Vitaliï n’est pas tendre avec Donald Trump: le président américain est un « incompétent qui change d’avis tous les jours », estime ce soldat ukrainien, au lendemain d’une rencontre cruciale avec le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky pour trouver une issue à la guerre en Ukraine.
Debout dans les rues de Kramatorsk, non loin du front, le militaire qui se bat dans l’est du pays décrit cette rencontre au sommet comme « une conversation entre une personne raisonnable et intelligente et des idiots », en référence à l’administration américaine, jugeant que les discussions ne mèneront nulle part.
Quatre jours plus tôt, Donald Trump rencontrait en Alaska son homologue russe Vladimir Poutine, décrit comme le grand gagnant de cette joute diplomatique.
Après ce sommet, les commentaires de l’administration américaine semblaient aller dans le sens de Moscou, exigeant de Kiev des concessions territoriales qu’elle a immédiatement rejetées.
La réunion lundi entre MM. Zelensky et Trump à Washington a elle suscité l’espoir d’une avancée dans les pourparlers de paix, selon les partenaires européens de l’Ukraine venus faire bloc derrière le dirigeant ukrainien.
– Confiance rompue –
Washington s’est engagé à accorder des garanties de sécurité à l’Ukraine, sans donner de détails.
Et la possibilité d’une rencontre bilatérale réclamée par Kiev entre MM. Zelensky et Poutine, malgré les réticences de ce dernier, semble plus proche que jamais.
Mais Vitaliï y est opposé, estimant que rien de « constructif » n’en sortira.
« Il ne faut pas rencontrer un criminel international », assure ce soldat de 45 ans, en parlant de Vladimir Poutine.
« Il a violé tous les accords qu’il avait signés, on ne peut donc pas lui faire confiance », ajoute-t-il, faisant référence au mémorandum de Budapest.
Dans ce traité de 1994, signé après la chute de l’URSS, l’Ukraine avait accepté de remettre à la Russie les armes nucléaires soviétiques stockées sur son territoire, en échange du respect de ses frontières.
« Je crois que si notre génération n’arrête pas la Russie, nos enfants devront se battre, et nous ne voulons pas cela », conclut Vitaliï.
– Bombardements « avant, pendant et après » –
Au lendemain de la rencontre de Washington, les alliés occidentaux de Kiev ont dit vouloir formaliser « d’ici dix jours » les garanties de sécurité pour l’Ukraine afin de prévenir toute nouvelle attaque russe sur ce pays en cas d’accord de paix avec Moscou, selon le président ukrainien.
Sergiï Davydenko, 51 ans assure lui aussi que la prudence est de mise quant à la signature d’un possible traité de paix avec la Russie.
« Beaucoup d’accords ont été signés, aucun n’a été respecté », prévient ce civil originaire de Kostiantynivka, à quelques kilomètres de la ligne de front au dessus de laquelle volent quotidiennement les drones russes.
Il estime cependant à « 50-50 » les chances pour que la rencontre de lundi entre MM. Trump et Zelensky aboutisse à un accord, et préfère « attendre pour voir comment les choses se passent ».
– Espoirs de paix à Kiev –
Dans les rues de Kiev, Anna, qui n’a pas donné son nom de famille, voudrait elle aussi croire à une possible avancée vers la paix après ces discussions.
Mais la Russie « nous a bombardés avant, maintenant, et après la rencontre ».
Elle ne pense pas que Donald Trump puisse être d’une quelconque aide, car il « coopère également avec la Russie », estime cette femme de ménage de 60 ans.
Si Volodar Velykodniy, 21 ans, est lui aussi circonspect quant à un « impact réel » de ces discussions, il y voit quand même du positif concernant les « relations publiques ».
« Nous avons simplement rappelé à la société occidentale l’existence de notre pays, le fait que nous sommes en guerre, afin qu’elle ne nous oublie pas », dit-il.
Ostap Shavel, lutteur et acteur de 32 ans originaire de l’ouest de l’Ukraine, craint lui que la guerre puisse durer « des décennies ».
« Même s’il y a une sorte de gel du conflit, tôt ou tard, il reprendra », conclut-il, sombre.
Source : Agence France-Presse
