Le classement 2025 de Reporters sans frontières (RSF) est tombé ce 02 mai 2025 et le Cameroun est classé 131ème sur 180 pays. A la veille de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, les nouvelles sont alarmantes à l’échelle mondiale.
Selon le récent rapport, pour la première fois, la liberté de la presse se dégrade dans plus de 60 % des pays évalués. Les conditions d’exercice du journalisme sont désormais jugées « difficiles » dans la moitié des pays du monde. Et dans ce contexte sombre, le Cameroun perd une place, se classant 131ème sur 180. Ce recul reste modéré, mais significatif. Il reflète les tensions politiques, économiques, sociales et sécuritaires qui pèsent sur les médias locaux.
L’ONG internationale pointe un facteur central en 2025 à savoir la crise économique des médias. Partout dans le monde, les rédactions ferment. Les journalistes s’exilent et la précarité s’installe. Le Cameroun n’échappe pas à cette tendance. Malgré un paysage médiatique dense constitué de plus de 600 journaux, 200 radios, 60 télévisions, les journalistes travaillent dans l’insécurité. Et dans des conditions précaires.
L’un des plus dangereux d’Afrique
Le pays reste l’un des plus dangereux d’Afrique pour les professionnels de l’information. L’assassinat de Martinez Zogo, en 2023, l’a tragiquement rappelé. La couverture de la crise en région anglophone expose les journalistes à de lourds risques tels que les arrestations, enlèvements, voire pire.
Pour RSF, le cadre légal n’offre pas non plus de protection solide. Les délits de presse ne sont pas dépénalisés et l’accès à l’information reste limité. Les procès injustes sont fréquents, comme celui d’Amadou Vamoulké, emprisonné après un procès marathon. Autre frein évoqué par l’ONG, la mainmise du pouvoir sur les médias publics. Le président nomme les dirigeants de la Crtv et du Conseil national de la communication. La censure devient une arme politique.
Sur le plan économique, l’aide publique à la presse est insuffisante et politisée. Le régime en place musèle les médias critiques. Certains sont concurrencés par des organes créés de toutes pièces par des proches du régime.
Cependant selon RSF, dans un monde où même les États-Unis reculent (57e, -2) et où des dizaines de rédactions ferment, le Cameroun essaie de maintenir une forme de résistance. Ce n’est pas un progrès, mais ce n’est pas un effondrement.