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Le Mali sous étau jihadiste : deux mois de blocus, de pénuries et de silence

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Trans Afrique

Le Mali est sous étau jihadiste. Depuis septembre, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, mène une offensive discrète mais implacable. Le pays s’enfonce dans une crise silencieuse, marquée par les blocus et les pénuries.

Ils ne frappent pas par les armes, mais par l’étouffement. Localité après localité, convoi après convoi, ils dressent des blocus, coupent les routes, isolent les populations. Le carburant ne passe plus. L’économie suffoque.

Ce n’est plus une guerre de terrain : c’est une guerre de nerfs, une guerre de patience. Et dans ce bras de fer invisible, c’est tout un pays qui vacille, pris au piège d’un étranglement méthodique. Le blocus devient symbole : celui d’un pouvoir défié, d’un peuple pris en otage, d’un avenir suspendu.

La junte malienne vacille. Depuis septembre, les jihadistes du JNIM bloquent les villes et convois. Le carburant ne circule plus. L’économie s’étouffe. Le Mali, enclavé et dépendant des importations, subit une pression croissante. Et le pouvoir militaire perd du terrain.

– Axes routiers sous contrôle du JNIM –

Le JNIM cible les convois de carburant. Il frappe les grands axes vers le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Ces routes sont vitales : elles acheminent l’essentiel des importations maliennes. Le pays, enclavé, se retrouve piégé. Et l’étau se resserre.

Fin octobre, une vidéo glaçante a circulé. Le JNIM, bras armé d’Al-Qaïda au Sahel, y proclame une nouvelle réalité : autour de Bamako, chaque route devient une zone de guerre.

Ce n’est plus seulement une question de sécurité, mais de contrôle total. Les jihadistes ne se contentent pas de bloquer : ils dictent. Dans les transports, ils imposent la séparation entre hommes et femmes. Leur guerre s’étend au corps social, à l’intimité, aux gestes du quotidien.

Ce n’est pas seulement une offensive militaire : c’est une tentative de remodeler l’ordre public selon leur vision. Et dans cette emprise qui avance masquée, c’est toute la capitale qui se retrouve encerclée — physiquement, symboliquement, idéologiquement.

Toutefois, la situation semble s’améliorer légèrement depuis quelques jours. Plusieurs convois de carburant sous escorte militaire ont été acheminés vers la capitale et certaines localités du pays.

MSC et CMA-CGM avaient suspendu leurs opérations au Mali. Mais ils ont fait marche arrière. Des accords avec le gouvernement ont permis leur retour. Le commerce reprend, sous tension.

– Situation à Bamako –

Dans la capitale, la situation s’est améliorée même si les files d’attente dans les stations-service perdurent.

Le carburant revient. Après des semaines de pénurie, les convois arrivent enfin. Tous les secteurs avaient été touchés. La pression baisse, mais la tension reste palpable.

Lundi, les écoles et universités ont rouvert. Elles étaient fermées depuis deux semaines. La pénurie de carburant avait forcé les autorités à suspendre les cours. L’enseignement reprend, mais l’incertitude demeure.

Les transports restent perturbés. L’électricité manque. Depuis le blocus, rien n’est revenu à la normale. Le quotidien reste fragile. Et la reprise est incomplète.

À Bamako, la pénurie persiste. Sur plus de 700 stations-service, seulement 110 fonctionnent — et de manière aléatoire. Le carburant reste rare. La capitale tourne au ralenti.

L’État malien perd du terrain. De vastes zones échappent à son contrôle. Ses forces se replient autour de Bamako. Objectif : protéger le régime. Le reste du pays reste vulnérable.

– Dans le reste du pays –

La crise persiste hors de Bamako. Le sud et le centre du Mali restent sous blocus jihadiste. Les convois de carburant n’arrivent pas. L’attente se prolonge. La population s’essouffle.

Mopti et Bandiagara sont plongées dans le noir. Depuis un mois, plus d’électricité. La crise énergétique s’installe. Le quotidien devient insoutenable.

Dioïla est à sec. À 160 km de Bamako, aucune station-service n’a de carburant. L’Essor, quotidien d’État, confirme la rupture. La ville est paralysée.

Le carburant revient à Ségou et Sikasso. C’est la première livraison depuis plusieurs semaines. Mais Mopti reste à sec. Depuis début septembre, aucune citerne n’y est arrivée. L’inégalité s’installe.

À Ségou, l’espoir renaît. Un habitant parle de solidarité. Il mise sur l’arrivée des citernes pour améliorer la situation. Mais rien n’est encore gagné.

L’électricité se fait rare. Depuis le début du blocus, la fourniture s’est dégradée. Au mieux, huit heures de courant par jour. Le quotidien devient instable. La crise énergétique s’installe.

Le nord du Mali échappe aux blocus. La zone reste approvisionnée grâce aux convois venus du Niger. Là-bas, les stocks tiennent. Le contraste avec le centre et le sud est frappant.

– Réactions internationales –

Face à la dégradation de la situation, les États-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé il y a deux semaines le retrait de leur personnel non essentiel du Mali, et plusieurs ambassades, dont la France, ont demandé à leurs ressortissants de quitter le territoire.

Le président de la Commission de l’Union africaine (UA) Mahmoud Ali Youssouf a fait part dimanche de sa « profonde préoccupation » face à la dégradation de la sécurité au Mali et appelé à une « action internationale urgente ».

À l’aéroport Modibo Keïta de Bamako dimanche, les étrangers étaient « de plus en plus nombreux » à quitter le pays, selon un chef d’escale d’une compagnie aérienne africaine.

Toutefois, il n’y a pas d’affluence massive ou de mouvement de panique, a constaté un journaliste de l’AFP.

« On assiste à beaucoup de départs de Chinois qui étaient nombreux dans les petites localités », explique à l’AFP un agent d’une compagnie internationale.

« Les expatriés au Mali, surtout occidentaux, se comptent sur le bout des doigts. Il n’y a pas de départs massifs, puisqu’il n’y en a plus beaucoup », poursuit l’agent.

Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères français, Pascal Confavreux, 4 300 Français sont inscrits sur la liste consulaire. « Leur sécurité est prioritaire », a-t-il insisté la semaine dernière.

– Prise de Bamako peu crédible –

L’hypothèse d’une prise de Bamako par le JNIM semble peu probable à ce stade, selon les observateurs, les jihadistes n’en ayant pas les capacités militaires ou de gouvernance.

Toutefois, leur objectif est bien « la chute de la junte » afin d’installer « un califat », a estimé lundi le chef des services de renseignements extérieurs français Nicolas Lerner, interrogé sur la radio France Inter.

Source: Agence France-Presse

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