La première phase de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s’achève samedi sans aucune certitude sur la deuxième, censée aboutir à une paix durable dans la bande de Gaza.
Selon les termes de l’accord négocié via la médiation de trois pays — Qatar, Egypte, Etats-Unis — la première phase de 42 jours, qui a débuté le 19 janvier, prévoyait une pause dans les combats et la libération de 33 otages en échange de quelque 1.900 prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Des experts estiment que cette phase sera probablement prolongée, car c’est le scénario privilégié par Israël, en position de force.
Que se passera-t-il samedi?
« Une chose est sûre, la deuxième phase ne commencera pas demain (samedi), mais le cessez-le-feu ne sera probablement pas rompu non plus », a déclaré vendredi à l’AFP Max Rodenbeck, analyste pour l’International Crisis Group.
L’Egypte doit accueillir une nouvelle série de pourparlers où l’avenir du cessez-le-feu sera décidé.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a envoyé jeudi une délégation au Caire, « pour faire avancer les négociations, afin de ramener nos otages chez eux », a déclaré le porte-parole du gouvernement, David Mencer.
Le scénario privilégié par Israël consiste à faire libérer davantage d’otages de Gaza, dans le cadre d’une prolongation de la première phase du cessez-le-feu, plutôt qu’une deuxième phase, a déclaré jeudi le ministre de la Défense, Israël Katz.
Sur les 251 otages enlevés lors de l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, 58 sont toujours retenus à Gaza, dont 34 sont morts, selon l’armée israélienne.
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Pour Amit Segal, journaliste et commentateur politique israélien proche de M. Netanyahu, Israël est plutôt favorable à une « prolongation de l’accord pour une semaine supplémentaire ».
De son côté, le Hamas a réitéré à plusieurs reprises sa « volonté de s’engager dans des négociations sur la deuxième phase » et a déclaré vendredi ne pas être disposé à prolonger la première.
En revanche, le Hamas est prêt à libérer tous les otages restants en un seul échange au cours de la deuxième phase, a déclaré à l’AFP un responsable du mouvement.
Pour M. Rodenbeck, « le Hamas ne sera pas satisfait de prolonger la première phase, mais il n’a pas vraiment la capacité de forcer Israël à passer à la deuxième phase ».
– Les combats vont-ils reprendre à Gaza? –
La première phase de la trêve a mis fin aux combats dans la bande de Gaza ravagée par plus de 15 mois de guerre, à l’exception d’un nombre relativement limité d’incidents incluant des frappes israéliennes et de tirs sur des sites et des Palestiniens considérés par l’armée comme une « menace ».
« Même pendant le cessez-le-feu, le Hamas a planifié des attaques visant des soldats et des communautés israéliennes », a affirmé jeudi M. Katz. Une accusation « sans fondement et trompeuse », a dénoncé le Hamas.
M. Katz, comme M. Netanyahu et d’autres responsables israéliens, a menacé à plusieurs reprises de reprendre les combats et d' »anéantir » le Hamas, en particulier si celui-ci rompt l’accord de cessez-le-feu.
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Pour M. Rodenbeck, ce risque est accru par le fait que le gouvernement américain du président Donald Trump « a en quelque sorte donné carte blanche aux Israéliens pour reprendre les combats s’ils le souhaitent ».
Quels sont les principaux points de friction ?
L’un d’eux reste le couloir de Philadelphie, une bande de terre le long de la frontière entre l’Egypte et Gaza à l’intérieur de Gaza, dont Israël a pris le contrôle pendant la guerre.
« Le maintien d’un contrôle absolu sur le couloir de Philadelphie n’est pas négociable du point de vue de la sécurité », notamment pour empêcher la contrebande d’armes à Gaza, a déclaré jeudi M. Katz.
Pour le Hamas, cette décision est une « violation manifeste de l’accord de cessez-le-feu ».
L’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, qui, selon Israël, pourrait fournir au Hamas des « biens à double usage » destinés à la fabrication d’armes, est un autre point de friction depuis le début de la première phase.
Mais la question primordiale pour une paix durable à Gaza reste le rôle du Hamas dans l’après-guerre.
Si le mouvement s’est dit prêt à confier les questions administratives et civiles à un groupe de technocrates palestiniens, il n’est pas prêt à abandonner le contrôle de la sécurité à Gaza, ce qui est inacceptable pour Israël.
« La fin de la guerre ne peut être approuvée car le Hamas n’acceptera jamais d’être expulsé de Gaza, et Netanyahu n’acceptera jamais, au grand jamais, de mettre fin à la guerre » dans de telles conditions, estime M. Segal.
Source: Agence France-Presse