre que nous soyons arrivés là, dans un État doté de ministères, d’agences de régulation, de contrôles. Tous sous votre autorité suprême ?
Comment comprendre que la trahison du consommateur, du citoyen, de l’homme, soit devenue la règle et non l’exception ?
Monsieur le président. Le philosophe Paul Ricoeur disait : « La décadence, c’est quand on ne croit plus à ses propres institutions». Le Cameroun est à ce point-là. Et il n’y a pas de nation viable quand l’avarie devient loi. Et quand la confiance du peuple se transforme en peur et en cynisme. L’histoire jugera, Excellence. Mais l’histoire n’attend pas ».