Junior Ngombe un activiste camerounais a été arrêté à Douala et est détenu depuis mercredi pour « incitation à la rébellion » et « propagation de fausses nouvelles », à la suite de vidéos postées sur TikTok, a-t-on appris lundi d’un communiqué de l’ONG Human Rights Watch qui demande sa libération.
D’après le communiqué, Junior Ngombe, un coiffeur et activiste sur les réseaux sociaux âgé de 23 ans, a été arrêté « devant sa boutique à Douala » par « trois hommes en civil qui prétendaient travailler pour les services de renseignement ».
Selon ses avocats, le jeune homme a été conduit dans une unité de gendarmerie de Douala puis transféré à la capitale Yaoundé, dans les cellules du Secrétariat d’État à la Défense.
Un établissement où HRW signale dans son communiqué avoir « documenté dans le passé le recours régulier à la torture ».
Junior Ngombe, est poursuivi pour « incitation à la rébellion » et « propagation de fausses nouvelles », indique Me Serge Emmanuel Chendjou, l’un de ses avocats, dans un communiqué.
Ses avocats « estiment que l’arrestation est liée à plusieurs vidéos sur TikTok dans lesquelles Junior Ngombe a encouragé la population à s’inscrire sur les listes électorales pour voter à l’élection présidentielle de 2025, a plaidé en faveur d’un changement de régime démocratique et a contesté l’intolérance des autorités à l’égard des critiques », précise HRW.
« Nous sommes des millions de jeunes camerounais qui souffr(ons) actuellement sous le règne du RDPC depuis plus de 40 ans », déplorait mi-avril Junior Ngombe, dans une vidéo qui épinglait le parti du président Paul Biya, au pouvoir depuis 42 ans au Cameroun.
« En 2025, soit on gagne, soit on gâte tout » poursuivait-il, en enjoignant aux autorités de « laisser la jeunesse s’exprimer ».
Depuis son arrestation, nombre de figures de la société civile et de l’opposition ont réclamé sa libération, en reprenant notamment le mot-dièse #FreeJuniorNgombe sur les réseaux sociaux.
Pour HRW, « Junior Ngombe devrait être libéré, les accusations portées contre lui devraient être abandonnées, les droits à la liberté d’expression et d’opinion devraient être respectés ».
Le pouvoir de M. Biya est régulièrement accusé, par les ONG internationales de défense des droits humains, de réprimer toute opposition.
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HRW alertait fin juillet sur « une série de décisions gouvernementales préoccupantes » et « manifestement destinées à museler l’opposition et la dissidence » à l’approche de la présidentielle de 2025 au Cameroun. Comme, notamment, la publication mi-juillet d’un arrêté préfectoral du département du Mfoundi, où se trouve la capitale Yaoundé, menaçant « d’une interdiction de séjour dans le département (…) toute personne qui outrage dangereusement les institutions ou celui qui les incarne. »
Le gouvernement camerounais dénonçait de son côté mi-juillet « la montée des propos injurieux contre les institutions et ceux qui les incarnent », dans la perspective de l’élection.
Source: Agence France-Presse