Longtemps, le prince britannique Andrew fut le fils préféré de la reine Elizabeth II, qui atténuait les scandales. Mais le décès de la souveraine en 2022 l’a privé de son ange gardien, précipitant une interminable disgrâce.
En 2019, Andrew parle. L’interview tourne au désastre. Il tente de justifier ses liens avec Jeffrey Epstein. Mais l’effet est immédiat : la reine réagit. Andrew est banni de « la firme ». Il perd ses fonctions royales. Premier déshonneur. Et la chute commence.
Andrew garde son titre de duc d’York. Il conserve aussi ses privilèges. Donc un manoir de 30 pièces, près de Windsor. Un bastion royal, à l’abri du tumulte. Mais plus pour longtemps.
– La reine protégeait Andrew –
La reine protégeait Andrew. Elle entretenait des liens particuliers avec son fils cadet. Andrew Lownie le souligne. Richard Fitzwilliams confirme. Et cette proximité a longtemps suspendu la sanction.
La reine choisit Andrew. Elle lui transmet le titre de duc d’York. Un symbole fort. Ce titre, son père George VI l’avait porté avant de devenir roi. L’affection devient héritage.
Andrew accumule les scandales. Les plaintes affluent. La reine est alertée. Mais rien ne bouge. Andrew Lownie tranche : l’attachement maternel aveugle la souveraine. Et le silence devient une protection.
Le 21 octobre, tout bascule. Les mémoires posthumes de Virginia Giuffre éclatent. Andrew est de nouveau accusé. Sous pression, il renonce à son titre de duc. Jeudi, Charles III tranche : Andrew perd aussi son titre de prince. La chute s’accélère.
En avril, Virginia Giuffre met fin à ses jours. Son nom, déjà gravé dans l’affaire Epstein, devient posthume. Elle accusait Andrew de trois rapports sexuels imposés, sous emprise.
Epstein orchestrait, elle obéissait. Andrew, nie, toujours. Mais les mots de Giuffre résonnent plus fort que les démentis. Et dans le silence qui suit sa mort, la vérité cherche encore à s’imposer.
– William intransigeant –
Andrew et Charles, nés à presque 12 ans d’intervalle, n’ont jamais été proches. Mais plus qu’à Charles, la chute libre d’Andrew semble tenir à l’intransigeance du prince William, fils du roi apparemment déterminé à jeter son oncle aux oubliettes de l’histoire.
Andrew renonce à son titre. Mais William ne cède rien. Il fait savoir qu’il n’est pas satisfait. Et qu’Andrew sera exclu de son couronnement. La rupture devient publique.
Les négociations avec Buckingham Palace pour qu’il abandonne sa résidence de Royal Lodge à Windsor se sont accélérées, pour aboutir jeudi à l’annonce par Buckingham Palace de son déménagement pour une résidence privée à Norfolk, à quelque 180 km au nord-est de Londres.
William refuse la proximité. Kate aussi. Leur famille ne vivra pas près d’Andrew. Le manoir de Windsor reste fermé à l’oncle devenu radioactif. La monarchie trace ses lignes.
– Le scandale s’invite au Parlement –
La pression est également montée au Parlement pour lui retirer ses titres, avec les dernières révélations ayant entouré la sortie du livre de Virginia Giuffre.
En 2011, Andrew aurait notamment demandé au policier chargé de sa sécurité de chercher des informations sur Virginia Giuffre susceptibles de la discréditer.
Et la brebis galeuse de la famille royale aurait hébergé en 2006 à Royal Lodge, pour le 18e anniversaire de sa fille Beatrice, Jeffrey Epstein, son amie Ghislaine Maxwell et Harvey Weinstein, l’ex-producteur de cinéma américain emprisonné pour viol. Une photo d’Epstein, Weinstein et Maxwell dans les jardins de Royal Lodge à cette occasion a largement circulé dans la presse.
Lundi, une visite de Charles dans le centre de l’Angleterre a été perturbée par un homme qui lui a crié: « Depuis combien de temps saviez-vous pour Andrew et Epstein? Avez-vous demandé à la police de le couvrir? »
Si le perturbateur a été rabroué par la foule tandis que Charles restait de marbre, les images sont passées en boucle à la télévision britannique.
– Menace pour la Couronne –
Plus grave peut-être pour Charles et William, des députés britanniques envisageaient, avant l’annonce de jeudi soir, d’organiser un débat sur le scandale Andrew, du jamais vu dans l’histoire du Parlement.
Preuve de la gravité de la menace pour la Couronne, certains à Buckingham Palace osaient même pointer le rôle d’Elizabeth II dans cette débâcle.
« Il me semble que la reine Elizabeth a beaucoup à se reprocher », déclarait récemment au Sunday Times une source au palais. « C’est comme si elle avait laissé une bombe à retardement à Charles. Tout le monde disait toujours que la reine était très consciencieuse, et elle l’était, mais là, elle a gravement manqué à son devoir ».
Source: Agence France-Presse














