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Les liens de plus en plus étroits entre l’Iran et la Russie inquiètent l’Occident

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L’alliance toujours plus étroite entre l’Iran et la Russie, qui nourrit déjà l’effort de guerre de Moscou contre l’Ukraine, inquiète de plus en plus les capitales occidentales, alors que nul ne peut prévoir jusqu’où ira l’escalade militaire au Proche-Orient.

Nouveau symbole de ce partenariat: le nouveau président iranien Massoud Pezeshkian et son homologue russe Vladimir Poutine se rencontreront pour la première fois vendredi à l’occasion d’un forum régional au Turkménistan.

Depuis des mois déjà, la République islamique et le Kremlin ont mis de côté leur histoire multiséculaire de rivalité régionale pour se concentrer sur leur ennemi commun: l’Occident.

Alors que l’Iran fournit depuis deux ans des drones d’attaque Shahed à la Russie, de nombreux experts affirment que Téhéran a récemment transféré à Moscou des missiles balistiques Fateh-360 d’une portée estimée à 120 kilomètres destinés, eux aussi, au front ukrainien.

« La livraison de missiles balistiques illustre l’approfondissement d’un partenariat militaire qui va au-delà de la fourniture de drones et inclut désormais des technologies plus développées », relève Nicole Grajewski, chercheuse au Centre Carnegie interrogée par l’AFP.

Cette alliance pourrait bien se resserrer davantage à l’occasion de la spirale d’attaques réciproques entre Israël et l’Iran, qui menace d’embrasement le Proche-Orient.

– Dépendance mutuelle –

La Russie, qui a construit la première centrale nucléaire iranienne, avait contribué à l’effort international qui avait permis en 2015 d’arracher un accord global pour éviter que l’Iran ne se dote de l’arme atomique.

Un texte devenu caduc après que Donald Trump s’en était retiré dans la foulée de son élection un an plus tard. La Russie, qui a entretemps soutenu le régime de Bachar Al-Assad en Syrie avec l’Iran, ne semble désormais plus avoir d’intérêt à freiner les ambitions nucléaires iraniennes.

« Dans la mesure où la Russie dépend de Téhéran pour la fourniture de drones et d’autres armes dans sa guerre contre l’Ukraine, Washington ne peut pas s’attendre à ce que Moscou se joigne à de nouvelles initiatives internationales pour éviter que l’Iran accède à l’arme nucléaire », a relevé cette semaine le centre de reflexion américain Atlantic Council.

« A vrai dire, le régime de Poutine pourrait même se féliciter de la perspective d’un Iran détenant l’arme nucléaire, qui aurait pour effet de détourner l’attention des Etats-Unis et des autres pays occidentaux de sa guerre en Ukraine », ajoute l’Atlantic Council.

La relation Moscou-Téhéran s’inscrit désormais également dans un cadre multilatéral, puisque Massoud Pezeskhian participera ce mois-ci dans la ville russe de Kazan au prochain sommet du BRICS, ce groupe de pays fondé initialement en 2009 par le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, auquel l’Iran a adhéré cette année.

L'Industrie Pétrochimique Iranienne Ciblée par les Sanctions

 

A lire: Washington sanctionne le secteur pétrolier iranien en réponse aux frappes contre Israël

 

 

Au niveau bilatéral, Vladimir Poutine a été reçu à Téhéran en juillet 2022 par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, un honneur rare pour un dirigeant étranger non musulman.

Les autorités russes et iraniennes ont également en commun de surveiller étroitement leur population: pour Moscou il s’agit d’empêcher toute contestation de sa guerre en Ukraine, quand Téhéran veut impérativement éviter une nouvelle vague de contestation lié au mouvement Femme, Vie, Liberté qui ébranle son autorité depuis septembre 2022.

« La relation est bien plus profonde qu’un simple rapport transactionnel, la Russie et l’Iran sont désormais de plus en plus dépendants l’un de l’autre », estime la chercheuse Nicole Grajewski. « La Russie comme l’Iran se considèrent comme dépendants l’un de l’autre pour la survie de leurs régimes respectifs », ajoute la chercheuse.

– Tensions ‘compartimentées’ –

Ce rapprochement peut surprendre au regard de la rivalité historique qui a opposé ces deux empires autour de la mer Caspienne, dans le Caucase et en Asie centrale – un élément majeur du « Grand Jeu » mettant aux prises, au XIXe siècle, plusieurs puissances dans cette vaste région -.

Un des moments les plus dramatiques de cette compétition fût sans doute la mort du dramaturge et diplomate russe Alexandre Griboïedov, lors d’un assaut d’une foule contre l’ambassade de Russie à Téhéran en 1829. Un canal de Saint-Pétersbourg honore encore aujourd’hui sa mémoire.

Plus récemment, des tensions sont apparues entre Moscou et Téhéran à propos du « corridor de Zanguezour », projet porté par l’Azerbaïdjan et la Turquie qui verrait une route construite à la frontière entre Arménie et Iran, contre la volonté de Téhéran.

Les deux partenaires ont toutefois pris soin d’apaiser ces tensions par d’intenses échanges entre le chef du Conseil de sécurité russe Sergueï Choïgou et son homologue iranien Ali Ahmadian.

Pour Nicole Grajewski, « il y a bien sûr des tensions au sein de la relation (russo-iranienne) … mais cela témoigne de leur capacité à compartimenter cette relation ».

Source: Agence France-Presse

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